dimanche 5 décembre 2010

POUR UN FLIRT AVEC TOI….Curaçao

Spanish Water

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Pompeusement appelé “Le Lagon”, c’est en réalité un étang. Et un étang qui n’a pas été nettoyé depuis longtemps! Vu du ciel, la forme très découpée évoque un fjord aux multiples bras, bien calfeutré à l’intérieur des terres. On y accède par un canal étroit. C’est donc très abrité des cyclones et autres mouvements maritimes désagréables, un coin tranquille. Sauf que d’autres y ont pensé aussi, qui n’aiment pas les courants d’air: notre ennemi juré, le moustique sanguinaire des tropiques. Chassant en troupeau de plusieurs individus en escadron, il s’est associé ici avec une sorte de “Yen-Yen”, l’à peine visible mini-moustique “Tu vois Yen, t’entends Yen mais alors tu dégustes”. Le genre à partir avec un morceau de chair entre les dents. Son seul avantage est que la journée, il est comme nous, légèrement anesthésié par la chaleur suffocante d’un coin (trop bien parfois) abrité, et qu’il attaque à heures fixes. En particulier au coucher du soleil, pour lui aussi, c’est l’heure de l’apéro!

Second désagrément, le manque d’air. Pas un souffle certains jours. On se croirait à terre, tout est immobile. Ou presque. Le drapeau alors est en berne et Jeanne aussi, les oreilles pendantes (autant qu’elle peut), la mine affligée, elle s’étale sur le pont avec un regard de reproche pour la fournaise que nous lui faisons subir. Et quand le vent n’aligne pas les bateaux tous dans le même sens, ceux-ci ne savent plus que faire. Où tourne-je? Tiens, moi, par là. Oui, mais le voisin lui, glisse dans l’autre sens. On se croise ainsi, s’approche, s’éloigne. Parfois se tamponne… Luké a raccourci la chaine (il avait été un peu trop prévoyant en envoyant presque 70m de chaine pour s’ancrer dans une mare aux canards): nos amis de Vardez lorgnant avec suspicion la masse imposante de Belle de Lune voulant flirter avec leur monocoque.

Troisième désagrément, l’eau. Important pour un bateau, l’eau sur laquelle on flotte, et encore plus pour les navigateurs quand le thermomètre atteint gentiment 33° l’après-midi, car elle devient l’eau dans laquelle on va se baigner! La couleur de l’eau hésite entre marron-vert et verdâtre-brun. Opaque, glauque, elle transporte divers éléments mais plutôt de l’organique végétal: feuilles, mousses, branches… Le Lagon, ce n’est même pas un étang, c’est une mangrove. Faune et flore assorties. Pourtant, cette eau si sombre ne doit pas être polluée dans le sens où nous l’entendons car les voisins ont vu une tortue passer (fuyant un lieu où elle elle s’était fourvoyée?) et deux dauphins cabriolant mollement (intoxiqués?). nous à part les moustiques, les chiens du Hollandais ancré plus loin –deux Jack Russel rigolo et plein d’énergie, surtout vocale- j’entends de superbes trilles d’oiseaux le matin, mais n’en ai vu aucun.

Mais la vue des centaines de bateaux à l’ancre dans chaque recoin me fait froncer le nez: il faut bien que les eaux gentiment appelée “eaux noires” c’est à dire les toilettes- se déversent quelque part. Et ce quelque part, et bien c’est dans cette mangrove qui stagne…

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Premier avantage, pourtant, nous sommes pratiquement en ville. Wilemstad est de l’autre côté de Spanish Water (l’eau Espagnole n’y gagne pas en réputation avec ce nom il!), notre bord est consacré aux constructions touristiques, condominiums chers aux Canadiens et aux Américains. Et derrière la petite colline où chante mon bel oiseau inconnu, on entend régulièrement le haut-parleur d’une plate-forme pétrolière! Pas en activité mais en réparation sur un des immenses chantiers qui jalonnent l’île (avec les réserves de gas-oil en citernes géantes). On aperçoit les grues immenses qui pointent. Curieuse impression de se trouver au fond d’un trou de mangrove, entouré de verdure (euh…de cactus!) et d’entendre régulièrement une voix hurlant “A table!” en Hollandais. Bon, ça, je l’imagine, le Hollandais, à part “Guilde” qui est le nom du Florin quand on s’en sert (on dit “C’est 5 guildes” alors que le prix est marqué 5 NAF, pour New Antillians Florins), je n’y connais pas rien!

Pour aller en ville, plusieurs solutions selon les objectifs. Objectif paperasse? Direction rapide centre ville. Dès le lendemain de notre arrivée, il faut faire les sacro-saints papiers d’entrée. En gros, en entrant dans chaque pays –un pays pouvant être une île comme Sainte Lucie ou Saint Vincent, et il y en a dans le coin…), déclaration en douane et immigration. Appelé “Clearance” en anglais, ce papier nous met en règle avec le pays moyennant des sommes diverses et aussi variées que les interlocuteurs que l’on peut avoir: ça dépend, même si il y a un prix de base! Je médite là, ce n’est pas aussi net mais bon, il y a des “inégalités” parfois quand on en discute entre bateaux. Pour le “Clear-in”, à l’arrivée, présentation des papiers du bateau à la douane, vérification à Interpol pour l’immigration (pour ceux qui ont le passeport biométrique!) et passage à la caisse. Simple à dire mais ça peut pendre un temps indéterminé voire plus. Déjà, la Douane en général ne se trouve pas à côté de l’Immigration, bien sûr. Parfois, le tout se trouve en ville, voire dans la ville d’à côté et il faut prendre un bus si on est dans la pampa, sinon un taxi. Au Venezuela, il fallait passer par un agent qui empoche sa commission et nous guide, envoie les papiers: on paye mais on ne se déplace pas trop. A Bonaire, charme des petites villes, tout était dans un minuscule bureau. A Curaçao, nous sommes sur l’île industrielle, gros tankers et gros bateaux, plein de paperasses et de complications.

DSCN1387La douane, c’est là, et Luké y retourne pour la 2è fois… Et ce n’est qu’un début!

La douane est à Punda, quartier central de la vielle ville, de l’autre côté de Spanish Water. Il faut commencer par remonter tout le fameux Lagon (on est au fond…) en annexe jusqu’au Ponton des Pêcheurs. 10mn. L’arrêt des autobus est à  2mn à pieds. Il y en a un par heure, faut pas le louper! Le gros autobus climatisé nous dépose après 25mn de trajet au centre ville. La douane est au bout du front de mer. Climatisée glaciale comme toutes les administrations de ces régions. Tampons, papiers de déclaration. Et on file à pieds pour l’Immigration qui est à Otroborda, en face, de l’autre côté de la ville: nous attaquons le pont flottant au moment où il se détache du bord. Un bateau veut aller en mer et c’est à la demande. Ceux qui sont déjà sur le pont, long de 150m environ, y restent et admirent la machinerie, les autres attendent parqués derrière les grilles. L’Immigration est bien sûr tout au bout du quai, à plus de 20mn de marche.  Minuscule bureau glacé. Nous remplissons à nouveau les mêmes imprimés, ils se ressemblent tous, avec noms, adresse, intentions (des fois qu’on voudrait fomenter un attentat à Curaçao ou à Bonaire). Imprimés qui iront comme les autres enrichir des piles casées dans les coins. Juste après nous, un capitaine de chalut Vénézuélien débarque avec 15 passeports, et c’est le début de la Bérézina. La demoiselle veut tout faire à la fois. Elle mélange un de nos trois passeports avec ceux du capitaine Vénézuélien. Luke, qui surveille tout d’un œil méfiant le voit à temps. Au bout de 45mn, nous pouvons aller à ce qui est le “petit plus de Curaçao”, la Capitainerie. Curieusement, sise tout à côté! Pour quoi? Et bien pour payer le droit d’ancrer dans la superbe baie de Spanish Water, réputée pour ses eaux claires… C’est bien la première fois, il y en a qui ne perdent pas le nord ici. Et là, Belle de Lune n’a plus son imprimé de la douane. Nous avons remis tous les papiers à l’Immigration, et un  n’est pas revenu. Luke repart à l’Immigration mais la demoiselle a du mélanger notre déclaration aux papiers des Vénézuéliens, et ne veut pas l’admettre. De toutes façons, il faut repartir à la douane. Retour à la case départ. Mon capitaine a les naseaux qui fument…Le douanier lui dira que ce n’est pas la première fois qu’à l’Immigration il y a des problèmes, et que même…une fois un passeport a disparu!!! Ben ça alors!!!!

DSCN1398Le troupeau Touristes au supermarché

Passons à l’objectif de sortie suivant: “courses au supermarché”. Comme à Margarita, un supermarché pas couillon envoie chaque matin à 10h prendre les “yachties” comme disent nos amis anglais, les navigateurs de plaisance en Français, pour les transporter et les ramener. Chez lui. Gratuit. Pas bête, on n’a pas le choix du magasin mais comme on ne connait pas les autres!

Objectif “recherches diverses”. Principalement un objectif masculin pour nous. Personnellement les boutiques d’accastillage et de bricolage ne m’ont jamais inspirée. Luké et Charly louent pour la journée un scooter. Je regrette de ne pas avoir été là pour les prendre en photo, le casque au ras des sourcils, sillonnant les rues abruptes de Wilemstad (ça monte et ça descend) sur un engin un peu poussif. Qu’il a fallu pousser d’ailleurs car n’arrivant pas à passer de Purda à Otraborda, quartier de l’autre côté du bras de mer séparant la ville, ils ont du se résoudre à emprunter le pont flottant et piétonnier. Un spectacle qui aurait pu valoir son pesant de cacahuètes: deux touristes en shorts, encasqués comme des Télétubbies, l’un poussant et l’autre tirant sur l’engin… L’avantage est qu’en une journée, ils ont “visité” Budget Marine (commande de peinture sous-marine pour Belle de Lune et Mojito), ABC Accastillage (commande de batteries de semi-remorques pour Belle de Lune, les deux marinas et un chantier (pour Charly), et de multiples rues, ruelles et quartiers périphériques.

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