Lundi 6 juin 2011
On approche ! Ce matin, nous avons reçu un message sympa de la section de sauvetage en mer Marine Nationale, que nous avions contactée pour annoncer notre venue. Nous avions, il y a 15 ans, et suite à une avarie sérieuse sinon dramatique (un safran cassé, ça arrive souvent aux voiliers, ce truc aussi … ça traine dans l’eau !), apprécié le professionnalisme et la gentillesse de la Marine de Fort de France, toujours à l’écoute des appels de détresse et qui avait fait la liaison entre nous et un ami se proposant de venir nous remorquer. Le jeune militaire chargé de “soutenir” les naufragés ne nous avait pas laissé nous morfondre un moment, appelant régulièrement pour surveiller le moral des troupes. Les dites troupes –surtout Ben et Jessica, qui vivait chez nous à l’époque- étant plus que ravies de l’incident car la rentrée scolaire prévue le lendemain, cela augurait un prolongement de vacances bienvenu. Mais au bout d’un moment, à dériver au grès des vagues, l’inconfort avait eu raison d’eux et à 2h du matin, quand notre ami Alain nous avait enfin trouvé sur l’immensité, en partance pour le grand large, après plus de huit heures à être ballotés et fatigués, la perspective du collège leur apparaissait comme un Paradis.
La journée coule en douceur. Cake aux fruits pour ce soir, cuisse de poulet au grill et pommes de terre vapeur. Pas mal, non ?
Mardi 7 juin 2011
Vent nul, mer croisée. On avance à la vitesse escargot (de mer bien sûr). Pas envie de mettre les moteurs, ni de se faire secouer. Alors, on prend patience, comme disaient nos grands-mères. Luké a entreprit la lecture de la série des bâtisseurs de pyramides de Christian Jacq, et comme tout ce qu’il entreprend, il ne s’arrête que quand il a tout lu ! Il y a 4 livres, il est tranquille pour deux ou trois jours ! Pour se donner du tonus, une petite grillade de filet de boeuf mariné pour ce soir, moi, je préfère le riz au curry. Et la journée est finie. Mon “quart” –enfin, une vague surveillance puisque l’AIS travaille pour nous, finit à minuit, Luké prend la suite: il se lève régulièrement pour contempler un horizon désespérément vide …
Mercredi 8 juin 2011
Petit travaux de couture. Le Lazzy-bag, ou l’Easy-bag (je n’ai jamais su lequel était le bon) s’est déchiré. C’est une sorte de grand sac qui court tout le long de la bôme et “accueille” la grand voile à la descente. Plus de voile qui traine sur le pont, rangement automatique ! J’avais cousu celui de Belle Antille (il faut de la place pour étaler le tissus, c’est un long morceau) mais celui-ci a été fait en Martinique. Le temps l’a usé. Sur un voilier la “garde-robe”, comme on dit, a une durée de vie limitée. Alors, “Lazzy Bag” –sac des fainéants- ou “Easy Bag” –sac facilitant” ? Quoiqu’il en soit, sac indispensable !

Ce soir, Curry de poulet façon Madras, au lait de coco, un pur délice. Et un chalut au loin sur l’horizon dans la nuit: on approche !
Jeudi 9 juin 2011



Luké se lance dans la lecture du stock de nouvel Obs que j’avais mis de côté … depuis 2006. Les nouvelles ne sont pas fraiches mais les vagues, oui…

Quand à moi, je me lance dans un omelette géante champignons-pommes de terre-fromage pour le soir. Une qui tient au corps. Après avoir pris des forces toute la journée grâce à la lecture d’Agatha Christie. Une compilation avec entre autres, “Mort sur le Nil”, “Cartes sur table” et “ABC contre Poirot”. Vivifiant. On y a apprend que, quoiqu’il arrive, une BONNE tasse de thé bien fort arrange systématiquement tout. Sans blague. Et que, hors de l’Angleterre, point de salut.
Vendredi 10 juin 2011
Après une nuit “dansante”, la journée s’annonce comme la veille … en pire ! On se congratule d’être sur un catamaran, car sur les monocoques, ce doit être infernal. On peut vaquer à diverses occupations tout en se tenant d’un main ferme un peu partout. Mais sur un monocoque, je sais que même aller faire un petit pipi relève de l’exploit sur une mer aussi formée ! Belle de Lune vole sur l’eau, il va falloir songer, non pas à prendre un ris de plus, mais à trouver une solution pour ralentir. Sinon, l’arrivée à Fatu Hiva en pleine nuit ne nous dit rien qui vaille. On va zig-zaguer. En plus, ça permet de descendre au vent –aller dans le même sens, c’est plus reposant- un moment, puis de remonter après. Curieusement, Belle de Lune est un catamaran qui remonte très bien au vent, on ne sait pas pourquoi !
Rumba toute la nuit. Luké ferme à peine l’œil. Moi, je passe le temps de mon quart à sortir et observer le vent qui monte, qui monte … Les rafales atteignent les 36 nœuds. Oups. On swingue, c’est la Java du Cata. La Belle nous fait des pointes à 14 noeuds, ça alors, je ne croyais pas que ce fut possible chargée comme elle ! On navigue sur un semi-remorque Américain, les gros, les longs, lancé à pleine vitesse dans les descentes … Impressionnant. Je suis impressionnée … Jeanne qui pourtant, ne se bile pas vite, aussi. Retranchée sur le lit, elle nous appelle d’un “Wourf!” en trémolo dès que nous sommes tous les deux à l’extérieur. On va se partager la nuit, l’un après l’autre pour veiller le bateau. Et rassurer Jeanne !

Au petit matin, Luké me réveille … “Viens voir comme c’est beau !”
Et en effet,
C’EST BEAU !!!!!!
Fatu Hiva, la Baie des Vierges à Hanavavé.
Le coin du Capitaine.
Nous avons fait 1057 miles en 6 jours soit une moyenne de 7,34 noeuds !!!!!
La moyenne générale de la traversée 2958 miles en 19 jours soit 6,48 noeuds
La distance parcourue fut de 2958 miles soit 5475 km !!!!
Je suis très fier de mon destrier !!
BRAVO, bises des ZEN.
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