Le Fokker est un vol en sous traitance de British Airways, l’Airbus est la célèbre «Bétaillère des Antilles», tout simplement.
Le temps de boire un Perrier, accompagné royalement (compagnie Anglaise oblige) par 3 (je dis bien 3) sablés Mont Saint Michel, et on atterrit à Orly. La porte des vols Antilles est toujours aussi facile à repérer : c’est le dernier hall, la porte tout au fond, avec le plus de panique car pour tous les vols il n’y a que deux passages de sécurité, un monde fou et des paquets partout. Et des mamies avec des piles au cœur qu’il faut éviter de faire passer sous le portique sous peine de se retrouver avec un lapin Duracell en fin de parcours sur les bras – donc doucement diriger la mamie qui s’inquiète, à juste titre, vers un autre passage-, des enfants par paquet de douze car c’est la fin des vacances en métropole pour certains ou le début pour d’autres, et des passagers qui n’ont toujours pas compris que si on ne veut pas poireauter des heures au passage du portique, soit on enlève avant sa ceinture avec boucle acier, sa montre, ses bracelets, son collier inox, son soutien-gorge à armature en plomb, soit on n’en met pas. Le déshabillage-rehabillage de certains après trois ou quatre passages sous le portique (à chaque fois on épluche un peu plus) crispe un peu les nerfs. Lequel portique est un brin capricieux : à Montpellier, pas de sonnerie. Et là, surprise : je tilte. Tiens donc ? Un jean, une petite culotte tout coton et un tee-shirt, bizarre. «Le stérilet, peut-être?» Proposais-je à la charmante mais un peu sur-bookée agente de douane, qui me répondit par un regard dubitatif mais non exclut d’interrogation. Bref, le gros problème s’est trouvé dans le sac de Jeanne (Jeanne étant dans mes bras en train de faire du charme au douanier). Son collègue sonne l’alerte : sur l’écran de contrôle, un objet de forme agressive ayant tout du poignard prévu pour attaquer l’équipage, apparaît. Entre deux guili-guili sous le menton de Jeanne, notre douanier se penche et crie : «C’est une carotte». Coup d’œil en biais du collègue, signifiant en langage codé des douanes «Tu te fous de moi?». Auquel l’autre répond en attrapant la carotte-coin-coin de Jeanne et lâche un beau coin-coin pour prouver sa bonne foi. Ouf, on l’a échappé belle.
Les 400 passagers déjà agglutinés devant le comptoir, l’embarquement commence. On s’assied, et on rentrera en dernier. Pourquoi planter ¾ d’heure en se collant au voisin, l’avion ne décollera pas sans nous et notre place est réservée. C’est toujours un grand mystère pour moi que cette passion pour le troupeau, typiquement humaine et encore plus touristique.
Huit heures de vol. J’ai choisi des places sur la rangée du milieu car d’après mes calculs résultant d’une longue expérience des vols transat-antilles: si on prend côté hublot, il faut être trois. Sinon, on aura un voisin coincé qui va nous déranger pour se lever au moins trois fois (pipi, marcher un peu) ou nous le dérangeons - dans mon cas au moins 10 fois (pipi, boire, pipi, boire…) Donc, si je réserve rangée du milieu, je prends deux places et nous ne dérangeons que nous-mêmes. Les deux autres se débrouillant de l’autre côté. Luc est au bord du couloir, j’ai pensé que c’était plus prudent vu que mes voisins sont une petite Canelle de 3 ans, et son cousin Jules de 5 ans. Légèrement surexcités par le voyage. La grand-mère, qui a une place derrière vient me voir: «S’il vous dérangent, appelez-moi». Pas de soucis ma bonne dame, j’en ai maté d’autres et des plus coriaces. Je mets les choses au point sur le champs:«On ne crie pas, on parle normalement, et on attend le décollage pour le dessin animé». Je leur précise que je suis maîtresse d’école et qu’ils n’ont pas de bol, si il faut sévir, je sévirais! Canelle se calme et Jules me lance un regard noir. Mais le voyage se passera bien, et vu le gabarit de la petite, j’aurais presque deux sièges pour moi. Dès le départ, je leur ai montré Jeanne endormie dans son sac (on ne fait pas de bruit pour ne pas la réveiller…), une fois et une seule, et leur ai conseillé vivement de l’oublier.
Luc sympathise rapidement avec le Stewart, tout à fait charmant. Le personnel est toujours très agréable, même sur ces vols-bétaillères. Qui plus est sur ces vols où touristes et résidents sont entassés comme des poules pondeuses! La bonne humeur en prend un coup au bout d’un moment… J’ai pu assister à des scènes croquignolettes. Du touriste de base, Bidochon et Germaine, qui comme bagage de cabine ont gardé l’énorme valise qui pesait trop lourd en bagage, laquelle valise bien sûr ne rentre pas dans les casiers et qui la posent au milieu du passage. Le personnel trouvera bien une solution puisque tout le monde est embarqué et qu’on ne peut plus les faire descendre sans retarder tout l’avion d’au moins une heure! Satisfaits d’eux, ils attendent avachis sur leur siège, et les passagers aussi attendent… qu’une hôtesse craque et range la valise dans le local du personnel.
Deux verres de Champagne apparaissent (par miracle?) «Avec les compliments du personnel de bord»! Mais comment savent-ils que c’est notre «voyage de noces»? J’ai comme un doute.
Si quelqu’un voyage sur Air France-Antilles, un conseil: choisissez en prenant le billet le repas «végétarien». C’est pas mal, disons « moins pire » -on ne se pose pas la question cruciale «Tiens, c’est du poisson ou du poulet le gros machin blanc qui se noie dans la sauce?»-et les repas «choisis» (Indien, Kasher, Sans œufs etc., on peut tout essayer) sont servis avant les autres car c’est un casse-tête pour l’équipage!
Un film, un petit somme, et voilà l’aéroport Aimé-Césaire. Notre comité d’accueil est présent: Annabelle, la fille de nos amis Dominique et Serge, et Maxence, mon filleul, magnifique petit homme de 2 ans.
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