samedi 18 décembre 2010

SANTA MARTA “LA CIUDAD COMO TU LA QUIERES”, du 13 au 18 décembre 2010

“Si un animal vous dit qu’il peut parler, il ment probablement”  (Proverbe Africain)

Bay Ranger
Le “Bay Ranger” d’accueil sur sa bougée!
Lundi 13 décembre, 15h, le Ranger de la Baie de Santa Marta, le “Bay Ranger”, nous accueille, juché sur SA bouée. Il observe d’un œil circonspect ces deux voiliers étrangers qui ancrent devant la plage de la ville. Alors que tout le monde met les voiles… Curieuse impression que d’arriver dans un mouillage, de poser tranquillou son ancre et de s’apercevoir que tous les voisins sans exception sont partis, ou en train, et que le mouillage est vide. A part nous. Nous appelons à la VHF le dernier encore là, moteurs tournants et museau pointé vers la marina. Mais que se passe-t-il, nom d’un pélican (on s’adapte…) ? Tout simplement l’annonce d’une forte houle qui devrait déferler incessamment sous peu… Oh, la houle, on connait… Ce n’est pas ce qui va nous effrayer. Quoique la perspective de passer des heures à sauter comme des bouchons en roulant dans tous les sens nous fait aussi… relever l’ancre et suivre sagement les congénères vars la marina!

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  Le mouillage de Santa Marta, devant la plage touristique de la vieille ville.
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Coincé entre le port de commerce…
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Et le marina, un abris sûr derrière sa digue toute neuve.
La marina est neuve, tellement neuve qu’à part de splendides pontons éclatants de santé, tout le reste est en construction. Elle est ouverte au public depuis quelques semaines. Ce sera une marina de grand luxe. Pour le moment sans aucune commodités: le bâtiment des douches est en chantier comme l’immense parvis devant les pontons, le local du garde à l’entrée est constitué d’un abris en plastique, d’une table et chaise en plastique –mais le garde est à poste- et le bureau du gérant est à l’extérieur. Bref, à part des bateaux, il n’y a rien. Si, deux employés souriants sont là pour aider à l’accostage. C’est sans doute ce qui justifie le prix prohibitif pour une place sans électricité (il n’y a que du 110V, pas pour nous!) ni eau (qui arrivera le lendemain, il y a un problème sur les conduits) de 28$US ! Oui, les amis, j’ai bien dit 28$US, ce qui donne du 23 euros environ, eau en sus, réglée “au compteur”. Gasp….Ce n’est pas cher en soi -ou en Europe!- mais ici… et un truc vide. Et ce sera combien quand la marina sera opérationnelle et toute belle? Ce n’est pas la Côte d’Azur pourtant… mais je comprends mieux le petit surnom de Santa Marta “le Saint Tropez de la Colombie”. Nous sommes quelques voiliers habités –environ 5 ou 6- , trois ou quatre voiliers en garde et une dizaine de gros, voire d’énormes yachts “de week-end”.
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Entrée de la marina
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Très grande et très vide, parfait!
DSCF5111   Et on est au centre ville, que demander de plus?
Si: on voudrait être bien gardé, c’est possible?
Sans problème:  l’armée Colombienne est là! La marina sert de base à l’Armée Mer-Air Colombienne.  Côté Marine, 4 vedettes qui font tout (secours en mer, banditos...) sont amarrées au début de “notre” –ponton. Chaque vedette rapide (très rapide!) nantie de 3 ou 4 moteurs de 350 chevaux chacun! Impressionnant. Sans toit, ni protection aucune. Et un jeune et fringuant militaire en garde nuit et jour. On ne risque rien! Côté armée de l’Air, l’immense parvis au fond est utilisé quotidiennement par l’hélicoptère qui vient déposer ou embarquer civils et militaires.
DSCF5102 Une des trois vedettes.
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Notre tout jeune  garde personnel, Luké lui apporte un petit café le matin, le malheureux, il est courbaturé et frigorifié…!
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Et l’hélico qui virevolte, on ne s’ennuie pas…
Le soir même de notre installation, nous commençons à apercevoir les premières vagues de la houle. Le mardi, les vagues passent par-dessus la digue. La marina, pourtant bien protégée, devient une piste de danse où les mâts chahutent gaiement. Nous, moins gaiement mais forts satisfaits d’être rentrés à l’abri! Jusqu’au jeudi, la houle va déferler sur les digues, les vagues ravager la plage, ensabler le front de mer, secouer la marina. Belle de Lune est coincée dans une toile d’araignée de bouts qui la maintiennent au ponton. Son poids et sa prise au vent nous inquiètent, les cordages crient, le ponton se lamente: Luké a mis le paquet! Au final, on sera secoué pendant deux jours et mouillés par les averses continuelles. Mais le ponton a tenu! Le grand parvis en cours de pavement, joli assemblage en couleurs différentes, bel espace, se retrouve avec des monceaux de pavés éclatés un peu partout: les pavés en attente sur les palettes se sont dispersés sous l’assaut des vagues, et jonchent la place, en miettes. Les militaires seront appelés plusieurs fois pour du secours en mer, et sortiront sur les vagues déchainées avec leurs engins sidéraux.
La première pensée du mardi : les lunettes pour Luké! Son humeur commence à virer très très vinaigre. Passer son temps à changer de lunettes, chercher les lunettes, se tromper de lunettes (tiens c’est curieux, je n’y vois rien? Ah, ce ne sont pas “les bonnes”…), maudire les lunettes, ça n’arrange pas un semi-comateux en voie de guérison. Le pompon, ce sont les lunettes “de sortie”, celles qui s’assombrissent au soleil, datant du Haut Moyen Age, et avec lesquelles il ne voit pas à 30m. Comme j’ai un vieux fond méchant, je trouve que ce n’est que justice: pour une fois, il va comprendre ce que c’est quand je dis “Mais non, je ne le vois pas!!!!”. Et que ça me met dans des rognes… Mais comme je sais aussi ce que c’est de ne pas y voir à quelques mètres, et de distinguer uniquement les grosses lettres sur les affiches, je me lève à l’aube (enfin, à 8h, faut rien exagérer) pour aller chez un opticien.
Nous avons gardé, comme d’habitude, la dernière prescription en double pour un “éventuel” renouvellement. Un don de double vue sûrement, ah, ah …. J’ai cherché sur Internet –nous avons une connexion pirate qui fonctionne quand elle veut- et trouvé une adresse, j’ai un plan et je sais où on va ! “Calle 19-Avenida Campo”: traduction “dans la Rue 19 et et vers l’Avenue Campo”. C’est qu’elle est longue, la Calle 19… Mais tout se situe près du centre, on a de la chance, on ne tourne qu’une bonne demi-heure entre la Calle 23, celle de la Marina, et ses copines, les Calles 22, 21, et… 18, car bien sûr la 19 ne commence pas sur le front de mer comme les autres, mais allez savoir pourquoi (pour nous énerver?) au milieu du centre ville.
En route pour … Optica! Ah, comme chez nous! Euh...pas tout a fait! Une vitrine grande comme un timbre poste arborant fièrement, et en rang militaires, une dizaine de montures, une échoppe de 15m2, 3 vitrines en bois présentant au garde-à-vous (là aussi…) des montures Hollywood 1950. Pas de montures rondes bien sûr et pour hommes c'est le genre "Kyssinger grosses noires en écaille rectangulaires". Luké a la mine qui s’allonge… A force de chercher on dégote une paire que je trouve très bien, rectangulaire mais un peu plus petites, en acier noir fin. Moderne ou peu s'en faut, enfin, les plus modernes du magasin! Après le calcul du prix, monture, verres progressifs, fonçant au soleil et tout le tintouin, crise cardiaque sur le comptoir: 508 000 Dollars Colombiens, des Pesos comme ils disent ici. Ce qui fait presque 1000 euros...Gloup. Nous sortons, après avoir payé la commande, en titubant. En fait, erreur de casting. De retour au cata je reprends le site de change et ça fait 200 euros. On l'a échappé belle. Mais quand on entend "3000 pesos" pour un jus de mangue, on frémit. Difficile de s'habituer à cette inflation de "0".
Ensuite, première visite de la ville. De la vieille ville, la ville d’origine. Nous sommes pile au centre historique de la plus vieille ville d'Amérique du Sud et c'est vrai que c'est super joli. Comme son nom l’indique, Santa Marta a été fondée le jour de la Sainte Marthe, le 29 juillet 1525, par Rodrigo de Batisdas . Un homme qui aimait la facilité. Et comme toujours, il faut partir de la Plaza Simon Bolivar pour admirer les beaux édifices coloniaux et parcourir les rues étroites, bordées de maisons à frontons, à colonnades, genre gâteaux de première communion colorés pastel ou vif.
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Non, ce n’est pas notre magasin d’optique, ça c’est le “Grand Optica”, nous c’est le petit…
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Place de la Cathédrale, j’ai trouvé le “ravi” de la crèche….
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Ah, ça, ça pète !!!! 
Les petites rues grouillent de monde, des passants, des voitures et toutes sortes de véhicules :
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Jus frais à toute heure…
DSCN3481Entreprise de maçonnerie.
Les trottoirs sont occupés en priorité par des “boutiques mobiles” : récupération de vieux frigos ou gazinières ou …n’importe quoi du genre cubique et creux, montés sur roues pour les déplacer, et aménagés selon la spécialité du propriétaire: grill pour arepas et brochettes, bassine de friture pour empenadas, presse-fruits pour les jus, étals de fruits etc. Les passants passent …comme ils peuvent, sollicités constamment d’un “A la orden” lancé avec un grand sourire. Ce à quoi on répond “No, gracias” avec un grand sourire. Et on entend “Como quieres”, comme tu veux…avec un grand sourire.
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Un prêtre d’une religion orientale mal connue ? En tout cas, un vendeur d’outillage!
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A côté sa femme, spécialisée dans les sucreries.
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On t’a vu! (et ces raisins chiliens sont une pure merveille de douceur charnue)
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Parmi les dizaines de vendeurs, un vieil homme frit des saucisses marinées dans de la sauce “rouge” (tomates, piments). Luké s’en offre une assiette, servie avec des tranches d’ignames. Nous lui avons posé la question au préalable “Tienes dollares American?”. “Si” qu’il a répondu. Mais parle-t-il vraiment Espagnol? A moins que ce ne soit nous… Bref, au moment de payer, il n’a pas la monnaie sur 20$US. Et il ne veut pas de dollars, d’ailleurs. Luké fait mine de laisser l’assiette, l’air désolé (ça sent bon, son truc…). “No, no”. Il nous fait signe que c’est bon, tant pis. Avec force gestes, nous lui garantissons notre retour en échange de la position de la banque la plus proche. On va tourner un bon moment sur une avenue dont les trottoirs surchargés de vendeurs pas du tout à la sauvette, bien implantés, laissent à peine la place de se croiser, et enfin dans une petite rue, la banque! Avec un guichet extérieur enfermé. Et une file d’attente impressionnante. J’en profite pour photographier la rue…
DSCN3474L’EDC (Electricité de Colombie!) est venue sûrement mettre un peu d’ordre dans les fils…
Le vendeur de saucisses n’en croit pas ses yeux quand nous revenons régler notre dû. A côté, des jeunes filles, des enfants proposent à la vente des chewing-gums à la pièce, de petits paquets de trois biscuits. Je donne quelques pièces à une fillette en refusant un des quatre paquets de biscuits qu’elle tend. Je sais, ce n’est pas une bonne idée mais ça me désole, ces enfants semi-mendiants. Luké, lui, s’est spécialisé dans les mendiants, il a un fond de piécettes qu’il distribue à droite-à gauche. On s’achète une bonne conscience (et encore, elle n’est pas bonne …) comme on peut.
Retour à la Marina!  Nous avons embauché un jeune qui travaille dans la marina, sur un bateau moteur, il s’occupe de l’entretien. Luké a besoin de quelqu'un de courageux pour nettoyer au grattoir les coques de la Belle. Nous faisons un élevage sauvage de coquillages et algues bien collantes. Jonnhy grattera plus de sept heures, dans une eau froide. Enfin, pas chaude, disons, dans les 26°. Il y va de bon cœur sinon il en aurait eu pour deux jours. Nous tombons sous le charme de ce garçon de 25 ans, marié et père de deux enfants, qui vit sur le bateau de son patron à Santa Marta alors que sa famille est à Cartagena. Il les rejoint de temps en temps. Souriant, travailleur… Et si on lui faisait plaisir en lui offrant le petit dinghy à rames que notre ami Jean-François nous a laissé? On ne s’en servira jamais. Et aussi un fusil de chasse sous-marine dont il manque une partie, ce qui ici n’est pas du tout gênant, tout se répare. A ce sujet, il nous présente son ami Enrique, capitaine d’un “yacht de week-end” et qui arrondit ses fins de mois en réparant… tout! Enrique part avec l’écran-télé qui a rendu  l’âme, le pétrin qui ne pétrit plus, le chargeur 220V qui a fumé, un convertisseur en panne et un pour qu’il puisse travailler: il n’y a que du 110V en Colombie, il faut qu’il puisse tester ses réparations.
Côté intendance, un Français, Jean-Noël, installé à Santa Marta, propose ses services pour le linge –emporté et livré au bateau. Il va faire nos lessives car impossible de sécher quoique ce soit, il pleut trop souvent et le reste du temps l’humidité de l’air approche les 85%. Et en plus, il les rapportera vraiment nickel, blanches, rutilantes, les lessives!
Enfin, très vite, nous avons la visite d’Edgar (mais oui…) agent pour les papiers d’entrée au pays. Installé dans le cockpit, il remplit les paperasses pour nous (et pour la modique somme de 100$US, soit environ 70 euros…): noms, passeports, papiers du bateau etc. Et sortie de Curaçao. “-Ah mais sur la sortie il y a marqué que vous alliez à Cartagena ?”, “ Ben oui, on ne savait pas que Santa Marta était un port d’entrée.” ,  “C’est gênant ça, ils vont faire des histoires à la douane.”. Consternation de l’équipage. Grand sourire d’Edgar. “Pas de problème”. Il fouille dans sa sacoche et sort plusieurs imprimés de… sortie de Curaçao, Bonaire, Aruba ou autres. Qu’à cela ne tienne, il va nous en faire une en bonne et due forme , de sortie de Curaçao direction Santa Marta. Et non Cartagena. Je signe pour la douane de Curaçao. Parfait. Dans deux jours, nous aurons les papiers. C’est pratique les pays qui permettent de simplifier les problèmes comme ça… “Flexible”, il a dit Edgar: c’est ça, il faut être flexible!
Tous les soirs, nous entendons de la musique qui vient par vagues plus ou moins fortes du front de mer. Concerts de musique classique, valses Viennoises, jazz ou musique traditionnelle. L’animation semble très sympathique. Une bonne raison pour aller manger local et se promener sur le Paseo. Le soir, le long du Paseo, la Promenade, une multitudes de … vendeurs de beignets, arepas, brochettes, ou bijoux, jouets, sacs Colombiens…sont installés. Des Indiens descendent de leurs montagnes pour proposer leur artisanat et continuer à tricoter les sacs ou assembler les bijoux. Des familles déambulent nonchalamment. Beaucoup d’enfants (ce sont les vacances!), une atmosphère de fête renforcée par les décorations de Noël, simples et lumineuses (rien à voir avec la débauche de décorations envahissantes de chez nous…). Aucune sensation d’insécurité, de danger quelconque. à part en traversant les rues. Ne jamais oublier qu’ici, les voitures ont toujours la priorité! Il faut préciser que la police est présente partout. Par groupe de trois, hommes et femmes, harnachés pire que Rambo (gilet pare-balles, pistolets, matraques, radios etc.) ils se promènent aussi…mais on sent qu’à la moindre alerte…
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DSCN3509Les familles se photographient devant les boules de Noël: une simple armature de fer, du tissus tendu et des guirlandes lumineuses…
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Pechuga de pollo a la plancha (blancs de poulet), quelques Club Colombia, bière locale, le tout en Amérique du Sud: repas de rois…
Edgar a fait son boulot, les papiers sont arrivés deux jours plus tard. Et la Douane, sous la forme d’une jolie jeune femme, est venue “visiter le bateau”. C’est à dire qu’elle s’est assise dans le cockpit, a rempli (encore) des imprimés, a copieusement enguirlandé (c’est Noël!) Edgar mais aucun rapport avec nous a-t-elle dit. Et a demandé à voir le moteur. ?!? . “Euh oui… Les deux? “, “Ah, il y en a deux? “, “Ben oui, c’est un cata.”, “Alors oui, les deux.” Bon, ne contrarions jamais la Douane, c’est un principe. Peut-être certains cachent-ils la drogue dans les moteurs? Perplexe, Luké guide notre douanière vers le premier moteur. “Il est vieux” dit-elle. “Oui, il est vieux” répond Luké. Est-elle venue pour apprécier l’âge des moteurs, à défaut de celui du Capitaine? Elle cherche “le numéro du moteur”. Oualalahhhh… Mais c’est qu’il y a bien 10 couches de peinture sur un moteur de 10 ans? “Il faudrait gratter, là…” dit Luké. Bon, tout bien réfléchit, elle remonte. Et sur le carnet du bateau? Non, pas de numéro. Edgar, voulant faire preuve de bonne volonté nous garantit que sur la coque il doit y avoir un numéro. Il se penche de tous les côtés. Non, en France, non. Je vais chercher un des classeurs où nous gardons toutes les factures, assurances, bref, tout sur Belle de Lune. Pas de numéro. C’est qu’elle a l’air d’y tenir, à ses numéros. Et il se passe quoi si on ne les a pas? Vaguement inquiet, Luké retourne chercher un autre classeur… et remonte avec une attestation d’assurance où deux numéros sont griffonnés en bas de la feuille . “C’est , explique-t-il,” la personne de l’assurance qui a écrit les numéros des moteurs pour les assurer”. On voit le visage de la jeune femme s’illuminer. Elle les a ses numéros! Enfin! “Ils se suivent” remarque-t-elle. “C’est normal ?” (Luké tu aurais du au moins intercaler quelques numéros entre les deux…) ”Oui, oui, on les achetés en même temps”. Bon,  maintenant si elle nous expliquait pourquoi elle tient tant à ces numéros? “Ah mais pour votre sécurité!”  Ah?  “Si le bateau et volé, et les moteurs avec, et qu’on le retrouve, même bien maquillé, on pourra vous le restituer”. Mouiiii… Et vous ne croyez pas qu’avec les magnifiques yachts de luxe agrémentés de moteurs hors-bords qui luisent un peu partout, il faudrait vraiment avoir de la malchance et tomber sur les Pieds Nickelés de la contrebande de bateau? On se gardera bien de lui dire ça. En vrais faux jetons –et en bons faussaires, nos moteurs ont des numéros à présent, même si eux, ne le savent pas…-  nous approuverons chaleureusement cette initiative gouvernementale dans le but de nous protéger.
Jeudi, Charly nous fait son célèbre poulet à la crème. Et pour conjurer l’orage qui se déverse sur la ville, nous obligeant à migrer à l’intérieur de Mojito, nous goûtons le Champagne André, célèbre Champagne Californien, qui a eu le droit de garder l’appellation Champagne (enfin,le droit..aux US!). Agréable surprise, il se rapproche d’un Crémant de Bourgogne, légèrement sucré. Malgré sa certification “Brut”. Aux USA, même le sans sucre est sucré… mais moins!
Grâce à une connexion wi-fi Internet qui est ce qu’elle est, et je ne vais pas me plaindre, c’est déjà bien de tomber sur une connexion sans clef ni code, je profite de ce temps de chien (de Jeanne! Elle subit la pluie comme une agression personnelle et passe la journée à râler) pour avancer le journal de bord, appeler avec Skype la famille –plutôt écrire, appeler c’est exceptionnel- et préparer les “feuilles de route” de nos prochaines escales. C’est à dire mettre en mémoire tout ce concerne le passage de Panama, les villes, les formalités avant, après, les visites prévues à Cartagena, les îles San Blas, et Titumate, le petit village perdu où nous nous arrêterons avant de passer le canal.
Entre deux averses, un saut en ville! Je ne me lasse pas de ces petites rues, des gens agréables, de l’agitation des rues commerçantes et ensuite de la tranquillité du front de mer. Et des Batidos –jus de fruits frais pressés- du “Café Bahia”, qu’il faut commander expressément “sin azucar y sin hielo” sinon on se retrouve avec un verre rempli de glaçons, à l’américaine, et plus sucré qu’un bonbon au miel. Le sucre est une seconde religion en Amérique du Sud!
DSCN3495Batidos Maracudja-pina: fruits de la passion-ananas, sans sucre et sans glace surtout!
Tout en sirotant, je photographie le calme du Paséo la journée. Un vendeur ambulant de fruits pelés et découpés. Un des milliers de taxis jaunes qui sillonnent la ville, à deux euros le trajet, quel qu’il soit en ville. Ces taxis appartiennent à l’état (d’après ce que nous avons compris, il y a écrit sur le côté “servicio public”) qui les louent à des chauffeurs, un la journée et un la nuit! Elles ne s’arrêtent jamais…
DSCN3489     Et un surprenant livreur de chambres à air!
C’est à Santa Marta que nous avons vu un véritable Vélo-Solex. vous croyez savoir ce qu’est un Vélosolex? Un vélo motorisé, soit. Mais des comme celui-là, on n’en a pas croisé beaucoup sur les routes de France et même de Navarre.
DSCN3519 Le VTT-Solex Colombien, vendu 500$US, neuf!
Noël s’approche à grands pas. Et à grand bruit. Le soir, après un petit menuet, nous avons droit à de tonitruants airs de samba, de rumba et de tout ce qu’on veut en “ba”, dans le genre excité. Avec parfois l’impression qu’ils sont sur le ponton, les musiciens. Bon, puisqu’on est dedans, autant y aller carrément! Le soir, on arpente le Paséo, un tour en ville, une brochette. Une envie de croissant à la crème pâtissière me tenaille: Charly en a dégusté un, partait-il sublime, l’avant veille. Mais tout ce que nous trouvons en soirée, c’est … une boulangerie Française, avec croissants et petits pains au chocolat. Le Français qui a ouvert la boutique est tout étonné que nous ne nous jetions pas sur ces précieux (et visiblement très bons) produits “bien de chez nous”. Moi, je veux le croissant à la crème Colombien! Direction un café pour se désaltérer. Sans alcool, prenons de bonnes résolutions avant les fiestas de ces jours prochains! Deux charmantes minettes, montées sur des talons vertigineux, passent de table en table. Ah, elles offrent une dégustation de bière? C’est fou comme on comprend vite là. Un verre de Club Colombia ? Mais euh, oui. Mes bonnes résolutions fondent comme un cube de glace au soleil du pays. Ah, et une autre maintenant? Pour découvrir la nouvelle Club Colombia? Et une photo pour la pub? Que ne ferait-on pas pour deux verres de bière pays!
DSCN3485Bientôt Noël, mise en beauté!
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Plaza Simon Bolivar 
Les jours passent, et nous envisageons de partir pour Cartagena. La houle est finie et bien finie, on a joué les prolongations à la Marina. Johnny a été embauché pour un grand nettoyage du pont, javel, acide et tout ce qui s’en suit, le cata est rutilant. Seul bémol: nos appareils électriques et électroniques! Enrique s’y met un peu tard. Si la télé est revenue rapidement, et fonctionne à merveille, le pétrin ne pétrit que sur la vitesse maximum, à toute allure et le reste tarde. Enrique va et vient avec le chargeur qui refuse obstinément de fonctionner. Luké commence à s’énerver. La veille du départ, il attend Enrique une bonne partie de la soirée, celui-ci a promis de trouver les pièces manquantes –il serait temps qu’il les cherche, un samedi…- et de terminer le boulot. Mais au matin, toujours rien. Johnny qui part dans deux ou trois jours pour Cartagène nous promet de nous les apporter là-bas, réparées. On hésite, réfléchit…Enrique travaille dans la marina, Johnny nous parait de confiance, c’est d’accord.
La Belle est pomponnée, Jeanne aussi: shampooing “Black is black” spécial poils noirs, manucure, brossage, lustrage, séchage. Elle brille mais elle est d’une humeur de chien. Pour fêter le départ, je décide de préparer un Tajine de Thon aux pruneaux – une merveille, c’est le premier tajine que j’ose, c’est délicieux- et une tarte aux fraises Chiliennes. Beaucoup de fruits viennent du Chili. Pâte croquante cuite séparément, crème pâtissière et fraises…. Là aussi, je n’en dis pas plus mais une tarte aux fraises fraiches un 18 décembre, c’est sympa!
C’est vendredi, le dernier avant Noël; le week-end commence… Mais je me demande si il ne s’arrête jamais le week-end ici: nous nous endormons bercés de rumba mâtinée électro, à fond les amplis… Pourtant nous n’avons pas tout vu, ou plutôt tout entendu. Dès potron minet, samedi matin, j’assiste dubitative à 'l’arrivée d’un sapin de Noël géant, suivi d’amplis aussi haut qu’un camion, le tout sur le parvis, là, devant les bateaux.. Je la sens mal, la soirée qui arrive. suivent les tables et les nappes de cérémonie, les fleurs, bref, tout ce qui laisse envisager le pire pour la nuit. Nous apprenons que c’est “la fiesta de Navidad” pour “les Narcos”. Aaah?!?  Les narcos trafiquants organisent une fête de Noël? En soi, bon, pourquoi pas, les grands yachts de luxe qui trainent dans le coin ne sont surement pas tous le résultat d’une carrière réussie dans la layette ou la construction. Mais organiser cette fête à côté de l’armée? Mais non: les Narcos, ce sont les militaires anti-narco-trafiquants ! Aaaaahhhh!!! Fallait le dire. Qui préparent leur arbre de Noël. Tenue de soirée blanche immaculée, animateur surexcité (si c’est possible…), musique à fond, à fond, à fond… Les Narcos, trafiquants cette fois, peuvent faire ce qu’ils veulent ce soir. Leur arbre de Noël, d’ailleurs peut-être aussi. Nous avons donc, à droite du ponton, une sono hurlante alternant boléros, sambas et électro, avec militaires en tenue d’apparat. A gauche, une soirée à l’hôtel situé devant la marina, déversant des centaines de décibels de musique sirupeuse. Se glisse au milieu les tonitruants accords de salsa ou de “vallenato”, musique folklorique endiablée accompagnée par l’accordéon, qui viennent du Paseo où une soirée festive est en cours… Nuit d’enfer!
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