mercredi 20 juillet 2011

A NOUS LES LAGONS DES TUAMOTU !!! MANIHI, l’ile aux Perles, le 27 juin 2011

“Chat ki ka kouri dèyè plisiè rat pa ka manjé ayen.” (Proverbe Créole : Les chats qui courent après plusieurs rats ne mangent rien). On perd tout en voulant trop avoir.

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Petit cours de géo pour se mettre en tête la Polynésie Française. Constituée de cinq archipels –tous plus féériques les uns que les autres, bien sûr-, et de 118 iles, elle s’étale sur plus de 4 millions de km carrés. Pour avoir une idée, c’est à peu près la grandeur de l’Europe.

Nous avons débuté par les Marquises, l’archipel le plus au nord en arrivant des Galapagos. On descend un peu, une nuit et une journée de navigation et voilà l’archipel des Tuamotu. Qui a connu une “heure de gloire” dont il se serait bien passée, avec l’installation du centre d’expérimentation du Pacifique –les fameux essais nucléaires, c’était là- dans les années 1960. Au sud, les 14 petites iles montagneuses de  l’Archipel des Gambier. Au sud ouest, les 5 iles des Australes. Enfin, à l’ouest, les Iles de la Société –Tahiti, Moorea et Bora-Bora, pour n’en citer que trois. En route pour Tuamotu, le plus vaste des archipels et ses 76 iles.

 

P1010837 Traversée tranquille, mer calme, et vent dans le bon sens, que demander de plus.

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                                                                                 Carine s’adonne à son activité favorite: la lecture.

Après le départ en fanfare de Fatu Hiva, la traversée jusqu’à Nuku Hiva –une nuit et une journée- a été rondement menée. Carine a rapidement pris ses marques et un rythme tranquille s’est établi, qui nous convient à tous les trois parfaitement.

Passons rapidement sur Nuku Hiva que nous n’avons pas eu le temps ni la possibilité d’apprécier. Le moteur du guindeau est commandé, il sera livré aux Tuamotu, à Rangiroa dans dix jours. Des souvenir de Nuku Hiva ? La visite à la gendarmerie, obligatoire à l’arrivée et au départ: très bon accueil. Et celle à l’Office du Ministère de l’Agriculture pour se renseigner au sujet des paperasses indispensables pour débarquer Jeanne: plus mitigé. Si un chien débarque sans avoir tous ses papiers en règle, il est abattu sur le champs (et sur le trottoir?) par le fonctionnaire zélé. Gloup. On part. Cap sur Tuamotu !!!

20 nœuds de vent, une vitesse de 8 nœuds en moyenne, on file. La vie à bord s’organise. Je fais le premier “quart” de nuit jusqu’à minuit/1h du matin selon la fatigue. Luké prend la suite jusqu’au lever du jour. Carine scrute l’océan durant la matinée. Ensuite, la journée, c’est selon. Qui dort, sieste, lit, surveille: on se succède harmonieusement, ayant des horaires de roupillons décalées. Tout s’enchaine sans que la question ne se pose. Un vrai ballet des Belles et Beau au Bois Dormant. Ou lisant. J’ai installé à nouveau la bibliothèque de “livres choisis” sur la table du carré. Avec une section “magasines de nouvelles sèches” –un tas de Nouvel Obs dont le plus récent a bien trois ans et de magasines de voyages âgés de dix-. Carine est comme une abeille dans un pot de miel et englouti roman sur essai sur magasine. Une question l’angoisse : aura-t-elle le temps de lire tout les livres qu’elle a prévu avant de nous quitter?

Luké pêche un beau thon Yellowfin. Magnifique en photo. Telle une star, il ne restera d’ailleurs avec nous que le temps de la photo. Après une ruse suprême où nous constatons qu’un thon peut admirablement “ faire le mort” au fond d’un seau, puis, profitant d’un moment d’inattention générale, se faire la belle d’un coup de queue digne du Comte de Monte Cristo (si j’ose). Quand on est aussi fort en évasion, on mérite de vivre.

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“Thoudini”, le Houdini des Thons, roi de l’illusion et de l’évasion.

Lundi 27 juin 2011, 8h du matin 

 Sur le bleu profond de la mer, le lagon de Manihi apparait, cerné de turquoise, coiffé des plumets verts des cocotiers: une carte postale en couleurs saturées. Un autre monde après la puissance et la violence des paysages des Marquises. D’une nature tourmentée toute en falaises, hauteurs, pointes dressées vers le ciel, nous sommes passés à un monde de douceur, plat, une terre affleurant à peine au dessus de l’eau, un air languissant sous le soleil. Ici, “tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté”. Il est passé par là, non, Baudelaire ? Ou il avait des visions (ah, ben oui, et on sait comment en plus). Cette phrase, à elle seule, résume les lagons des Tuamotu : pour la volupté, on ne sait pas encore, mais pour le calme et le luxe, pas de problème !

 

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 Un lagon, c’est un cercle ou à peu près d’une eau translucide, cerné de corail à fleur d’eau ou plus, qui bloque l’océan, offrant une petite mer intérieure calme (quoique souvent très ventée car il n’y a rien qui arrête les bourrasques) installée dans le cratère d’un volcan originel. Les bords du cratère s’élargissent avec le temps –des milliers d’années, on ne rigole plus- grâce au corail qui s’y fixe et par endroits la largeur permet la création de “Motus”. Les atolls. Ce sont des ilots, reliés entre eux par le cordon de corail, qui peuvent être habités. Ou tout au moins utilisés pour installer des fermes perlières, des zones de ramassage de noix de coco, des cabanes de pêcheurs. Sur l’eau, ils dépassent - contrairement au cordon de corail à fleur d’eau- et sont recouverts de cocotiers échevelés. Un motu principal, ou deux ou plus, abritent les villages. Une passe - canal d’entrée naturel- permet d’accéder au lagon. Sur Manihi, la passe Tairapa est assez sportive. La Belle remonte un courant de plus de 8 nœuds, à la force du poignet, zig-zague entre les “patates” de corail qui affleurent et file ancrer en soupirant d’aise devant un joli petit motu blanc, vert et bleu. Comme le reste.

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Et voilà. Que dire de plus ?

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Devant le motu Tetarafa …

Le sol, et la plage donc, est constitué de corail brisé. Port de chaussures glamour genre “méduse” ou “squelette”, ou chaussons de plongée,  obligatoire pour nos petits petons tendres.

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Premier bain dans le lagon… Et bien, l’eau est FRAICHE ! Une honte. Soit, nous sommes en hiver. Cela ne nous empêche pas de nous jeter –enfin, jeter, tout est relatif, barboter plutôt- avec joie dans une eau blanc-bleue, transparente comme du cristal. Jeanne participe, à l’insu de son plein grès.

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Le PAHUA ou bénitier.

 Et Luké s’adonne avec ferveur à la chasse aux bénitiers, ces beaux coquillages au sourire violet. Chasse pépère, ledit coquillage s’agrippant fermement au rocher, il ne bouge pas d’un poil. L’ouverture peut être musclée, la bête refusant obstinément d’ouvrir le bec. Fernand, livreur de pain frais, pêcheur, ancien “fermier” de perles, homme de projets (il envisage la construction d’un lieu d’accueil pour les voiliers sur son motu), démontre sa méthode d’ouverture rapide de bénitiers. C’est, parait-il, un délice à croquer tout cru. J’attends, pour ma part, la recette du bénitier cuit pour donner mon avis.

 Dans l’après-midi, un bateau moteur nous rend visite. A bord trois jeunes Paumotu très “Paumotu”: très calmes et souriants. la conversation s’engage. On papote de voyages, d’arrivée, de découvertes. Manihi est le berceau de la perle noire Polynésienne avec la première ferme perlière de Polynésie. Avec la technique du greffage, les résultats avaient décuplé. Il y a encore quelques années, la perle permettait aux habitants de vivre dans une belle opulence, et même actuellement, l’argent ne semble pas être un problème. Avant de partir, Bryan nous fait un cadeau: 3 jolies perles noires des Tuamotu ! Nos premières perles, on est tout émus … et par le couleur des perles et par le gentillesse des habitants. Bien sûr, ils reviendront nous proposer d’autres perles en “troc”. Mais rien ne les obligeait à nous offrir celles-là. En retour, nous leur offrons ce que nous avons : du vin !

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PAEUA, le village principal est à une bonne demi-heure en annexe.

 

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IMG_4311    Le lagon, vu du petit port de Paeua.

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Tout en horizontales, le paysage repose sur l’eau.

 

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Visite du village. Je dirais même de l’unique ou des deux ou trois rues: propres, nettes, précises !

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La plupart des habitants se déplacent avec de curieux triporteurs dont le coffre est à l’arrière. Vélos à trois roues bien stables et permettant des transports faciles. Chaque maison a son jardin, avec terreau importé de Tahiti : le sol n’est que corail en miettes ou ciment pour les rues.

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Nous croisons quelques personnes, souriantes et aimables. Sans plus. Pas d’accueil familial comme à Fatu Hiva. On sent qu’ici les habitants ont l’habitude des touristes en tous genres. On devine des hôtels de bungalows parmi les cocotiers, des chambres d’hôtes plus ou moins luxueuses le long de  baie, enfin plutôt plus... Pas de centre de village. Le “lieu de regroupement” doit être devant la Poste (très important, la Poste) ou sous le manguier. D’ailleurs, une petite visite à l’OPT, l’Office des Postes de Polynésie est nécessaire. Achat d’une carte de téléphone. La porte est bizarre, il manque la vitre : pour aérer l’office ? Pas du tout. La postière, belle et souriante Paumotu, soupire “On a encore été cambriolé cette nuit”. Ben ça alors. Il y a environ 200 habitants et on braque la Poste ! Où va se nicher le grand banditisme. Le butin a pourtant du être maigre vu le nombre de clients. Ah, précision: le Paumotu est l’habitant des Tuamotu, qui parle le Pa’umotu, une variante du Tahitien.

IMG_4324 Du bord du quai, sur la passe: vue sur poissons.

Carine et le poisson de Ahe

          Vahiné de Saint Gély sur fond de lagon… et un poisson local qui a voulu à tout prix être sur la photo !

 

Avec Carine, nous avons entrepris un grand ménage du cata. Entre la traversée Panama-Galapagos, le séjour aux Galapagos, la traversée jusqu’à Fatu Hiva et la semaine passée à Hanavave, pas le temps de nettoyer à fond. Il devient urgent de briquer. Mais sans s’écœurer! Une cabine après l’autre, plafonds, cloisons, sols. Et on passe à autre chose jusqu’au lendemain.

Pêche par exemple pour Carine et Luké. Le repas du jour se gagne en quelques minutes. On choisit : mérou ou taia (vivaneau) ? Selon le choix, le rapala sera d’une couleur ou d’une autre. Et le pire, c’est que ça marche.

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Les pêches du jour : Taia et Mérous.

Et La ciguatera, me direz-vous … hein, qu’est-ce qu’on en fait de la ciguatera ? Car la ciguatera est bien présente dans les lagons de Tuamotu. Certains poissons sont contaminés par un micro-organisme toxique, vivant dans les algues proliférant sur les coraux morts. Déjà, dit comme ça, ce n’est pas ragoutant. La suite n’est pas mieux. Les petits poissons absorbent un peu de poison et sont peu ou pas toxiques, les plus gros mangent les plus petits et sont déjà un  peu plus toxiques, les vraiment gros mangent les moyens gros et sont carrément dangereux. En bout de chaine, le joyeux pêcheur, qui préfère toujours les gros, englouti sa grillade et se retrouve avec au mieux, la “gratte” –démangeaisons et picotements, puis maux de tête et vomissements. Au pire douleurs articulaires, et système nerveux atteint. Charmant tableau qui nécessite un séjour à l’hôpital si possible. Et si il y en a un. A Manihi, comme sur toutes les iles, il y a parfois une infirmerie nantie d’un infirmier dans les lagons fastes. Le pire est que la toxine est accumulative, on est “ciguaturé” pire à chaque intoxication et on devient allergique au poisson pour une période qui peut aller jusqu’à un an. Comment savoir si votre poisson est comestible ? En donner au chien et voir (conseil de Fernand): il sera un peu mal foutu mais pas trop sensible à la ciguatoxine. Mouais. Au chien si il veut mais pas à Jeanne. Alors, demander aux Paumotus (qui en général ont déjà eu la ciguatera plusieurs fois…). Ils savent parfaitement quels poissons sont comestibles, et où. Car pour corser la chose, ça varie: dans un coin d’un lagon ce sera tel poisson et pas l’autre qui sera toxique. Et dans un autre coin, l’inverse. Le mieux est de ne consommer que de petits poissons, pas plus de 30cm, et surtout pas la tête et les entrailles. Pas de soucis de ce côté ! Le mètre à la main, le poisson est mesuré avant grillade. La moindre démangeaison fait l’objet d’une observation attentive…

Et puis finalement, je fais du couscous poulet et du gratin Dauphinois, au moins on n’a pas a mesurer les grains de semoule.

A Manihi, grâce à Fernand, qui trouve dommage que nous soyons coincés à cause du guindeau, Luké va voir Guy, un Français installé depuis 30 ans, mécanicien avec atelier complet, et en plus, Aveyronnais de Decazeville. Quelques bouteilles de Champagne plus loin… le guindeau est réparé !

 

Samedi 2 juillet

Avant le départ, nous prenons rendez-vous avec Fernand à Tahiti: Luké a oublié son chapeau chez Guy et il nous l’amènera en venant à l’Heiva. Baptême des Tuamotu: l’ancre s’est coincée dans une patate de corail. Il parait que c’est normal. Ce n’est que la première fois que ça surprend. Coup de bol, un jeune en partance pour la pêche passe en pirogue. Il plonge et après une rude bataille au cours de laquelle il guide le cata autour du rocher –la chaine s’est enroulée kolé-serré-, la Belle est dégagée. Que préfère-t-il : de l’argent ou une bouteille de Ricard ? Ricard. Il repart aussi sec vers le village avec sa bouteille, oubliant ses projets de pêche. La fête de l‘Heiva commence ce matin pour lui et ses copains !

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Pour nous, c’était hier soir: Champagne pour fêter le lagon, les Tuamotu, le voyage et le plaisir d’être ensemble.

La sortie par la passe est pire que l’entrée. Le courant pousse la Belle comme une branche de cocotier au vent. Le mascaret chahute et nous met en travers. Emotion. Heureusement que c’est court, une passe. Il y a environ 4h de navigation avant d’arriver à Ahe. Il est midi, et pour se remettre de nos émotions, ce sera chou-fleur de France de Manihi cru avec son anchoïade et clafoutis bananes !

 

MANIHI

A Manihi, le temps s’écoule, tranquille,

Comme des perles noires le long d’un fil.

A Manihi on passe son temps, tranquille

A regarder les cocotiers de l’ile.

On vit doucement, on prend bien son temps,

C’est des vacances que l’on passe en rêvant

Dans ce lagon aux reflets bleus changeants

Qui abrite des poissons étonnants.

La bande étroite des motus de sable

Sur des kilomètres, en rond s’étale.

Heureux, on sort le champagne des cales :

Des Tuamotu, cette ile ouvre le bal.

A Manihi, le temps s’écoule, tranquille,

Comme des perles noires le long d’un fil.

Notre catamaran attend, tranquille

Qu’on se lasse des cocotiers de l’ile.

Manihi, les 28 juin 2011,

Carine Kubelec

 

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1 commentaire:

  1. Régalez-vous les copains!!!! ça nous rappelle de bien beaux souvenirs!!!! Avec de si belles photos nous humons le parfum des tiare, celui alléchant des poissons grillés et mieux encore crus au citron vert!!!! N'hésite pas ma belle Marie le pahua est délicieux cru avec du mitihue ou du taioro. gros bisous au Capitaine qui nous semble heureux comme un ume dans le lagon ;)
    Katy et Teii

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