Dengue (prononcer “dingue”): anciennement appelée « grippe tropicale », « fièvre rouge» ou « petit palu», est une infection virale, endémique dans les pays tropicaux. Elle est transmise à l'être humain par l'intermédiaire de la piqûre d'un moustique diurne du genre Aedes, lui-même infecté par un virus de la dengue de la famille des flavivirus .
(Wikipédia)
Que ce soit Mojito ou la Belle, nous aimons voyager “traaaaanquilles”. Pas de stress inutile, éviter le mauvais temps, et se poser le soir histoire de bien dormir. Dans ce but, l’Organisatrice, moi en l’occurrence, spécialiste des bons plans et des préparations non navigantes (il suffit de deux hommes férus de cartes marines, de “tracks” de route, de calculs divers et variés et supputations d’heures d’arrivée, pour ma part, je m’occupe de ce qui se passe quand on arrive!) avait cherché un bon moment comment passer le Cap Horn des Caraïbes en étant en pleine forme. Ces messieurs eux s’occupaient de la météo pour que nous soyons le moins secoués possible au cours de cette navigation délicate. Mais oui, il y un Cap Horn aux Caraïbes! En Colombie pour être plus précis. Un cap avec une réputation de tueur. Le cinquième dans le classement mondial des caps dangereux. Ciel! Que de récits plus dramatiques les uns que les autres avons-nous entendus (et avec justes raisons) sur le passage de ce cap, où les courants sont souvent contraires au vent, qui lui est déchainé. Mazette. Mais que va-ton faire dans cette galère? C’est le seul passage pour la Colombie. Pas le choix, on y va! Préférant des équipages reposés, je fouille, cherche, scrute. Beaucoup partent de Curaçao et embrayent une journée, une nuit et le Cabo de la Vela dans la foulée. Bon. Pas folichon comme programme. A force, je tombe sur un blog où les navigateurs ont fait un arrêt pour la nuit à Montje del Sur. Montje del quoi? Del Sur, car il ya un Montje del Norte, mais qui serait un gros caillou sans possibilité de se poser. Quoique Montje del Sur, à bien y regarder… Le caillou est à peine plus gros, mais il y a un poste militaire, et un tout petit port où il est impossible d’accoster mais où les militaires, accueillants, ont installé un gros câble en travers: les bateaux s’amarrent au câble. Fichtre, du jamais vu. Donc, on va voir! Je ne divulgue que le mois précédent, le câble a cassé et les bateaux ont un peu été bourlingué. Partant du principe que les militaires Vénézuéliens ont du en installer un neuf!
Mardi 7, nos avons eu du VENT! Oh, pas de quoi battre des records: un petit 15 nœuds, mais qui a permis, enfin, de naviguer… à la voile! Et oui, tout arrive. Une mer belle, de jolies petites vagues, idéal. J’ai fait le “quart” jusqu’à 3h30 et Luké a pris le relais pour l’arrivée à Montje del Sur au petit matin. Le drame est survenu peu après le début de son quart, au moment de hisser la grand voile. Un geste de trop et le Capitaine voit ses belles lunettes -achetées à prix d'or en Martinique il y a 11 mois,- filer, direct à la mer. Avant il ne les attachait pas et hop, elles s'envolaient. Là il avait mis un beau cordon, et hop, il a pris un coup de manivelle ras du crane et le cordon s'est pris lui dans la manivelle et hop, à l'eau ... Il se retrouve dans le flou. Il n’y a plus qu’à ressortir trois paires de vielles lunettes, une vision de près, une vision de loin, et une vision nulle mais qui foncent au soleil.Génial. Il est d’une humeur de musaraigne.
7h30. Je sens une agitation suspecte sur le pont. Luké est en train de préparer des amarres, le petit quai de Montje del Sur est devant nous. On s’approche doucement, Mojito reste loin derrière en attente. Il a nettement plus de tirant d’eau que nous bien sûr, donc nous passons les premiers quand l’endroit est suspect. Et pour l’être, ça l’est. Au-dessus du quai, une bâtisse lugubre en béton brut, pas un chat à l’horizon. Où sont les militaires? Arrivé presque à quai, on aperçoit un uniforme, nous supposons qu’à l’intérieur un militaire y sommeille. Mais en tout cas, il n’y éructe pas de joie en nous voyant. Luké fait signe pour demander un coup de main à l’amarrage, réponse laconique d’un geste “Non”. Et il part. Et on ne verra plus personne. Mais où est le câble??? Pas le temps d’être sidérés et par le manque de câble et par le manque de convivialité de l’Armée, le quai approche. Je saute souplement, le bout à la main. Prestement la première amarre est posée. Je n’ai pas le temps de me bidonner comme d’habitude en pensant “Tiens, je viens de frapper l’aussière” , car j’adore les termes marins hermétiques mais poilants) que déjà, j’installe (je frappe!) l’autre. Et là, hurlement du Capitaine: “Décroche!”. Ah??? Moi qui était toute contente d’avoir si bien et si vélocement, malgré l’heure et le manque de café, frappé mes aussières… Surtout ne pas chercher à comprendre. Quoique, l’ayant vu se pencher d’un air dubitatif au-dessus des jupes arrières de la Belle, je me dis qu’il doit se passer un truc pas net de ce côté. En effet, sous les hélices, 20cm d’eau et des rochers: et ça, c’est très net! A ce moment là, je vois le fameux câble, qui en fait se trouve être un vieux cordage en miettes, qui flotte mollement devant le cata. Tout ça, dans un silence (à part le cri du Capitaine!) détonnant, une atmosphère de film d’angoisse: pas un oiseau, pas un chat, pas un militaire… Luké saute pour m’aider à ôter les deux amarres, reprend la barre et machines arrières toutes. Et… et moi???? Pour un peu je restais sur le quai…
Conseil de bateaux rapide à la VHF. Devant l’évidente mauvaise volonté de l’armée Vénézuélienne à nous accueillir, nous partons directement pour la Colombie.
Le vent est avec nous, pas avec Mojito: vent arrière total, il tangue et roule alors que la Belle file droite comme un i … A midi ce sera gâteau à l’ananas !
18h30, l’ancre est mouillée à Bahia Honda, Colombie. Une immense baie, bordée d’un village rudimentaire, désertique, vide. Etrange. Nous n’y verrons personne de la journée. Sauf les Garduacostas qui viennent pour les papiers… lesquels, je ne sais pas car les papiers officiels se feront à Santa Marta? Bon, ils sont gentils comme tout, se mettent en chaussettes pour grimper sur le cata, notent religieusement d’où nous venons, où nous allons et quand. Ah, quand? Pas avant vendredi car le vent est trop fort et la houle aussi. Pour le Cabo de la Vela, il faut calculer 10 nœuds de plus au passage du cap, donc… en considérant aussi les bourrasques, on préfèrerait attendre vendredi, la météo est très calme ce jour-là. En plus, Mojito a perdu les pédales, enfin, son électronique est en panne, il ne sait plus où il va régulièrement. Gênant. Le chef appelle son chef, bon, il va réfléchir. Et aller sur Mojito. La houle a grossi. Impossible d’accoster sur Mojito. C’est donc tout réfléchit car on ne les verra plus…
Sauf toute l’après-midi où nous assisterons à un étrange ballet: les militaires déposant sur la plage de mystérieux colis, des chaise, des paquets… et des villageois surgis d’on ne sait où, surtout des femmes et des enfants, venant les chercher. Non, pas de conclusions hâtives au sujet des paquets! Enfin, ce qui nous intrigue surtout, ce sont les chaise en plastique.
Le vent forcit. La lessive sèche en une demi-heure. Le soir, Charly nous fait son poulet au vin et sa thonnade que nous arrosons d’un petit vin Californien bien agréable. Luké est fatigué. Il a froid, le vent est fort mais aussi très frais…
Il nous couvait une dengue comme je n'ai jamais vu, chez lui en tout cas! Il faisait un vent coulis terrible quand nous avons mangé sur Mojito, il était au courant d'air. Et voilà, il a pondu après couvaison, un truc terrible! A 3h du matin, branle-bas de combat, l’attaque a commencé par un beau 39,5° de fièvre. Ensuite de vendredi à dimanche , plafond à 40 et 40,1°. Bigre, plus de 40°… je n'en menais pas large. Mon Capitaine se liquéfiait au fond du lit. Grelottant, bouillant, tout rouge.. Le vendredi quand j'ai vu que la fièvre montait au lieu de baisser (malgré les Doliprane 1000, jus d'orange frais et même des antibios spectre large, qui n'ont aucun effet sur les virus, on nous l’a dit à la télé, mais qui empêchent d'autres infections, genre pneumonie et autres joyeusetés auxquelles je préfère ne pas penser) on a décidé avec Charly de partir quand même. Au lieu d'attendre dans le désert que ça passe. Cabo de la Vela ou pas, tant pis. Avec mon Capitaine vaseux. Il était dans le coaltar, le Luké. Presque à divaguer. Euh… à divaguer un peu quand même, il avait la parole pas claire! En 3 jours il a trempé 3 paires de draps, 6 ou 7 tee-shirts et autant de serviettes-éponge.
Vendredi 10 à 8h, Charly est venu avec son annexe hisser la grand voile (un os à hisser et une tonne, qu’elle pèse cette voile, a-t-il décrété) et surtout lever les 2 ancres: la deuxième est à la main... Luké était sur le pont, flageolant, je n'avais pas réussi à l'attacher au lit. Mais pas capable de tirer sur un cordage. En route pour le cap pire que le Cap Creu en Espagne!
Mais il est où le Cabo de nos tourments? On a eu vraiment du bol (les derniers à passer il y a 15 jours ont vu les pierres et presque le fond...). Pour nous, pas un brin de vent ni de vagues, on l'a passé au moteur !!! Ouf. Je me voyais mal tenir le thermomètre d'une main et la barre de l'autre. Et empêcher Luké de se lever! Une petite journée de navigation, et on s'est posé juste après dans une baie sauvage pour attendre que le grippé reprenne. La baie est aride,un village de quelques maisons en ciment brut borde la rive. Nous ne voyons personne de toute la journée. Sauf une petite barque à rames, avec trois pêcheurs qui nous demandent “A manger”. On leur donne de la farine de maïs. C’est troublant. Une autre barque nous rapporte notre petit drapeau de la Colombie qui s’est envolé. Luké, réveillé, leur donne un billet de 5 euros, vestige d’une vie passée. Les pêcheurs regardent le billet avec étonnement, et on leur explique que ça équivaut à 7$ US…Aaaah…intéressant! Vers 17h, des barques à moteur, donc des pêcheurs bien plus aisés que les premiers, s’approchent. Ils vendent des langoustes: Charly en achète que nous mangerons le soir, avec une petite mayo-maison. Enfin, nous: pas Luké qui va laisser sa part… et partir dormir.
Samedi 11, je lave draps, duvets, oreillers… Enfile mon uniforme d’infirmière et chaque heure, un verre d’eau, un jus d’orange ou du thé: le malade ne doit pas se déshydrater! Chaque 6h, les anti douleurs et antibiotiques. La fièvre stagne entre 39,5 et 40°. L’homme est abattu, l’œil morne, et la démarche tordue … car perclus de courbatures. Le tableau est sombre. Je n’aime pas… Le dimanche matin, pas mieux, toujours dans les 40°. Et il nous fait en plus la Dame aux Camélias, l'étourdissement, les vaps. Il est vrai que sans manger depuis 2 jours, pour mon Luké c'est l’équivalent d’une grève de la faim de 6 mois pour un citoyen lambda. Décision est prise de mettre le cap dimanche sur Santa Marta, grande ville Colombienne, pourvue en médecin et hôpital. Le choc de cette menace a-t-il eu un effet salutaire? Je ne sais pas mais en tout cas la fièvre est un peu tombée en cours de route, avec des hauts et des bas. Navigation du dimanche 15h au lundi 15h, là c'est moi qui n'était pas fraîche! Luké a voulu faire un quart de nuit, mais au bout de 2 h, il était cuit. Et s’effondrait sur les coussins du carré. Je reprenais le quart… Charly nous avait inclus dans son radar (bien sûr le notre est mort, mieux vaut lui que nous mais c'est handicapant) comme d'habitude et la nuit il appelait quand on croisait un cargo. Et il y en a eu. Il y a un monde fou sur l’eau, dans le coin!
Je ne résiste pas à l’envie de faire un petit “accès de fièvre nautique” à mon tour. Copiant sauvagement un vrai blog marin (un blog de vrai marin?), voilà où nous étions ancrés et les conditions! Pour ceux qui manient Google Earth et ont envie de voir. Et puis, tiens, il faudra que je m’y mette, à indiquer les positions, ce n’est pas une mauvaise idée, non? Si tout le monde le fait… il y a sûrement une bonne raison (j’adore ce genre de raisonnement!).
Donc, voilà : Position du mouillage: 12° 12. 17 N - 72°10. 21W
Mouillez dans quatre mètres d'eau. Fonds de sable. Bonne tenue. Ne pas s’approcher trop près du rivage les fonds remontent
rapidement. Il suffit de mouiller à l’intérieur de la baie à l’abri du cap. Certains bateaux mouillent à la première plage juste sous le cap,
mais l’endroit peut être rouleur
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