dimanche 17 juillet 2011

TA AITO VAHINE et TANE , la bonne surprise du 16 juillet 2011, Pointe Venus, Tahiti

“ Conduis-toi au sauna comme à l’église.”   (Proverbe finlandais)
DSCF6960 Sortie d’Apataki
Avant de quitter Apataki, Alfred nous confie deux glacières et du matériel à faire passer à sa fille à Papeete. Les glacières reviendront pleines de produits divers, directs de Carrefour ou du marché, histoire d’agrémenter l’ordinaire du Paumotu bien pauvre en produits frais. Nous partons en fin de matinée, le courant dans la passe devrait être sortant. En effet, il est sortant. Et tout à coup, alors que Luké barre guilleret (presque… il surveille les bords!) le courant s’inverse et devient rentrant. Tourbillons, vaguelettes, la Belle fait un petit travers et se retrouve un peu cul devant tête, le Capitaine jure dans sa moustache, hérissés (lui et sa moustache) du manque de ponctualité dudit courant. Enfin, on se retrouve en mer, et le récif est derrière  nous. On est sortis. 
Pour rejoindre Tahiti, il faut compter environ 24h de navigation. On est opérationnels, les quarts sont prévus : Moi jusqu’à minuit/une heure, Luké jusqu’à 6h environ, Carine en matinée jusqu’à sa sieste de fin de matinée (et oui, notre adorable équipière a gardé son côté jeune enfant avec LA sieste de fin de matinée). Ensuite, dans le désordre et selon l’humeur. Pour le moment, j’ai des envies de pâtisserie. Essais de brioches nature et chocolat. Essai transformé, franchement, elles sont bonnes!
DSCF6953 Un dernier regard sur le lagon turquoise de notre dernière Tuamotu…
Deuxième soir. Après un bon curry poulet-riz-lentilles (le genre qui tient au corps), la dernière nuit s’annonce mouvementée. Le vent forcit peu à peu et le Capitaine se retrouve bien embêté dans ses calculs. Selon la météo, un bon petit vent devait nous pousser gentiment vers Tahiti pour une arrivée les doigts dans le nez en milieu de matinée. Nous, bêtes bien qu’indisciplinés, on y a cru. Et voilà. Avec ce superbe souffle qu’on aurait bien aimé au demeurant, si il n’y avait pas eu cette impératif d’heure d’arrivée, on accostera Tahiti en milieu de nuit. Lagon inconnu, terra incognita aussi, bref, on n’est pas chauds. Alors, au lieu de profiter d’un beau vent constant –un plaisir- à presque 30 nœuds (de quoi faire frétiller la Belle, enfin, un vent à sa hauteur!), Luké prend un ris, puis un deuxième et vers minuit, sentant la terre approcher tel un taureau reniflant la prairie, un troisième. Bref, on arrive triomphalement à la Pointe Venus, recommandé par un voilier que nous avons croisé la veille, avec un mouchoir de poche en guise de voile, vers 4h30 du matin. Mais au moins on évite le récif! Allez, dodo!
Réveil en fanfare. Dans tous les sens du terme. Musique tonitruante, bateleurs, cris de joie: nous sommes au milieu d’une partie –très importante- des fêtes de l’Heiva en Polynésie: la course de VA’AS !
Alors, faisons comme les enfants, d’abord on joue après on bosse: les photos de notre course de va’as, (je dis “notre” car le hasard et la nuit nous a fait ancrer … sur le passage de la course) en premier et ensuite, le cours “Histoire et Culture” tant attendu, je n’en doute pas. Sujet:  Tahiti et les fêtes du Heiva, origines, coutumes, actualités. Tout ça sur le prochain “post” pour parler “blog”, enfin, le prochain épisode, quoi!
Attirés à l’extérieur par les hululements de joie d’un commentateur au bord de la rupture, soutenu par une foule en délire, nous découvrons, stupéfaits, que nous sommes plantés pile poil dans l’alignement d’une course de pirogues. Et que le départ vient d’être envoyé… Depuis que Carine et moi harcelions le Capitaine pour arriver “au moins” le dernier jour des concours du Heiva, nous sommes aux anges. Et au milieu. Les VA’AS, ce sont les fameuses pirogues Polynésiennes à balancier (toujours à gauche le balancier: si quelqu’un sait pourquoi?).
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Un flot de va’as surgissent du fond de la baie…
P1020118 En fait, ils sont déjà partis de la plage, pendant que nous dormions, ont esquivé la Belle (merci!) et galopent vers l’arrivée …
1-course va'a
Aux premières loges de la dernière course des Va’as “Tanes” (homme) et “Vahines”. La course de Va’as, c’est l’épreuve reine des festivités, LE sport pratiqué par tous ou presque. Le Polynésien  n’est pas un fondu de sports divers et variés comme certains sous d’autres latitudes (j’ai du être Polynésienne dans une autre vie) mais pour le va’a, oui ! J’ai du être une mauvaise Polynésienne car, lorsque je vois les efforts et la sueur des concurrents qui rasent les coques du cata à toute allure, j’hésite un peu.
                        P1020090                           En route pour arriver 23è, catégorie “Juniors”, Kevin LEON s’essouffle…
      P1020091                           P1020103  Mike Païrau COLOMBEL, arrivera 24è à la force des bras...      Suivi de Tapatu TUPANA, 35è
P1020108 Et de Raaïamanu STERGIOS, 37è.
Le support familial est présent, fort, encourageant : famille et amis suivent “leur” concurrent de très près, n’hésitant pas, du pont du bateau à moteur sur lequel ils sont juchés, une Hinano ( l’incontournable –et fort agréable, il faut le dire- bière locale) à bout de bras, à prodiguer force conseils avertis …
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Avec Carine, nous nous découvrons des âmes de supportrices. Mais uniquement de supportrices pour les courses de va’as ! Une telle concentration de beaux “tanes” (prononcer ta-né) encourage les vocations, que voulez-vous… Petit florilège.
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De Bora, Teraïmoana TAUARA, sera classé 11è catégorie “Juniors”
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Chris FAREMIRO, 66è en “Juniors”
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P1020079 Gaston TUAHINE, Tahitien blond et 86è
  Et j’en passe… Mais il y en a pour tous les goûts. Et les belles vahines (prononcez donc va-hi-né, mais curieusement là, la plupart des hommes savent le prononcer ce mot) déboulent, doublant même quelques tanes fatigués. C’est que ce ne sont pas des mauviettes, les vahines. Et elles en remontrent à beaucoup, bien que leur groupe soit parti après le groupe des hommes.
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Là, il y en a un qui s’est fait doubler…
L’effort n’empêche jamais chez les dames de se présenter au mieux, et devant l’objectif, le sourire est de rigueur !
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P1020216  Taulu EMILENE, 7è catégorie “Seniors” , et 1è en catégorie “Sourire” !!!
P1020239  Natalia EVANS, venus des Fidjis, classée 19è catégorie “Seniors”. Nous, on la classe aussi 1è en catégorie “Sourire” !
Il faut dire que nous ne ménageons pas nos efforts, nous aussi, pour encourager les concurrentes (comme les concurrents d’ailleurs). Applaudissements, sifflets, cris admiratifs, tout y passe. Si certaines semblent animées d’une volonté farouche, un instinct de guerrière qui vient de loin, on commence à lire la fatigue sur le visage d’autres. Le chemin est long jusqu’à l’arrivée. 
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Effort et concentration récompensés pour Vaïmiti MAONI, va’a vert N°725, arrivée 7è en catégorie “Séniors” .
P1020218Fatigue aussi au retour mais Martine FAN arrivera 4è en catégorie “Master” !
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Isabelle FROUD-CORNAILLE, délégation de la Nouvelle Calédonie , classée 9è en catégorie “Masters”.

Les tanes ne sont pas en reste en ce qui concerne l’effort et la concentration. On les voit passer à toute allure devant nos coques, les pagaies volent comme des allumettes de la main droite à la gauche avant de plonger comme des obus dans l’eau. Impression de puissance et étonnement de la vitesse de ces petits engins flottants!
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N°698, Puna VIRIAMU coiffe au poteau, enfin, à la coque tribord de la Belle, son voisin et se place 80è !
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La course de va’as ne serait pas complète sans une mention spéciale aux quelques valeureux “Popas” –les Blancs- participant. Pas les derniers, en plus. Malgré un handicap certain –aucun ancêtre roi du va’a, pas d’entrainement dès la naissance- ils ont du s’en sortir avec les honneurs!
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Un peu perdus parmi tous ces va’as (643 Tanes, 61 Vahines plus 102 inscrits pour une mystérieuse -pour moi- épreuve dite “Taurus”), nous avons eu du mal à comprendre les catégories de course. Enfin, on a fait la différence entre les Vahines et les Tanes, c’est l’essentiel !  Pour le reste, j’ai cherché la liste des résultats et reconnus “nos” rameurs grâce à leur numéro.
Pour notre première “participation” aux fêtes du Heiva, plongés brutalement au sein d’une épreuve maitresse, on s’est contentés d’admirer. Et d’apprécier. La beauté des gestes, l’effort et le plaisir des concurrents. Et du public rugissant de joie à chaque passage. La légèreté et la fragilité apparente des embarcations. Leur rapidité (quand elles sont bien maniées, je suppose!). Bien sûr, ce ne sont plus les beaux va’as de naguère, tout en bois. Filent sur l’eau des sortes de prototypes en plastique moulés, souvent décorés et tous fabriqués, ou presque, par Timi Va’a ou Va’a Factory. Et tous sans exception sponsorisés par Tua Amok –le Super U local- ou l’eau Royale.  Ce qui change du Venezuela où la fête de la Vierge était sponsorisée par la bière Polar.
Le plus surprenant reste le fait que la Belle se soit trouvée ancrée sur le passage de la course. Et qu’à aucun moment, un concurrent ou un membre des bateaux suiveurs, ou le comité qui tournait comme un essaim d’abeilles, autour lui aussi, ne nous ait fait une réflexion. Je ne sais pas, moi, rien que “Euh…Vous êtes au milieu de la course, vous savez ?”. Non. Tout le monde nous contournait, avec de grands saluts joyeux au passage, et continuait sa route. Essayons d’imaginer la même chose sur un parcours de régates en Méditerranée. Ou pire, en Bretagne. On aurait passé un sale quart d’heure. Obligés de déménager. Ce n’est pas que la course soir prise avec moins de sérieux ici. Bien au contraire. Simplement, c’est un des aspects extraordinaires du caractère Polynésien.
AITA PEA PEA” , il n’y a pas de problème…
  Et maintenant, les résultats des Vahines !
P1020172                Va’a rouge, N° 727, la gagnante catégorie “Cadets” : Mereani MARAKAI, de Bora !
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Utirutireï FLORES, N°2 en “Cadets”.
P1020178 Chloe Ludmilla DEANE arrive 3è en Catégorie “Junior”.
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Du punch pour Healani VAIVAAROA, classée 5è en catégorie “Senior” !
 
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Leïlani WONG gagnante de la catégorie “Masters” (après les Seniors?)

Le temps le plus court pour ces dames: 1h25mn15  (la gagnante catégorie “Seniors”) et le plus long : 2h29mn28 (10è, catégorie “Masters”). Ovation spéciale pour Maria TETOHU qui a accompli le parcours en 1h51mn17 en catégorie “Seniors Master” – super vétérans?-: unique représentante de sa catégorie, elle est la gagnante de sa classe !
Déçue de ne pas avoir photographié (aperçue?) “une éblouissante Hinatéa Bernardino chez les dames” (Article “Sports” des Nouvelles), gagnante haut la rame de la course Vahine, je scruterai mieux la prochaine fois!
Et les Tanes me direz-vous ? Et bien, en voilà un échantillon … tous en catégorie “Juniors”:
3è Manarii FLORES, 3è catégorie “Junior”
P1020057 Tamatoa CHANG KUI qui se la joue “star toujours” arrive 6è

Le gagnant ? Il est passé tellement vite que je n’en ai eu qu’un morceau :
P1020039 Oui, le va’a rouge. Non, pas le tee-shirt rouge (merci Conforama) mais la PIROGUE rouge, N'°610. Il s’agit du 1er “Juniors”: Kevin CERAN-JERUSALEMY , talonné par Moeava TETUANUI, second, catégorie “Juniors”.
Bon, toutes catégories confondues, le gagnant Tane serait un champion d'envergure, le roi de l’Aito, Steeve Teihotaatades. Soit, je veux bien l’admettre, mais alors il a filé tel l’éclair, et on n’a rien vu. Peut-être l’an prochain ? 
 
TE AITO VAHINE et TANE” , c’est donc “La course en pirogue des hommes et des femmes”. Cette course à la Pointe Venus spécialement peut-être, et pas une autre ? Une course en individuels, à l’intérieur du lagon? Il y a des course sur des pirogues à deux places, a trois à … bien plus encore. voire des pirogues doubles. Et des courses en mer, impressionnantes. Mais notre arrivée tardive ne nous a pas permis de voir tout ça, alors je ne parlerai que de ce que j’ai vu ! La course à l’intérieur du lagon n’est pas un long fleuve tranquille même si la course en mer impressionne plus. Cette année Les courses Te Aito Vahiné et Tané se sont déroulés samedi 16/07/2011 (Tahiti) dans des conditions que les rameurs eux mêmes, ont qualifié d'extrêmes. L'Alizé rapide, rabattant les nuages bas sur les versants Est de Tahiti, a donné lieu à des averses qui ont bien rafraîchi les rameurs.” Dixit la presse. En effet, on a été trempés au bout d’un moment par une belle averse. “Le vent de secteur Est modéré à assez fort a soufflé jusqu'à 60 kilomètres/heure près des côtes parallèles aux flux, notamment de Mahina vers Papeete, sur le chemin du retour donc, donnant une mer agitée avec une houle moyenne de Sud-Ouest d'1 mètre à 1 mètre 50.”
Allez ramer sur une pirogue au raz de l’eau dans ces conditions !
 

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