jeudi 26 août 2010

ANCRE LEVÉE, DÉPART ASSURE ! Du 13 au 18 août, Grande Anse d’Arlet à Grenade


"Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas"
Lao Tseu



Et il avait bien raison, le bougre. Si je puis me permettre une telle familiarité avec ce Sage Chinois, père du Taoïsme, quand même!
Lever en fanfare le vendredi 13 à 7h ! Nous nous entassons dans la voiture de Serge pour le dernier trajet Fort de France/Grande Anse d’Arlet. Dernier pour un moment car comme nous l’avons expérimenté déjà plusieurs fois, la Martinique, malgré tous les défauts qu’on peut lui trouver, c’est bien « l’île des revenants »…
Un peu dur de quitter Annabelle et Maxence. Maxence surtout il faut bien l’avouer, comment sera-t-il la prochaine fois que nous le verrons ? Et puis, il va nous oublier…Je compte fermement sur sa grand-mère pour agiter des photos sous son nez en répétant « Tonton Luké »… « Marraine »….
A 10h pétantes, Luc lève l’ancre. Charly aussi. Les voiles sont hissées. On peut se demander un peu pourquoi puisqu’il n’y a pas un poil de vent mais au moins, et contrairement aux habitudes locales, le vent n’est pas en sens inverse de notre route. Il fait beau, chaud (ah ça…) et la mer est légère. Nous aussi ! Jeanne tend le cou vers la côte qui s’éloigne « Bon, ça recommence, allons nous coucher ». Ce qu’elle fait illico, bien coincée derrière mon …oreiller ! 
Tentative de prise de pouvoir et d'oreiller!
Encouragée par le Boss... et je dors où, moi????
Après tout, pourquoi s’agiter ? Le moteur ronronne pour avancer à une allure à peu près correcte, les lignes sont lancées (sous l’œil perplexe des poissons qui boudent les superbes rapalas – gros hameçons multicolores utilisés dans la pêche à la traîne- de Luc). Ils sont pourtant beaux, ses rapalas ! Des jaune et orange fluo en tire-bouchon, des rayés, des bleu et vert, ça devrait être appétissant ?
Pour l’instant, l’heure est à la sieste, la lecture, puis la sieste… Tiens, et si on mangeait un brin ? Nos derniers «pains bois » des Anses d’Arlet. Ce n’est pas de sitôt que nous retrouverons un boulanger façonnant à la main chaque matin 100 (et pas un de plus) pains en forme de boa, cuisant avec une palme de cocotier incrustée dessous. Estimant alors –et il doit avoir raison- que c’est amplement suffisant à lui assurer une vie agréable, il se couche devant la porte de son fournil, boulot fini ! Mais nous connaitrons d’autres spécialités inoubliables, je ne me fais pas de soucis.
Les Deux Pitons, Sainte Lucie

"Boat Boy" nous ayant "adopté"!
 L’arrivée aux Deux Pitons, au sud de Sainte Lucie est toujours aussi exceptionnelle et grandiose. 
Ancrer aux pieds de ces deux cônes immenses aux parois abruptes s’enfonçant profondément dans la mer, recouverts d’une végétation dense et sombre procure à chaque halte la même impression de découverte « à la Colomb ». « Terre ! Terre ! » Le cri monte quand les montagnes sortent de la brume au petit jour et notre bras se tend vers les sommets coiffés de nuages …Bon, on se calme. D’abord, il n’y a pas de brume, ensuite, c’est la tombée de la nuit et enfin, on suit la côte depuis une journée. Pour couronner le tout, une noria de barques de pêche se précipite vers nous. Pour le côté « sauvage », il faut oublier. Nous sommes assaillis immédiatement, et avant même d’avoir pénétré la baie par les « Boat Boys ». Particulièrement pénibles durant les années 1990, ces Saint-Luciens, pêcheurs plus ou moins pauvres (donc avec ou sans moteurs sur leurs barques) sautaient sur tous les voiliers arrivant, les équipages épuisés par la journée de navigation, et harcelaient le chaland de façon souvent fort insistante. Et désagréable. Le gouvernement, il y a 3 ou 4 ans, avait dons entrepris de leur donner une « formation » : accueil du client, contact, marketing, fidélisation ! Et une belle carte à arborer pour prouver leur « officialisation ». Mais, visiblement, les dernières générations ont sauté le cap « formation » et ceux qui se sont collés autour de nous ont adopté la formule « Glu » pour arriver à leurs fins : C'est-à-dire à être celui qui va se poster devant la bouée d’ancrage (impossible de jeter son ancre tout simplement car il y a plus de 50m de fond à quelques mètres de la plage, d’où les bouées, qu’il faut louer bien sûr !) et encaisser les $EC10 (Dix dollars East Carribean soit un peu plus de 3 euros). Le tout sans garantie du gouvernement ni de qui que ce soit d’autre d’ailleurs. Si la bouée se détache, ce n’est pas leur problème. La technique de la glu a réussi à une des barques particulièrement tenace, qui ne nous a pas lâchés depuis notre arrivée. Avec un verre de rhum en plus ! Peu après, passe le garde national car nous sommes dans un Parc National donc…il faut payer. Nous le connaissons bien, depuis des années que nous nous arrêtons aux Deux Pitons. Des fois, on paye…Des fois, on ne paye pas…On discute en buvant une petite bière. Luc en profite pour lui glisser quelques remarques quand aux Boat Boys et leurs vilaines manières, pour certains. Car ceux qui n’arrivent pas à nous louer la bouée ou à nous vendre quelque chose deviennent parfois désagréable. Et irritants. Charly met son annexe à l’eau (nous, la notre a coulé, épuisée par 2 ans de maltraitance au ponton de Grande Anse) et nous mangeons rapidement : la mer, c’est épuisant !

Samedi 14 août
Départ de bon matin pour une longue journée. Nous voulons arriver à Bequia (prononcer Bé-koué-, et oui, cet accent anglais …), première île des Grenadines, avant la nuit. Journée tout aussi calme que la veille sauf…le cadeau magnifique que les dauphins vont nous faire ! Un long moment de cabrioles devant  la Belle, à frôler les coques en plongeant au raz des étraves, une merveille ! 

L'œil est malicieux....
Non, je n'ai jamais réussi à les toucher!

Charly filme et j’espère pouvoir mettre le film sur le site à un moment ou un autre. Je prends des photos, Luc aussi et Jeanne devient folle de rage de voir ces bestiaux totalement indifférents à ses injonctions de déguerpir au plus vite de SON espace (la mer loin autour du cata, c’est à elle !). Ces satanés dauphins la narguent en lui sautant sous le museau et en l’éclaboussant. Et en plus, je lui ai mis son gilet de sauvetage. Elle ressemble à un bonbon Haribo orange géant avec des extrémités noires et velues et se tient raide comme un piquet. Dire qu’elle n’apprécie pas est un euphémisme.
Jeanne en gilet!
Sécurité, sécurité....

Port Elizabeth, la « capitale » a un air désuet et des maisons style « Gingerbread » -pain d’épice- en fait style colonial, colorées, superbes. 
Port Elizabeth, Bequia

Une rue unique longeant le bord de mer, qui devient route, et 2 ou 3 ruelles et voilà. Et une route qui fait le tour de l’île. Musique, rastas, restaurants, touristes à volonté. Le « Marché Rasta », incontournable il y a 20 ans, est devenu le lieu à éviter ! Tenus par des rastas en bonnet vert/jaune/rouge, les stands de fruits et légumes sont à des prix vertigineux. A croire que les fruits sont arrivés à la nage en portant les légumes. Luc et Charly ont voulu malgré tout aller voir…et sont revenus bredouilles, la livre (anglaise en plus, moins de 500g) de tomates frôlant le prix de l’or au kilo. Et ce n’est plus du harcèlement que les touristes subissent en s’approchant, c’est carrément la guerre. L’objectif : attaque ciblée du Touriste Désarmé, jet de sac de tomates (moches en plus) dans ses bras, grands sourires et hurlement pour encourager à acheter la suite. Le Touriste, hébété, ne sait pas quoi faire et finalement achète pour avoir la paix. Ou comme nous, refuse et rend le paquet. Le tir alors se précise et les réflexions désagréables peuvent arriver. Voilà pourquoi je n’y a vais plus…

Dimanche 15 août
Aujourd’hui c’est ma fête. Mais je crois que nous la fêterons plus tard. Je suis un peu patraque, un mal de tête lancinant, des courbatures, pas la forme. Et Charly lui, a carrément une fièvre de cheval. Sûrement la dengue. Il y en a plusieurs formes, avec grosse fièvre ou pas, courbatures ou non, bref, comme on veut, on choisit ! En attendant, ce n’est pas la joie avec cette chaleur de se sentir en plus fiévreux.
Nous partons pour Mayreau (prononcer Ma-yé-ro-) petite île juste en dessous, pour être au calme car Bequia, c’est un mouillage un peu trop fréquenté.

Lundi 16 et mardi 17 août
Mayreau. Quel changement depuis notre première visite il y a…. plus de 15 ans ! A l’époque, une route cimentée montant droite comme un I de la plage au sommet, quelques cases bricolées en bois et peintes de toutes les couleurs, de la musique partout et pas d’eau. L’école s’arrêtait fin primaire et pour le collège, les enfants partaient toute la semaine à Bequia. Un seul bateau de transport amenait nourriture, matériel –et les enfants chargés d’un énorme bloc de glace déjà bien fondu- une fois par semaine. L’eau venait d’un immense récupérateur construit sur le flanc opposé de l’île, grâce à un curé Français (comme quoi…) énergique et costaud (autant pour remuer le ciment que la population) et qui avait construit avec les habitants un grand  plan incliné en ciment du côté d’où vient la pluie. 
La route se monte en faisant de paresseux zigzags, si on veut arriver en haut!

Quinze ans plus tard, le tourisme est passé par là. Un énorme bateau de croisière se pose en ravageant les fonds devant l’île le mardi. L’équipage débarque et installe les stands de hamburgers et Coca-Cola d’abord. Puis déverse un troupeau de touristes bardé de dollars sur la plage –aménagée à présent avec tables et transats- au son du steel-band local. Les habitants ont à présent tous une boutique de paréos et de tee-shirt identiques à tous ceux des Grenadines et attendent, assis devant la porte, le client. Ou un restaurant. Ou un bar… voire les trois. 

Plus de pêcheurs mais une superbe usine de désalinisation d’eau de mer qui fournit l’eau potable. A tous j’espère ? C’est un immense progrès que cette usine, mais que se passera-t-il le jour où la compagnie de croisière changera d’avis sur son trajet et ne s’arrêtera plus ? Les maisons en ciment ont remplacé les cases en bois, peintes de toutes les couleurs aussi, du plus pâle rose au violet vif en passant par un orange bien senti. A voir certaines couleurs particulièrement osées, je me demande si les livraisons de peinture se font non pas à la demande du client mais selon ce qui reste en boutique à Bequia ou Saint Vincent ?
J’aime beaucoup cette île, la vue sur les Tobagos Cays , quand on a le courage de monter le raidillon jusqu’en haut est une merveille. La petite église, celle du fameux curé Français, ressemble à une maison de poupée. Elle était plus ou moins à l’abandon mais a été réhabilitée depuis peu, avec jeune prêtre et paroissiennes chantant des hymnes en faisant le ménage. 

Mais la prolifération de commerces, restaurants, bars etc. lui a enlevé son charme et sa tranquillité. Ceci dit, voilà bien une vue de touriste et de nanti, car c’était charmant mais je n’y aurais pas vécu, sans eau, sans …rien ?
Demain, départ pour Grenade avec un premier arrêt à Carriacou. Grenade, c’est une île, mais c’est aussi un pays constitué de l’île principale, La Grenade, et des deux « îles sœurs » :Petite Martinique et Carriacou. Petite Martinique, minuscule caillou, n’est pas sur notre route et offre un seul intérêt : c’est l’île des contrebandiers et le gas-oil (et le reste) y est à des prix défiant toute concurrence. N’ayant pas besoin de gas-oil et ne fumant pas, nous irons à Carriacou qui a gardé un charme d’époque …
Le premier « petit pas » nous a conduit à Grenade, île bien connue, et pour le moment rien de dépaysant. Attendons la suite….
Le fier Capitaine met les voiles, paré de son coquin paréo facétieux....

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