L'éternité, c'est la mer mêlée au soleil.
Arthur Rimbaud
A première vue, Huahine c’est l’île bénie. A seconde vue, c’est une ile qui cherche à ressembler au Paradis. A perte de vue, c’est une merveille surgit des eaux. Formée de deux iles, Huahine Iti – petite Huahine- et Huahine Nui –grande Huahine- (on s’est sérieusement mis au Tahitien!), entourée d’un lagon turquoise, peuplée d’habitants HEUREUX ! Enfin, ceux que nous avons eu le plaisir de rencontrer nous l’ont affirmé. Et démontré. Mais commençons par le commencement…
La traversée… Oui, un bateau ça bouge. Même un cata. Même par beau temps, on sent les coques tressauter sur les vagues, le léger roulis se transformer en petite suée, pour parfois hélas, finir en vrai mal de mer. Et voilà le résultat…
Une MamyBelle en position de replis, attendant la fin.
PapyBob, qui a pris ses précautions en ce qui concerne le mal de mer (très ami avec Nautamine) se transforme en matelot aguerri…
Un jour et une nuit plus loin… la récompense est à la hauteur des sévices subis.
La passe FAREREA nous amène directement devant le Motu MURIMAHORA, sur Huahine Iti,motu dévoué à la culture des pastèques et des melons. Miam, on va se régaler !
Voilà, le Capitaine a trouvé l’endroit idéal : nous ancrons entre LA, LA et LA !
La vie sur Belle de Lune prend alors son rythme … Chacun selon ses besoins. Et ses envies !
Isabelle s’adonne à de longues séances de méditation face au bleu du lagon,
Robert se plonge dans l’imagination débridée de Ken Follet,
Carine dans la contemplation des perles de Tahiti,
Luké aussi, mais dans un but bassement mercantile,
Et Jeanne a entrepris –et réussi haut la patte- une tentative de séduction de PapyBob, auto déclaré à l’origine “anti-chien”!
Luké sympathise rapidement avec les cultivateurs-pêcheurs-heureux habitants de ce petit coin. Echange de rapalas/poissons divers, cadeaux de fruits et discussions animées autour de quelques bières sur le pont de la Belle plus loin: nous sommes invitées –nous, l’équipage féminin- à visiter l’intérieur du Motu, les champs de pastèques et de melons, et la “vanillère” comme on dit ici.
Deux Potimaras ? Visite à bord.
Equipage féminine au complet, moins Jeanne pour les visites .
C’est solidement encadrées par deux jeunes Tahitiens que nous partons visiter le motu. Jeanne a été laissée prudemment à bord : la grande mode canine en ce moment, c’est le pit-bull. Pas bien méchants, ils ont tropicalisés, à priori, mais bon, on préfère ne prendre aucun risque avec notre pit-bull à nous, qui est de l’espèce lyophilisée.
Gentiment invitées par quelques beaux garçons (ça aide), nous pénétrons dans une grande serre: une plantation de vanille. Pas industrielle mais déjà plus que familiale. Une installation moderne, d’une propreté impressionnante –rien ne traine- et qui nous intrigue au plus haut point. Il faut “prendre attache” de plus près avec nos guides pour comprendre, n’est-ce pas?
La vanille, c’est une orchidée (on y reviendra, comme on reviendra à Huahine!), une liane donc, qui a besoin d’un support pour prospérer et offrir ses belles gousses odorantes. Sur un sol tapissé de toile (une sorte…) des pieds de vanille sont plantés, paillé avec de la fibre de coco, et s’enroulent autour d’une sorte de colonne faite de tiges et remplie de fibre de coco. Chaque pied possède son système d’irrigation.
Le “mariage “ permettant l’apparition d’une gousse se fait à la main, c’est une épreuve délicate, qui exige douceur et précision. Normal, non ?
Mais quand ceci est opéré par cette équipe de choc, on ne doute pas du résultat …Bébé Gousse sera à maturité …9 mois après !
Ensuite, direction les champs de pastèque et de melon. L’eau est une denrée rare à Huahine, enfin, il n’y en a pas autant qu’on le désirerait. Alors il faut ruser avec la chaleur, et les champs de pastèques ressemblent à ça :
Chaque fruit a son petit parasol, son sombrero fait de feuilles tressées, pour le protéger du soleil cuisant et empêcher une perte d’eau trop importante. Même récoltées, et peut-être surtout récoltées, les pastèques sont chouchoutées …
Avec cette chaleur, d’ailleurs, une dégustation s’impose !
Adorables, les cultivateurs nous font goûter aux pastèques et aux melons, un délice… Une discussion s’engage et je découvre qu’un des jeunes propriétaires-cultivateurs a eu une première vie. A Papeete, il était aide-comptable. Et puis un jour, de retour pour des vacances sur sa chère ile, il s’est posé la bonne question: “Mais qu’est-ce que je fais tous les matins dans les embouteillages, pour rester ensuite enfermé tout la journée?”. Et il a repris un domaine fruitier sur le motu. Je hoche ma tête avec conviction. Heureuse initiative! Même si le boulot est dur ! “Aaaaahhh… mais non”, me répond-il. Un peu au début, mais dès que la saison a commencé, il n’y a que le matin, il faut faire le tour et surveiller. Et après “Tu mets le monoï, et tu vas à la plage ou tu vas pêcher”.
Bon sang mais c’est bien sûr. Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ?
Sur le chemin du retour, je demande où acheter des bananes ? Acheter ? Mais quelle drôle d’idée ! Mon voisin, suivi par son pit-bull (un de ceux qui avaient le plus mauvaise mine, d’ailleurs: pas le voisin, le chien) part quelques minutes et revient avec un énorme régime. Avec les pastèques, les pamplemousses, les légumes que Luké ramènera d’une virée avec ses amis pêcheurs, nous remplissons nos hamacs de fruits et de légumes savoureux. Encore plus délicieux car offerts avec tant de gentillesse et de générosité.
Dimanche. Et si on allait à la messe ? Devant le regard légèrement effaré de mes amis qui ne me connaissaient pas cet élan religieux, j’explique que non, je ne suis pas en crise mystique, aucune colombe ne m’est tombée sur la tête. Mais nous avons découvert une façon de pratiquer la religion qui nous touche. même moi la mécréante endurcie de la famille. Luké est aux anges (c’est le cas de dire). Alors pourquoi se priver ?
Allons à Fare, la ville principale de Huahine, pour assister à un office: catholique ou protestant, du premier ou du septième jour, peu importe. Soit, mais comment ? Le réseau de transport n’est pas connu pour son efficacité. Il n’est d’ailleurs pas connu du tout, nous ne verrons pas l’ombre d’un truck ou d’un transport en commun quelconque. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas ça qui va arrêter une troupe fervente. Nous irons à pieds ! Bon, après quelques centaines de mètres sous la pluie, un “bâché” pris de pitié (c’est dimanche) s’arrête et nous transporte à Maroe, au nord de Huahine Iti. On approche de Fare, qui se trouve au centre de Huahine Nui.
Il y a une petite église à Maroe, pomponnée fort joliment pour un mariage. Lequel hélas a eu lieu la veille. Et pas de cérémonie ce jour car tous les officiants sont à Fare pour un évènement important : l’ordination d’un nouveau diacre.
Diable –si j’ose m”exprimer ainsi- il faut s’activer si on ne veut pas rater ça !
La petite troupe reprend courageusement la route … Enfin, nous arrivons à Fare. Gros bourg rempli de touristes : le Gauguin est ancré dans la baie Maroe, entre les deux iles.
Pas de photo de l’ordination. Je résume: belle cérémonie, beaux chants. L’ordiné était ému. Les participants portaient chacun un beau collier de tiare, et à la fin, se sont avancés pour embrasser l’heureux homme tout en lui glissant le collier autour du cou. A la 50è personne, et au 50è collier, le malheureux a failli périr étouffé de joie et de fleurs. Mais qu’est-ce que ça sentait bon !!!!
Bien mais après, il faut repartir… Encore du stop ? Non, Luke prend les choses en main et nous entraine vers le point de rassemblement du Gauguin. Les touristes attendent un “truck” spécial, un mini bus à bancs de bois, qui les ramène au bateau de croisière. Mais nous ne faisons pas partie de la troupe ? C’est un détail que le Capitaine balaie d’un revers de main. Il rassemble son troupeau et donne ses instructions : nous avons la couleur des touristes (si pâle), l’accoutrement des touristes (l’appareil photo!), l’allure des touristes (on s’extasie à tout bout de champs), bref, on est des touristes. Qu’on ne soit pas du Gauguin est une broutille. Il s’occupe de tout. Nous voilà au point de ralliement, attendant sagement le truck parmi nos “congénères”. Une jeune femme de l’équipe du bateau de croisière nous regarde, un peu hésitante. Et questionne Luke car tous les autres, moi y compris, avons pris la tangente et musardons, dos tourné dès qu’elle s’approche. “Oh, vous êtes Français?”, “Oui”. Jusque là tout va bien, j’aurais pu répondre. “Et tu es sur le Gauguin ? Je ne t’avais pas remarqué ? “. Ben tiens, surtout Luke, pour passer inaperçu, il a du boulot. Mais il lui répond avec un franc sourire “Oh, tu sais, il y a beaucoup de Français sur le bateau! “ Ce qui s’appelle s’en sortir en ne mentant pas tout en ne disant pas la vérité. Bravo Doudou !!! On est rentré en bus !!!
Avant de quitter Huahine, nos touristes à nous, Isa, Carine et Robert décident de grimper sur la montagne pour découvrir le point de vue sur le lagon et les récifs. Excellente idée, que pourtant je décline, la montée est rude, mais j’accepte les photos: la vue est couper le souffle, les bleus sont féériques, et Belle de Lune, joliment ancrée devant “son” motu, une merveille !
Belle de Lune devant son motu.
Vue d’en haut c’est incroyable, mais vu d’en bas, c’est aussi quelque chose !!!!
Huahine, en Tahitien, c’est un peu “l’origine du monde” : Hua signifie le sexe, et Hine la femme. Est-ce pour ça que cette ile dégage un tel attrait ? Un retour aux sources de la vie, un cocon où l’on se sent bien, un p’tit coin de paradis…
Et pour finir sur une note moins sérieuse, une devinette !
Pour chaque proposition, une réponse assurée !