mardi 31 août 2010

EAU DEHORS, EAU DU CIEL, EAU DEDANS, OH CATASTROPHE... 23 au 31 août 2010

Lundi 23 août

Depuis Archimède les bateaux flottent.
Gregory Suave

Et La Belle va ce matin retrouver son élément naturel ! Tout à coup, agitation sur le pont : on nous remet à l’eau sur le champ, si je puis dire. Vu la rapidité des délais pour le moindre travail et la moindre chose, cela nous étonne quelque peu. Et pourtant, je vois le ber qui arrive à grands pas, les employés commencent à enlever les rondins, ça alors ! Charly est là pour donner un coup de main, j’en profite pour aller me doucher avec Jeanne –qui ne me quitte pas d’une patte- . Je n’aime pas plus les sorties que les entrées dans la darse. Je me défile… 
Prête pour le retour


Petite balade en balançoire

Mer! Mer! Enfin....


Parlant de sortie, il y avait eu un petit accident : le conducteur du ber avait trop fait avancer le cata dans les sangles, et le haut du ber, une énorme poutre en acier, avait décapité notre éolienne. Sans nous traumatiser pour autant (quoique le « crââââc » fût lugubre) puisque le chantier étant responsable, il devait nous la remettre en état. Et comme nous avons commandé la « Rolls des Eoliennes » -une D-400 pour les connaisseurs- cela tombait bien : on allait récupérer une éolienne révisée, repeinte etc.
La bonne nouvelle est qu’en fait on va récupérer carrément un corps d’éolienne neuf car il y en a une au chantier. Et que des bateaux équipés en 24 volts, il n’y en a pas beaucoup. Donc, c’est pour nous.
Nous allons enfin respirer un peu d’air, et ne plus se battre contre les moustiques. Ou presque. Certains particulièrement sportifs arrivent quand même à tire d’ailes mais dans un état lamentable. Nous les achevons par bonté d’âme.  

Le machin à trois pales, c'est l'éolienne qui va mourir dans les secondes qui suivent.

Pour changer, il pleut. Au jeu des « hublots ouverts/hublots fermés, nous perdons la dernière manche en oubliant de fermer le hublot juste au dessus de notre lit. Pas grave, nous avons un cata version Versailles, il reste 3 cabines sèches !

Notre voisin Roberto, kamikaze de la réparation, a enlevé tout l'arrière de son bateau au marteau et à la scie...


Mardi 24 août

Des trombes d’eau s’abattent sur Grenade. Saison humide…. Nous allons à la capitale, Saint George’s, ce matin avec un planning chargé : acheter la nouvelle éolienne, passer à Prickly Bay , une marina de l’autre côté de la ville, récupérer la pièce du démarreur de la génératrice, et faire quelques courses au Supermarket. L’idée était de louer un taxi à plusieurs, ce sont des minibus, et de faire les trajets entre les boutiques à pied ou en bus de ville. Vu le déluge, la troupe est d’accord pour garder Georges et son minibus toute la matinée ! Il nous fait un bon prix -$EC50 de plus soit 13 euros de plus que le prix des trajets seuls, et il va nous attendre à chaque magasin. Ouf, ça soulage !
Les prix du Supermarket sont de plus en plus élevés. La tablette de chocolat local, le meilleur chocolat noir du monde –bio, fait main, emballé main et pas par des petites marmottes- à 70% de cacao coute $EC12 soit environ 4 euros. Tant pis, j’en prends 18. Pourquoi pas 20, me dira-t-on ? Une retenue…ça fait quand même 72 euros de chocolat, j’ai honte.
Saint George’s n’a pas changé. A part les derniers toits des églises emportés par Ivan le Terrible et qui ont été presque tous refaits. 
La capitale serrée autour du port

La rue du marché...un jour de marché!

J'avoue, j'ai triché: ce sont des photos prises un beau jour de grand soleil!


Mercredi 25 août

Chaleur lourde, insupportable. J’en ai mal à la tête une partie de la journée. Pas de vent. Un cyclone s’achemine à petits pas vers le nord des Antilles et nous « bouffe » tout notre air. La journée se passe à attendre, comme celle de jeudi la place au ponton promise par le chantier. En effet, lors de la remise à l’eau rapide, Luc a négocié un retour amarré à l’unique place de l’unique ponton pour avoir de l’électricité et installer notre nouvelle éolienne. Depuis il est enragé car, premièrement, notre place à terre est toujours inoccupée et un catamaran squatte la place du ponton. Son propriétaire, lassé d’attendre que les ouvriers du chantier finissent un travail sur son moteur, est parti… Où ? Nul ne sait. Alors, Nicolas, pas plus avancé que nous, promet que « Demain… ». On attend…Sans annexe, c’est assez pénible.

Samedi 28 août

Depuis hier, nous sommes amarrés au ponton ! Tout à coup, on a vu le catamaran collé au ponton se déplacer et ancrer devant le chantier. Le harcèlement que Luc a exercé ne doit pas être étranger à ce déplacement ! En quelques minutes, l’ancre est levée et nous nous accrochons au ponton comme des arapèdes avec la ferme intention de n’en bouger que par la force des baïonnettes ! Euh…Je m’égare. Que quand l’éolienne sera en place ! Depuis, ces messieurs s’activent. Et que je te soude les barres d’inox, assemble le mécano géant –une sorte de monstrueuse abeille à 4 ailes, nous l’appellerons Maya- redresse, mesure, cherche un outil farceur, râle…Des hommes normaux en train de bricoler, quoi. 
Salle d'opération installée, on attend les chirurgiens.
 
Charly a persuadé Luc de démonter tous les vieux supports qui ne supportaient plus rien (sauf le nain de bateau !) ainsi que les filières de l’arrière, pendouillantes, moches et inutiles. A la place, il nous a fait une superbe « rambarde » en inox, très design dans sa nudité. La vue est dégagée, et…Luc n’a plus de filières pour y suspendre ses chiffons et ses serpillières de travail… Je suis bien soulagée…
Avant: des filières pendouillantes...
Pour expositions sauvages!

Après: on peut noter la ligne pure et dégagée de la rambarde.
 Journée fébrile tant attendue: la nouvelle éolienne va éclore, fleur au vent, fleur de vent. Bon, c'est bien beau le lyrisme mais elle est surtout là pour travailler, nous doter d'une énergie monstrueuse et nous permettre de remettre en route le congélateur! Charly ne la lâche pas tant qu'elle ne tourne pas avec ardeur! Et Luc a les yeux de Rodrigue pour Chimène quand il voit ses jolies pales se mettre en mouvement. Ah, c'est beau l'amour.
Bon, alors, mon tube inox il finit là...

Mon Dieu, faites que la mesure soit juste...

L'affaire s'annonce bien, semble-t-il...

Et si on le lâche?

La Rolls des éoliennes, la fameuse D400 !

Fin d'une journée très chaude.

Le soir, une petite troupe se retrouve sur la Belle pour une dernière soirée avec Joël et Marina qui rentrent en Martinique le lendemain : rentrée des classes dans quelques jours pour Joël qui est –en dehors de bricoleur pour remise en état totale d’un voilier acier posé pas loin de notre cata- prof de musique à Fort de France. Roberto et Isa se joignent à nous, leur bateau bois est ancré dans la baie. Nous sommes 7… Que faire sans produits frais ? Pas d’épicerie ni de légumes sur ce chantier à des kilomètres de la ville. Finalement, ce sera lasagnes. J’ai des boites de tomates concassées, des épices, et…du lait en poudre maternisé ! Une regrettable erreur de Luc parti acheter du lait en poudre à Sainte Lucie, île Anglaise. Il est revenu triomphant et brandissant  la plus grosse boite trouvée sur l’étagère. Donc, on ne va pas la jeter ! Il est spécifié « Pour enfants de plus de 6 ans » : on est dans les clous. Sur-vitaminé et enrichi en tout ce qu’on veut, environ 3000 calories aux 100g, du costaud. Et légèrement sucré. Mais avec la « touche spéciale béchamel de ma maman » -un trait de vinaigre à la fin de la béchamel- c’est succulent….Et le tout recouvert de Vache qui Rit fondue. Ah, la Vache Qui Rit.  Tiens je vais faire un blog sur les recettes « Produits détournés » ou « La cuisine Customisée de Marie ». J’y songe…Je disais donc, la Vache Qui Rit. Un must have dans un bateau. Ou ailleurs. Un stock de Vache Qui Rit et l’équipage est sauvé. On en fait des choses avec : des tartines, bien sûr, mais aussi des gratins, des cakes, des tartes au fromage et même…du fromage fondu pour les pâtes. Retour aux sources. C’est un fromage mondial longue conservation, une bénédiction. Et quand je dis Vache Qui Rit, je ne suis pas chauvine. J’achète aussi bien « La Belle Vache Souriante » que « The Smiling Cow » voire « La Vaca Rienta ».
Belle soirée animée. Luc glisse discrètement vers son lit aux alentours de 10h, il est épuisé. Charly, Roberto et Isa restent jusqu’à minuit environ. Et nous refaisons l’Education Nationale, la Martinique et le monde en général avec Marina et Joël jusqu’à 2 h du matin.
Il faut au moins ça pour refaire l’Education Nationale.

Dimanche 29 août

Journée de rangement, de finitions, d’Internet (il faut profiter de la très bonne connexion du chantier). Skype fonctionne à merveille et j’en profite pour appeler parents et fiston, regarder les dernières nouvelles de Manon sur son Facebook et lui écrire un mot. Et continuer le journal !
Je me lance aussi dans la confection d’un « Far Grenado-Breton » : pruneaux d’Agen, lait maternisé de Sainte Lucie, vanille, muscade et sucre roux. A emporter ce soir chez Cathy et Pierre-Jean pour LE couscous de Cathy ! Nous avons pu faire quelques courses pour eux en Martinique, des produits introuvables à Grenade comme de la semoule, des épices à couscous, du sirop d’orgeat et…du bon café !
Jeanne est de la partie bien sûr, elle va faire connaissance avec Isa, la vieille bergère allemande et Seajo, un jeune chien de garde tout fou mais déjà imposant. L’insécurité grandit à Grenade comme ailleurs et Cathy et Pierre-Jean se sont fait cambrioler un soir, alors qu’ils étaient …devant la télé. Depuis, Cathy restant seule de temps en temps, ils ont adopté le petit nouveau. Qui va me mordre le coude mais sans méchanceté (si, si !) parce que je porte Jeanne, terrorisée par la curiosité de ce grand gamin, dans les bras. Il saute et en fait m’attrape le coude pour avoir à son  niveau l’asticot noir qui grogne dans mes bras. Mais le loustic a de grandes dents (un ancêtre loup, je suis sûre). J’ai deux jolies petites marques. Pourtant, j’ai bien senti qu’il ne serrait pas du tout, juste…il amenait mon bras à sa hauteur ! Ce sera un excellent chien de garde quand il aura appris à maitriser sa curiosité !

Mardi 31 août

Journée catastrophe. La carte bancaire est introuvable. Une jolie carte Gold qui a du faire des envieux. Disparue avec le porte-monnaie contenant $US200… Luc est furieux contre lui. Il a posé le porte-monnaie sur le comptoir du bar, après avoir payé son coca et… après, le flou. Le fait est que la serveuse n’a rien vu, personne au chantier non plus. Il faut faire opposition tout de suite car ici, pas de code pour payer avec la CB. Une signature suffit sur la note. Comme aux USA. Dangereux système plutôt rétro !
Ruminant des envies de meurtre, nous faisons le plein d’eau avant de quitter le ponton. Hier soir j’ai fait 3 lessives jusque tard dans la nuit et les cuves sont vides. Une cata n’arrivant pas sans une autre, les cuves débordent un bon moment avant qu’on ne s’en rende compte. Tout le coffre à chaussures est inondé, l’aspirateur trempe dans l’eau…L’ambiance est à l’orage…
Curieusement –et Luc en est tout aussi ébahi que moi- je reste d’un zen imperturbable. Je ne me reconnais pas. Après tout, ce ne sont que des soucis d’argent, de contretemps (récupérer une CB) et d’objets divers qui en plus ne se sont pas abimés. Alors…Il y a plus grave dans la vie.
Au bureau du chantier, c’est la consternation. Ils n’aiment pas ces histoires de vol qui jette un voile soupçonneux sur les employés Grenadins. Mais les plaisanciers sont tout aussi soupçonnables. Nous savons bien que les ¾ des vols d’annexes, par exemple, sont le fait de bateaux quittant brusquement le mouillage en emportant un souvenir… Raquel, la secrétaire que Luc connait depuis longtemps, ne nous fait pas payer les 4 jours au ponton. Geste apprécié après tous ces ennuis.

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