dimanche 10 octobre 2010

SAINT TROP’ ? NON, LOS ROQUES LE WEEK-END! du 07 au 10 octobre.

 
Horas non numero nisi serenas  (Je ne compte les heures que si elles sont sereines )
Francisqui et Gran Roque
Personne ne  me croira si je dis que nous avons navigué au moteur! Et bien si. Saison cyclonique, manque de pot (mais pas d’échappement…), ou autre, le fait est là: ”On aurait mieux fait d’acheter un ferry” grogne le Capitaine, dépité devant sa voile qui faseille, son génois qui pendouille et ses moteurs qui ronflent. Le bon côté, c’est que la traversée est très très calme. Vent arrière, 10 nœud. A peine de quoi caresser le cata. La Belle remue du popotin paresseusement, et moi, j’en profite pour lire, écrire, faire des mots croisés aussi bien que si nous étions ancrés. De 9h le matin à 18h30 en fin d’après-midi. L’ancre est mouillée à Francesqui, une des innombrables îles des Roquès.
02-Los Roquès arrivéeMouillage à Francisqui 
03-Los Roquès Ancrage
Gran Roque (le Grand Rocher) vu de Francisqui
Vu du ciel, l’archipel des Roques a une forme d’immense croissant bleu turquoise, posé à 160km au large des côtes Vénézuéliennes. Et ce croissant est constitué d’environ 50 îles ou îlots, la plupart inhabités mais tous consacrés au tourisme! Avec la particularité de ne pas être tous accessibles (officiellement) en même temps: une sorte de jachère pour préserver les fabuleux fonds marins de l’endroit et protéger les oiseaux qui nichent un peu partout. C’est un parc National, pas de chasse sous-marine mais droits d’entrée prohibitifs. Dans les 100 euros par personne pour 15 jours, indivisibles. Mais c’est anormal ça! Payer pour 15 jours si on ne reste qu’une semaine! Et même moins d’ailleurs quand on se retrouvera entouré des yachts de luxe de la nomenklatura Vénézuélienne (ou de la Trafikatura?). Le rebelle qui sommeille au fond de chaque Français s’insurge contre cette attaque à sa liberté! Le même rebelle réfléchit et se dit que si il rase les murs, enfin, les îles, il passera peut-être entre les mailles du filet. L’astuce est simple: pas vu, pas pris. Et si les guardacostas viennent nous voir, la consigne est “on est arrivés hier soir et on vient payer demain”. Demain étant un autre jour, celui de lever l’ancre pour l’étape suivante.
Rebutés par les prix, peu de voiliers sont ancrés. L’intérieur de l’archipel est protégé  par de multiples bancs de coraux et la mer ne bouge pas. Nous goûtons ce calme sous nos coques et autour de nous.
Jusqu’au vendredi matin. Une armada de yachts à étages attaque dès la fin de la matinée. Il en arrive toutes les heures. Ancrés en ringuette devant la plage d’une des îles qui nous entourent, ils préparent à n’en pas douter un week-end d’enfer. La musique arrive par bouffées. La soirée va être agitée. Pendant ces trois jours, nous seront secoués régulièrement  par les “annexes” de ces yachts, qui n’ont rien d’annexes, de vrais petits yachts miniatures, pilotées par des fous du volant, et filant à Gran Roque, la ville principale, pour aller récupérer les propriétaires et leurs amis à l’aéroport. Ces gens-là ne vont pas perdre de temps à naviguer, il y a des équipages pour ça. Equipages qui préparent parasols, grillades, sonos sur les plages. Un soir, pendant que nous aussi nous dégustions notre grillade de coryphène avec Francine, Michel et Charly, une basse vengeance nous a fait ricaner. Au milieu de la soirée, en pleine nuit, nous voyons arriver les lumières d’un de ces yachts qui se dirige vers nous pour s’ancrer. Enfin, il en avait l’intention. Il déboule à toute allure au milieu des bateaux, passe en nous rasant les moustaches et va s’encastrer sur la caye juste à côté… Gnak gnak gnak. Un grand bruit de raclement suivi d’un grand silence. Puis gros coups de moteurs, je pousse, je tire, je fume… Enfin, il se dégage et vexé comme un pou part plus loin se poser. On se doute que ça ne lui fait ni chaud ni froid, ces dégâts, mais comme on est mauvais, on jubile.
Après les jours pluvieux de Blanquilla, le soleil de plomb est de retour! Et la chaleur: 33° dans le carré l’après-midi. Pourtant nous sommes bien isolés…Petit souci dans la Belle: le dessalinisateur tourne à merveille, il ronronne et fait son eau mais…où passe-t-elle? On n’utilise quand même pas 120 litres d’eau douce en une nuit. La réponse arrivera sous forme d’inondation bien sûr. La cuve bâbord avant se remplit alors qu’elle est condamnée. Ben ça alors. Encore un coup des concepteurs qui ont installé des tuyaux un peu partout, dont un qui relie encore la cuve du dessalinisateur à cette cuve. Résultat, la cabine avant est transformée en jacuzzi. Presque 5OO litres à sortir et distribuer car qu’en faire, on ne va pas la laisser stagner sous le plancher. Cette fois, Luké a tout ouvert, tout démonté, remonté et surtout tout bien bouché tous les tuyaux!
05-Gran Roque BienvenueBienvenue aux Roques
06-histoire Anglais
07-histoire Espagnol
Histoire des Roques, en Anglais et en Espagnol
27-Gran Roque
L’aéroport et la tour de contrôle sur roulettes et qui s’abaisse par grands vents…
Dès notre arrivée aux Roques, Luké et Charly filent à Gran Roque bardés de leur ordinateur dans la ferme intention de skyper, téléphoner et écrire avec. C’est un endroit civilisé, un village touristique, il ne devrait pas y avoir de problème. C’est sans connaitre le Venezuela. Touristique, oui, mais façon Amérique du Sud. Cool. L’unique “Cyber-café” leur tend les bras. Les bras mais pas toujours la connexion. Ni la discrétion. L’endroit est disons, “optimisé”: une pièce de 12m2 environ, un comptoir bien coincé et 6 cabines de 80cm de long par 60 de large. Une tablette pour l’ordinateur et une tablette pour les fesses. Gros s’abstenir ou c’est la mort par compression puis par asphyxie assurée. Les cloisons montent jusqu’à 2m environ, ce qui permet de suivre toutes les conversations. La connexion disparait régulièrement et mystérieusement. La jeune femme qui s’en occupe alors se tourne. Derrière elle pend le boitier magique, retenu par quelques fils et qui transporte les précieuses ondes Internetiennes. Quelqu’un crie “Signora, se fue!” et elle remet l’interrupteur en position. Quand ça ne suffit pas, elle explique que là, c’est le satellite qui “se fue” , il est parti, comme ça, sans un mot… Surprenant. Luké et Charly partis, eux, pour une heure ou deux reviendront plus de quatre heures plus tard. Ils ont réussi grâce à leur ténacité (et à Charly qui tentait de faire antenne avec sa boîte de Coca) à recevoir et envoyer quelques mails. Luké, devenu un peu nerveux sur le tard, a préféré carrément téléphoner! Mais téléphoner non plus n’est pas garanti. J’en ferai l’expérience le dimanche en voulant appeler mon père dont l’anniversaire tombe le lendemain. Plus d’une heure pour arriver à avoir la ligne, une connexion très aléatoire mais on a découvert la sensation que peuvent avoir les sardines quand on les “quiche” dans la boite. 
13-Gran Roque Centre de Communication, c’est la petite porte à droite.
Ce jour-là, nous décidons de faire quelques courses. Le supermarché? Au  bout de la rue. Pas compliqué, il y a trois rues et on est sur la bonne. Gran Roqué, c’est un village curieux, mélange de “très rustique” – les rues sont en sable “battu”, l’eau est recueillie dans de grands bidons sur les toits, les fils électriques sont accrochés en grappes autour des poteaux- et de “réserve dorée” pour touristes aisés et riches Vénézuéliens –magnifiques “posadas”, les auberges, accès uniquement par avion, eau vendue très chère car extraite de l’eau de mer par dessalinisateur géant-. Le village a le charme d’une carte postale. Un peu désuète, mais si calme. Pas de problème de sécurité: le premier qui bouge une oreille est repéré instantanément. Pas de voitures (ou peu, pas vu une !). Les maisons sont peintes de couleurs vives mais pas criardes, c’est pimpant! Les fruits et légumes arrivent par lanchas deux fois par semaine, le vendredi parait-il. Et il faut se précipiter car le magasin est dévalisé en deux coups de cuillère à pot. enfin, quand je dis le vendredi, il ne faut pas exagérer: on est au Vénézuéla. Ce qui veut dire que ça peut aussi bien être le jeudi ou le dimanche.
Et là, nous sommes dimanche et il ya un arrivage! Avec une pensée pour Manon, j’achète d’énormes maracudjas, et avec une pensée pour Ben, d’énormes avocats! Et dans ce Supermercado pourvu de trois rayons, je tombe en arrête devant … de la farine de blé! Luké aura son pain quotidien! On prend tout le stock. PLus de 15 paquets à partager avec Charly qui n’envisage pas un petit déjeuner sans sa tartine. Avec le reste, ça fait lourd. Service de livraison? Mais oui…. Et un employé empile le tout sur un diable et nous voilà repartis au pas de course vers le ponton.
09-Gran Roque12-Gran Roque
20-Gran RoqueCouleurs à Gran Roque  
08-Gran Roque
Et il est interdit de se droguer! Non mais!
10-Gran Roque
Concurrence à Simon Bolívar?
14-GR-Ecole
16-GR-Ecole
L’école…”Simon Bolivar”!
17-GR-Ecole
Et la peinture a été commandée par Hugo Chavez.
21-Gran Roque
Citernes pour recueillir l’eau, sur les toits.
23-Gran Roque
Une des trois rues principales.
Spécial Francine
Sculpture en coquilles de lambis?
22-Gran Roque
24-Gran Roque
Livraison
La farine locale est empaquetée, non pas dans des sachets en papier comme chez nous, mais dans des sachets en plastique bien hermétiques et  résistants. Une fine idée des producteurs du cru. savaient-ils que les navigateurs reviennent de leurs courses dans des embarcations pas toujours stables et sujettes à embruns? Grâce à cette sage précaution, la farine est arrivée sèche au cata. Le trajet pour aller de Francisqui à Gran Roqué nous avait pris environ 20mn. Agréable, le vent nous poussait et les vagues nous portaient. Le retour c’est une autre paire de manches: Le vent est de face et les vagues aussi. Si le moteur est trop lent, on enfourne de l’eau. Si il va trop vite, je hurle. On est sur un cheval de bois au grand galop. Chaque descente de vague m’éclate le dos. Francine aussi…Alors, à choisir…Luké baisse le régime, pas trop pour ne pas se transfomer en serpillières mais bon, à l’arrivée, on est trempés et j’ai un de ces mal aux fesses….
dimanche soir, autour d’un merveilleux barracuda au vin rouge, concocté par notre chef, nous décidons de partir le lendemain pour un mouillage tout à l’ouest, en position pour se rendre ensuite aux Avès. Mothaline est d’accord. Francisqui, entre les yachts et les mouches….
04-Los Roquès- Mouche! Tentative de meurtre sur mouches.

Cayo de Agua
Petit trajet (6h) mais prise d’une belle bonite, qui réjouit le Capitaine. Et moi aussi, j’adore.
01-Bonite des Roquès
Nous retrouvons les catamarans Jotaké (la famille et ses trois yorkshire de garde) et Alizé (César et Rosalie). Vardez, avec Christine et Jean, nous avaient déjà rejoint à Francisqui. Regroupement de bateaux Français. Mais ici aussi…il y a surtout des Français! Enfin, dans ce mouillage,il n’ya que des Français! Une semaine chargée s’annonce….
Pour fêter ce superbe ancrage, Le lendemain de notre arrivée, Charly organise sur Mojito un apéro-pastis-pastas. C’est à dire: un apéritif (pastis, donc, c’est fou, ils doivent en avoir des caisses) suivi d’un plat de spaghettis à la crème et au vin blanc. Il ne fait pas dans le léger mais il faut bien ça…Curieusement, il n’y a que les hommes qui boivent du pastis. Les femmes préfèrent l’eau, ce qui est plus prudent sous les 30° et plus, et permet de dire moins de bêtises au bout d’un moment.  Et ça discute, ça papote. En général, les sujets sont immuables: les poissons pêchés, les performances des bateaux, le matériel acheté, chacun défendant becs et ongles ses choix. Avec Luké, on se rend compte qu’il pêche depuis des années, et des beaux spécimens souvent, que nous immortalisons en photos avant de les engloutir. Mais jamais, jamais,  nous n’avons pensé à les mesurer et à les peser! Nos compagnons de voyage sont eux des spécialistes! Chaque prise (un peu grosse!) est soigneusement photographiée, mesurée (au millimètre) et pesée. Ce qui permet de faire assaut de comparaisons. On se sent couillons (je dis “on” car je suis solidaire du Capitaine!), on n’a pas de chiffres. Zut alors. Certains fanas sortent livres pour vérifier les noms des poissons, discutent âprement le nombre de prises en une plongée, et se sentent des âmes d’écumeurs des fonds.
Le lendemain, une rame de notre belle annexe neuve s’est échappée. Consternation. Elle devait être un peu détachée de son socle hier, et on ne l’a pas remarqué. Michel, toujours aussi adorable, va arpenter en plongeant toute la plage, sans résultat. Finalement, Yves et Reine, nouveaux arrivés dans la baie la retrouveront sur les récifs. Ouf! On est bien contents. Ce n’est pas qu’on compte beaucoup ramer mais ça fait tout de suite négligé, une rame en moins. Faisant connaissance de Yves et Reine, nous apprenons qu’ils ont une ancre à vendre. Affaire conclue, nous pourront rendre à Charly son ancre et poser celle-ci à la place.
Nous avons envie d’avancer, on essaie de secouer la petite troupe qui s’endormirait bien dans la torpeur des Roqués. Tout le monde est d’accord pour partir vendredi matin, direction Las Avès, l’île aux oiseaux!!!


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