Honoré de Balzac, Physiologie du mariage
Les nuits à Blanquilla
Le léger balancement de notre arrivée s’est rapidement mué en une houle féroce. Dès la première nuit, nous savions que notre histoire d’amour avec Blanquilla avait pris un coup dans l’aile. Restés sur un magnifique souvenir, un ancrage de rêve, luxe, calme et volupté, en 1997, nous avions juste oublié que la saison n’était pas la bonne ! Blanquilla en janvier, mouillage rêvé. Blanquilla en octobre… mauvaise idée. La pluie, bien sûr. Mais la houle, aaaaahhhhh, la houle… Si le vent n’est pas un problème (jusqu’à ce qu’il se transforme en cyclone bien sûr !), la houle soulève le bateau, le pousse par-dessus l’ancre qui se détache et voilà, c’est ainsi que certains se sont réveillés sur les rochers ! Luké dort dans le carré pour palier à cette sinistre éventualité. Notre ancre est peu faible pour le poids de la Belle. Le second jour, Charly nous prête une petite ancre supplémentaire. C’est peu pratique au moment du départ, il faut remonter la première ancre à la main, mais bien rassurant pour le reste. Avec deux accroches, on tient. Pendant notre séjour –six jours- nous recevrons trois ondes tropicales sur le coin du museau, trois jours de pluie à peine interrompus par de timides percées solaires, et trois jours mitigés, entre pluie et soleil. Mais par contre, six jours de houle pénible la journée et carrément infernale la nuit. Pourquoi la houle grossit-elle la nuit ? Je lance la question aux vents et aux météorologistes qui sommeillent au fond de certains d’entre nous. Cette question, et même la réponse, a laissé de marbre nos malheureux amis propriétaires de monocoques. Sur la Belle, avec ses deux coques et son poids (pour une fois bien utile), on tanguait un peu, cette sensation permanente de roulis était pénible mais supportable. Et les nuits, une fois le souci de l’ancre évacué, requinquantes. Par contre, sur Mothaline et Mojito, grand bal était donné. La sensation d’être bercé par une nourrice hystérique et herculéenne. Le matin, nous les voyions arriver, les yeux cernés et la démarche hésitante. L’air un peu hagard de qui aurait eu la bonne idée de dormir dans une voiturette de montagnes russes (en action !). Enfin, qui n’ont pas dormi d’ailleurs. Un café sur Belle de Lune, presque sans tressauter, pouvait ainsi sauver une vie ou tout au moins un moral… Charly, à bout de nerfs certains après-midi demandait refuge avant de devenir fou. Il a essayé de multiples techniques pour au moins dormir la nuit. La position en étoile de mer sur le lit : n’empêche pas de se retrouver collé au plafond. La position couchée à même le cockpit, à l’extérieur, bien coincé et entouré de coussins: roulades assurées et sauts de carpe. Un matin il nous a raconté avoir transformé son carré en « Rubikube », chaque objet amarré avec un autre, si on en bouge un, il faut défaire un autre, ce qui entraine un troisième... mais au moins plus rien ne passe à la vitesse de la vague d’un point à un autre : une poêle, un verre, le panier de fruits…
L’idée originelle était de passer une ou deux semaines tranquilles, devant cette île désertique aux fonds “giboyeux” à souhaits et magnifiques à regarder. Là…nous pensons vite partir pour un lieu plus abrité –Les Roquès, vers l’ouest! Mais la succession d’ondes tropicales arrête un peu les ardeurs. Le cata, compte tenu de son poids et de sa taille, serait un peu agité (et quitte à être secoués…) mais les monocoques vivraient de durs moments. Deux voiliers décident de repartir sur Margarita, dans la baie bien protégée de Porlamar: Jean-Yves alias César, et Rosalie sur Alizé, Joël et Mandy sur Jomandy. Retourner sur nos pas ? « Non, non, nous on avance » s’écrie en chœur le « Village Gaulois », aussitôt surnommé ainsi par César qui voudrait bien s’autoproclamer imperator de la flottille mais qui a oublié que nous descendons tous de Vercingétorix !
Ah, ah, ah….Elle est excellente celle-ci car sur ces trois irréductibles voiliers, et ses cinq équipiers, deux ont des ascendances Italiennes, une Alsacienne, et un seul Aveyronnais (Auvergnat donc !). pourrait prétendre… Le dernier, égaré, vient du « neuf-trois » comme on dit maintenant mais sa mère était Bretonne ! Ah, mais….
A tout hasard, on change de baie. Un léger mieux, et c’est plus joli, une plage emplumée de deux palmiers royaux –pas trois, deux !- les seuls arbres de cette île.
Les jours à Blanquilla
La houle laissant quelques répits la journée, la vie s’organise entre deux averses et orages. Les fans de mécanique réparent le moteur de l’annexe, qui fait semblant de fonctionner pendant quelques temps avant de nous faire un nouveau malaise. Charly désespère. Nous aussi. Il a un nouveau souci, son mât bouge ? Fausse peur, il bouge depuis toujours, sinon, il serait tombé depuis longtemps !
Son assistant éponge son visage pendant la délicate opération
Et qu’il pleuve ou non, il faut l’essayer “in situ”!
Et nous retrouvons avec plaisir Jean-François, dit Jef, faux Québécois et vrai Français, que nous connaissons depuis 1993. Participant actif de toutes les fêtes organisées chez nous : c’était la grande époque du méchoui dans le jardin, une fois par trimestre, des « Chanter Noëls » entre Toussaint et le 25 décembre, des soirées festives en tout genre. Nous nous sommes souvent revus ces dernières années en Martinique ou à Grenade. Il voyage seul sur son voilier en acier qu’il s’est construit. Et il passe la moitié de l’année au Venezuela, en particulier à Blanquilla. Avec Michel et Charly, ils entrainent Luke (qui a acheté un fusil sous-marin mais n’est pas fan de chasse) à des hécatombes de carangues, pagres et autres poissons-soleil. Luké me parait plus enclin à admirer les poissons qu’à les embrocher sur son harpon. Mais on a notre grillade tous les jours car les pêches se partagent, et nos amis sont généreux !
Bien équipé, l’animal.
Le matin, les chasseurs partent, équipés de pied en cap : fusils, combinaisons de plongée, ceintures de plomb, bouées, couteaux…et détermination ! Michel, Charly et Luké aiment retourner à la Maison de l’Américain, le coin a l’air poissonneux à souhait... Francine et moi, restées à la grotte, pardon aux bateaux- sommes censées nous consacrer au « tâches féminines ». Je me tâte mais bon, ça ne bouge pas trop sur la Belle. Et il fait soleil : je saute sur l’occasion qui se fait rare ces jours-ci de lancer une lessive « Programme Eco » (sauvons la planète et notre dessalinisateur) grâce au lave-linge Beko, le lave-linge qui fait votre linge beau ! Les rituels de base ensuite : brossage de Jeanne, coup de balai (pas le courage de sortir l’aspirateur). Et si je faisais des yaourts puisque le soleil brille ? Mes petits pots remplis, je les installe dans un bac avec un fond d’eau tiède, puis dans un sac plastique noir, enfin dans une couverture sombre. Et au soleil pour la journée. Enfin, au soleil tant qu’il y a du soleil ! Une autre idée me titille. Je vais tenter mon premier essai de pain de maïs ! Allez, on part sur un tiers de farine de blé et deux tiers de farine de maïs blanche. Une bonne cuillère à café de levure de boulanger, un peu de sel et de l’eau tiède. J’essaie le pétrissage en trois fois, avec repos de 15 minutes entre chaque. Le tout bien réglé, avec un minuteur ! Je façonne une petite couronne bien mignonne. Le four est chaud et je n’oublie pas de « l’embuer » en jetant un verre d’eau dans le plat à four. La cuisson est à revoir, le centre de ma couronne est encore un peu collant mais ça croustille sous la dent. La farine de maïs a une texture spéciale (et encore, j’ai pris la farine blanche, la prochaine fois j’essaie la complète, la jaune !). Et un goût particulier. Mais c’est bon, enfin, j’aime, Luké un peu moins.
Ce jour-là, les chasseurs sont rentrés pile au moment où LE grain de la journée se déversait sur nos têtes, nos voiliers, nos annexes. Le retour a été un peu épique puisque la houle s’est reformée de plus belle. Juste le temps de rentrer le linge presque sec, les yaourts presque faits et c’est le déluge. Le vent monte à 40 nœuds ! Devant nous, Mojito saute sur les vagues comme un bouchon et je vois Charly qui surveille son ancre de près.
Le truc nébuleux, c’est l’avant du bateau sous l’orage
Entre deux vagues, on aperçoit Mojito
Qui saute de plus en plus près…
Charly dans un shaker
Cette houle rend chaque incursion hors du cata délicate. Jeanne va en faire les frais un matin. Après sa petite promenade de santé, elle se cale au fond de l’annexe pendant que Luké lutte pour remettre l’embarcation sur les flots, disons, impétueux. Là, une vague scélérate se déverse et notre Mogwaï réapparait au milieu de l’écume, genre serpillière à poils noirs. Le regard est sombre, l’agression a été brutale. Depuis elle se méfie et évite de trop aller vers l’avant de l’annexe quand ça bouge…. Lundi 4 octobre 2010
La houle se calme. Les monocoques s’agitent encore mais il semblerait que le temps revienne au beau. Tant mieux, ce matin c’est visite guidée de l’île organisée par Jef. Sans sa filleule Jeanne car l’île est une jolie galette de broussailles, tapissée de cactus féroces et sournois. Le chien d’un bateau voisin est revenu la démarche en crabe, avec quelques belles épines plantées dans des endroits forts sensibles pour les mâles. Jeanne, avec son allure ras du sol, serait vite déguisée en porc-épic.
Les annexes sont hissées sur une jolie plagette de sable farine et en route à travers cette végétation aride à la recherche des… ânes sauvages de Blanquilla ! La faune locale est originale…Et peu fournie. Dans les palmiers, au petit matin les perroquets verts s’égosillent. Lumineux et braillards, ils s’ébrouent, se disputent, scènes de ménage, taloches aux petits, dans une cacophonie qui ne va pas du tout avec leur aspect « Bel Oiseau ». J’aperçois aussi une buse qui nous observe. Avec les ânes, les petits perroquets et les buses, la faune se réduit semble-t-il, aux lézards habituels, iguanes timides et oiseaux de mer.
Les consignes ont été strictes pour le Safari-Photo-Anes: pas de sandales ou de tongs mais de solides baskets ou chaussures de randonnée. Luké a mis la main ce matin sur deux vieilles paires de baskets que j’avais oubliées au fond d’un coffre, j’ai mis la « moins pire » et poussée pour une fois par un sens pratique que je ne me connaissais pas (en ce qui concerne les vêtements adaptés aux situations…) j’ai sorti de l’armoire un pantalon en toile. Joli, quand même, d’un beau vert tendre avec des broderies emperlées (mon amie Dany de Sète reconnaitra le sien !). On ne se refait pas.
Derrière la plage, un petit lac (ou une grande mare) d’eau saumâtre est le point de rassemblement des ânes : les berges sont constellées de crottin et de traces de sabots. Ah, ah…on est sur la piste ! Mais avant il faut se battre avec les mini-cactus armés de maxi-épines. Petits, entre 10 et 20cm, en boules ou en galettes sur le sol, il y en a partout. Nous marchons le nez en bas pour les éviter. Je préfère les grands cierges, au moins on les voit de loin. La jungle s’épaissit par moment. Pas de grands arbres mais de grosses broussailles épineuses. Accueillant comme coin ! Enfin, la récompense arrive. Luké aperçoit deux grandes oreilles au dessus d’un buisson…puis deux autres… Ainsi groupées par deux, ces oreilles ne peuvent appartenir qu’à nos ânes. Petits ânes aux oreilles immenses. Gris ou marron, il y a une famille avec deux mâles guetteurs et protecteurs, des femelles et un ânon tout beige. Une peluche. Les mâles font leur boulot : ils tournent autour de la famille de façon à se mettre toujours entre nous et les femmes et les enfants ! En poussant des cris particuliers –plus du hennissement que du braiement- que nous traduisons vite comme menaçants. De toutes façon, pas question de s’approcher, ou de leur faire peur. Le plaisir, c’est de les observer, les regarder trottiner et les photographier. Et surtout de les laisser en paix dans leur univers. Je reste un moment face aux deux mâles (bon, 50 mètres environ nous séparent !), yeux dans les yeux…Plus exactement, je fixe leurs grandes oreilles et leur dit mon admiration. Ils sont beaux !
Tiens, des visiteurs…
Comité de vigilance
La peluche
Il est beau, non?
Oui, très beau, ou très belle d’ailleurs…
Nous traversons ainsi une partie de l’île jusqu’à la côte au vent. C’est la Pampa! Sec, aride même, la végétation se protège en se dotant de redoutables épines pour retenir le peu d’eau qui tombe du ciel (en temps normal!. Les cactus ont des épines, les arbres ont des épines, les broussailles ont des épines, il faut se garder de l’ennemi au sol, en hauteur, de tous côtés. Couleurs neutres de paysage tourmenté, qui semble s’être mis en arrière plan, laissant la vedette aux plages et à la mer. Pourrait s’ensuivre tous les qualificatifs habituels: mer émeraude, turquoise, cristalline, transparente et j’en passe et des pires dans le poncif. Vous ferez votre choix!
C’est plat…
Sec…
Voire desséché…
Et le vent décoiffe toujours dans le même sens!
Joli, piquant mais joli.
Un arbuste fleuri!
Avec des fruits bizarres, je vais regarder dasn mon livre ce que c’est
Et puis on découvre “ça”…
Tout à coup, entre deux buissons, une plage, dominée par des falaises de roche volcanique noire apparait. Falaises trouées, effritées, battues par les flots rageurs. A l’aplomb de la plus haute, une construction à l’abandon. Qui devait devenir un restaurant, bar et hôtel. C’est la Maison de l’Américain. La légende dit que cet homme tombât amoureux de l’île. Pilote et possédant un avion, il fît une piste d’atterrissage et apportât le matériel pour construire son rêve. Puis fût interrompu par la maladie et repartit. D’autres versions moins romanesques parlent d’argent de la drogue et de maffia. En attendant, l’endroit, surplombant la côte déchirée, est impressionnant. La mer a creusé une trouée dans la falaise, on s’attend presque à y découvrir les pendus de « Pirates des Caraïbes ». La roche est friable, légère et trouée comme un gruyère. Régulièrement, de grands fossiles marins forment des vasques striées magnifiques. Le vent balaie la construction posée au bord de la falaise. J’imagine une ambiance genre « Les Hauts de Hurlevent » au moment des belles tempêtes d’équinoxe !
Plage de l’Américain
L’arche creusée par les flots
Fossile de belle taille
Au bas des falaises, l’eau turquoise est d’un tel transparent que nous assistons à une grande chasse : un groupe de Tarpons – le plus gros dépasse deux mètres- est au supermarché. Autour des gros poissons un halot argenté se déplace par à coups. C’est un banc de petits poissons qui évite les prédateurs comme une seule entité et non une multitude de poissons. Nous admirons et la vélocité des petits et la beauté des gros. Immangeables et in chassables parait-il mais superbes
Le retour se fait en longeant le pied de ces belles falaises, au bord de l’eau, dans l’eau, crapahutant sur ces centaines de rochers rongés et tombés au fil du temps. Bien sûr, mes superbes baskets en toile, déjà un peu décollées (bien cuites en fait !) s’effilochent, se déchirent et la semelle devient indépendante. Pratique…Impossible de marcher sans chaussures car les rochers sont pointus et tranchants. Et glissants. Luké en bon cordonnier me fabrique un beau godillot à la poulbot, le lacet enroulé retenant la semelle au pied. Ses baskets à lui aussi sont en perdition, les doublures de semelles se sont envolées au grès d’une vague. Il va falloir songer à nous équiper pour les promenades ! Ben voilà…
Les derniers mètres se feront en courant sur la plage, pieds nus. Un grain bien noir est arrivé à toute allure et les premières gouttes s’écrasent autour de nous. Le grain habituel, avec une pluie cinglante et drue. Mais ce ne serait rien s’il ne fallait pas pousser les annexes dans une mer qui commence à se démonter, grimper en danseuse et retourner aux bateaux… La houle s’est à nouveau formée et de belles vagues nous cueillent par brassées. Je saute à l’avant de l’annexe, et fais le dos rond. Je dois avoir la même allure que Jeanne avant-hier matin, les cheveux trempés, attendant l’assaut suivant. Les vagues passent en trombe au dessus de ma tête. L’eau est chaude, au moins 30°, voilà une consolation ! L’embellie a été de courte durée. Jef a eu une très bonne idée de nous proposer cette promenade ce matin car ensuite le cirque a repris. Pour nous, c’est pénible mais les amis sur les monocoques reprennent le rodéo. Le grain est puissant et dure un bon moment. La nuit sera agitée. Mais si nous, nous dormons mal pour cause de roulis, les autres ne dorment pas du tout. Je ne regrette pas d’avoir un catamaran !
Fin d’après-midi, Luké se fabrique un porte-couteau maison pour le poignard de Jack Sparrow qu’il a nettoyé et affûté. Il fait à nouveau soleil mais la houle reste assez forte. Depuis ce matin, trois lanchas sont venues ancrer près de nous, deux sont parties et la troisième est carrément à quelques mètres de la plage, derrière les rochers avec un bout en terre (accroché par une ancre sur la plage, quoi !).
Mardi 5 octobre
Surprise : la barque de la Guardacosta vient faire un tour. Les Guardacostas, bien sanglés dans leurs gilets orange de sauvetage sont accompagnés de deux chiens (pour la drogue ?) qui n’ont pas l’air d’avoir le pied marin. Après être passé voir les marineros de la lancha, ils se dirigent…vers Belle de Lune. Ciel, quelle idée ? Luké leur demande si c’est vraiment le bon jour pour une visite amicale mais de contrôle. Si, si…Et le cirque Pinder se met en marche. Impossible d’accoster avec leur barque en bois (Y ma pintura ? Cuidado a ma pintura ! Luké s’époumone dans le vent). Les gardes décident alors de passer par notre annexe. Idée intéressante mais double handicap ! Des Guardacostas voltigeurs ? Pas vraiment…Chaque vague un peu forte a soulevé la jupe arrière de la coque bâbord et déversé des litres d’eau dans ladite annexe. Les deux hommes se retrouvent donc d’emblée avec de l’eau aux chevilles, et commencent par écoper. Bien. Puis le plus téméraire tente le saut de l’ange avec récupération sur la jupe de la coque. Mais son camarade resté en arrière se retrouve, lui, propulsé les quatre fers en l’air au fond de l’annexe (le remous !), trempé jusqu’à la taille. Dégoulinant, le premier s’agrippe au cata et monte, brandissant haut son carnet déjà bien mouillé… Sans perdre de temps, vérification rapide (oh, très rapide…) des papiers du cata, il écrit encore plus vite sur un imprimé le nom du bateau, et déclare que tout est bon, on est enregistré. Le salut est dans la fuite. Les chiens ne mouftent pas, Jeanne non plus, les autres Guardacostas font la danse de Saint Guy sur leur dinghy…Je crois qu’ils ne visiteront pas un autre voilier aujourd’hui !
Voilà plus de cinq jours que nous sommes à Blanquilla et cinq jours que nous tanguons. La cata est assez stable et à part le fait que ça bouge un peu trop, pas de quoi se plaindre (sauf que je commence à avoir des courbatures à force de compenser !) mais les monocoques ne peuvent rien faire sans se tenir, tout tombe, et il leur faut presque se sangler pour dormir. L’idée de partie aux Roques plus vite que prévu se précise. Contact avec Mothaline : Michel et Francine nous suivent si on part demain, mais eux préfèreraient partir jeudi. Charly aussi. Il est vrai que nous, sur la Belle, ne souffriront pas trop d’une navigation sur mer formée et houleuse. Mais eux…Ils préfèrent attendre jeudi quitte à perdre du vent.
Les soirées à Blanquilla…
Se passent sur Belle de Lune souvent ! Un moment de calme dans la furie du soir pour les amis des monocoques. Francine et Michel nous invitent pour un apéritif sur Mothaline qui se passera… sur Belle de Lune ! Ils arrivent avec le nécessaire, Luke a préparé carangues et pagres en papillotes.
Je découvre aussi qu’en matière de poissons, je n’aime pas que le thon et la Daurade Coryphène. Il y aussi un joli rouge qui s’appelle fort adéquatement « Poisson Soleil ». Chair blanche mais ferme, goût fin, tout pour plaire, le pauvre. Et après un essai manqué (le premier était mou…), la carangue me plait bien. Bien sûr, le Pagre est un délice : c’est vrai !
Le jour où nous avons senti des écailles nous pousser sur le corps et nos yeux lancer des regards de merlan frit, un repas « Spécial Lomitos » s’est imposé. Luké a sorti sa scie à métaux et le soir ce fut grillade fondante de filet de bœuf avec Charly. Et oui, mes tendances végétariennes en ont pris un coup. Mais comme on se l’économise le Lomito, on ne fera pas de mauvais cholestérol !
Pêche du soir…
Voilà plus de cinq jours que nous sommes à Blanquilla et cinq jours que nous tanguons. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes au milieu de l’océan, à peine caché derrière une galette balayée par le vent, où deux palmiers ont réussi à pousser, et qui n’offre aucun abri en cas de mauvais temps. L’idée de partie aux Roques, immense lagon protecteur, plus vite que prévu se précise.
Enfin, le 6 octobre au soir, apéritif soupatoire de départ. C’est décidé, le temps se calme et demain départ pour les Roquès. Pour fêter la nouvelle, grand rassemblement sur Belle de Lune. Francine apporte le Taboulé, Charly manie la Thonade comme un chef, je fais un gâteau épicé au yaourt. Le tout glisse entre pastis (pour les amateurs) et vin rouge (ah ça, oui !). La houle s’est un peu calmée…
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