samedi 25 septembre 2010

NATIVIDAD DE LA SANTISIMA VIRGEN MARIA, le 8 septembre 2010

 Mercredi 8 septembre

« La nativité de la vierge fait fuir les hirondelles »
                                                                                  Dicton Populaire




5h45 pétantes
, un tir groupé de pétards réveille en douceur les joyeux fêtards endormis sous les tentes, sur la plage…et bien sûr, dans les bateaux ancrés dans la baie.
Au cas où l’un d’entre eux serait un peu sourd, à 6h pile, la sono géante se met en route pour un envoi de décibels à faire pâlir les plus grandes rave-partie de ces dernières années. Et pas du tendre : de la salsa-techno (un concept musical local décapant) au petit déjeuner, voilà qui met en forme.
Les yeux en papillotes nous buvons notre café sur le pont bercé par les POUM-POUM des basses qui font vibrer les coques. Vers 9h, un miracle (la Vierge s’en serait mêlée ?) se produit: le silence, soudain. Un silence presque parfait : même les pétards lancés à tout va ne nous gênent plus. En fait, peut-être une vulgaire panne d’essence du groupe électrogène qui alimente les quelques maisons du coin ET la sono ? C'est bien les pannes, parfois.
Jeanne se transforme en furie poilue dès qu'elle entend le "pschuuuuuiiiiiiiiit" qui précède le "PAN" du feu d'artifice quand il éclate en plein ciel. Ces énormes pétards sont en fait des feux d'artifice. Elle n'a pas peur, ah non!!! Elle trépigne de rage. Pire depuis qu'elle sait quand ça va éclater. Au début, elle s'égosillait en se dressant sur ses courtes pattes au moment de l'éclatement, maintenant, elle commence dès le bruit de la mise à feu! Ce qui n'arrange pas nos oreilles. Nous avons vu arriver, sans comprendre, ces brassées de feux d'artifice ou de fusées ou gros pétards, comme on veut!. Ils sont installés en rampes serrées sur la plage ou sur le toit des grosses barques de pêche. Et tirés à chaque arrivée de barque ou de bateau et à chaque départ. Compte tenu des dizaines d'embarcations présentes et de la bougeotte perpétuelle des Testigeros et des autres aussi -aller dire bonjour au tonton, repartir chercher quelqu'un, oublier le bidon d'essence sur l'île en face, etc.- les pétards sont devenus un bruit de fond....

    Rampe de pétards prêts à l'envoi!

Départ de barques, pétards (dicton du jour)

Lancer de pétards du toit de la Lancha

Les 6 bateaux Français présents ont rendez-vous à 9h30, sur la plage avec Maria et ses deux équipières : elle va nous guider pour que nous profitions au maximum de cette journée magique. Une chance extraordinaire, non seulement nous allons pouvoir être là où il faut au bon moment mais en plus on va tout comprendre !
C’est ce matin, en débarquant au ponton devant la Gardacosta, que je me rends mieux compte de la mini-ville de tentes Igloo qui a poussé depuis deux ou trois jours sur le sable. Collées, encastrées, au raz des vagues, les tentes multicolores abritent des familles entières, dans la joie et la bonne humeur !
Matinée farniente


                Les enfants barbotent, les parents se préparent pour la sortie de la Vierge et la procession. Pas d’effet de toilette, ils sont venus en barques de pêche –les « Pinéros »-  sans protection depuis Margarita ou le continent. Les dentelles et les costumes ne résisteraient pas à plusieurs heures de navigation sous les embruns. Et puis, avec cette chaleur…Donc, c’est soit short/mini tee-shirt bien moulant, soit maillot de bain/mini tee-shirt bien moulant. Et quand je dis bien moulant, c’est qu’il y a de quoi mouler. J’entends pour ces dames. Au Venezuela, on peut appeler affectueusement sans créer d’émeute une femme –ou un homme- « gordita » ou « gordito ». Ce qui peut à peu près se traduire pas « ma petite grosse » ou « mon petit ventru » Signes de bonne santé et d’aisance, les bourrelets s’exposent avec fierté. Je n’imagine pas la tête d’une copine en France à laquelle on s’adresserait en public en lui susurrant « ma petite grosse »…

Pineros de pêche amenant les familles
En route...
Devant la chapelle, les Gardacostas attendent : eux seuls ont l’honneur de faire sortir la statue et de la ramener «  a la casa » en fin de pèlerinage. La chapelle est décorée avec simplicité et fraicheur : des fleurs, beaucoup de fleurs, un beau palanquin (je n’ai pas trouvé d’autre mot !) de fleur pour le transport d’une Vierge en habits neufs. Chaque année, elle a un nouveau costume ensuite exposé à Margarita. Cette année, ce sera mauve et blanc. Avec des flots de dentelles et des bouillonnés de tulles.
Autour des gardes, les « Miss » qui accompagnent le cortège, ceintes de leurs écharpes roses. La « Banda », fanfare locale en pleine forme –à se demander d’où ils sortent une énergie pareille après la soirée d’hier et la courte nuit- rythme nos pas.






La Lancha "Jordàna"
Nous suivons  le cortège, et même le précédons pour photographier, le long de la plage. Maria nous « parraine » : nous sommes invités sur la Lancha qui transporte statue, gardes, banda, et miss. Et un monde fou.
La « Jordània », prête à s’envoler avec ses dizaines de ballons blancs et bleus (je pense au film « Là-haut » en l’apercevant !) a mis le grand pavois composé de fanions publicitaires…pour la bière Polar ! Sur le toit, une rampe de pétards allumés en série dès que le cortège s’approche.
Bousculade, il faut lever haut la jambe pour enjamber le bastingage : le ponton n’est pas prévu pour une embarcation aussi haute. Serrés comme des filets d’anchois, nous nous entassons sur la « Jordàna ». Je pense à la tête des services de sécurité en mer de chez nous s’ils voyaient ça… Le toit terrasse de la Lancha est surpeuplé aussi. C’est un honneur d’être là, et nous apprécions énormément cela. La Lancha s’élance vers Tamarindo, sur Testigo Grande, suivie de toutes les Lanchas et Pineros remplis de pèlerins. Petit moment de flottement au départ : elle ne s’élance pas vraiment du premier coup car le capitaine non seulement ne voit rien mais le bateau pique du nez de façon peu catholique (en la circonstance). Trop de monde à l’avant autour de la statue des Miss et des gardes, trop de monde debout sur les bastingages, nous passons à l’arrière pour premièrement respirer, et deuxièmement éviter un naufrage de mauvais aloi ! La Banda joue à fond, tout le monde s’agite et les verres de planteurs commencent à tourner. Les bouteilles d’anis, alcool fort apprécié ici, aussi. Maria a apporté du planteur, allez, il est déjà 11h, il est temps de s’y mettre !

Ambiance à bord


Cherchez Charly!





Regard inquiet du Capitaine qui ne voit pas la mer...




A l'arrière, c'est l'heure du planteur.

Une partie des Français

Autour de la Jordàna, un essaim de Pineros et de Lanchas suivent au plus près. Impressionnant cortège dont parfois un Pinero se détache et vient au ravitaillement. En vol ! Visiblement, nous sommes sur le bateau distributeur. Les packs de bière s’envolent et atterrissent dans les pineros avec une dextérité qui témoigne d’un entrainement certain. De nombreuses années à première vue !

Belle de Lune cernée



Escorte

Quand je dis qu'il y a du monde!

Je ne plaisante pas...

Et bien groupés autour de la Jordàna

Ravitaillement en vol réussi


Pas de ponton à Tamarindo. La Vierge est débarquée avec les gardes et les Miss par une pinero qui vient les chercher : exercice périlleux. Mais pas autant, quand ce sera notre tour,  que pour certains –en particulier certaines- de nos touristes qui n’ont pas la patte agile.
Débarquement de la Vierge

Les Miss prennent leur charge très au sérieux


La Vierge va s’arrêter dans chaque maison, une dizaine au maximum. Chaque devant de maison a été décoré, une table prévue pour poser le palanquin et après les chants et prières, les verres de rhum et les plateaux de petits biscuits passent. A la 10è maison, on va être frais. Pour pallier à cet inconvénient mais aussi par pure fainéantise, nous laissons le cortège continuer sans nous jusqu’à la maison d’une de filles de Chon-chon, à côté de laquelle se dresse une petite chapelle où la Vierge restera jusqu’à mercredi prochain. Ce jour-là, elle ira à l’autre bout de Testigo Grande visiter les dernières maisons de cette île avant de retourner à Isla Iguana.
Pour le moment, nous sommes accueillis par Benjamin, qui a prévu devant sa maison sono, glaçons et chaises, à l’ombre. Le planteur de Maria se sirote au rythme de la salsa. Benjamin nous fait danser, on danse aussi seuls, accompagnés, avec verre, sans verre…Bref, tout va bien !

Premier arrêt



Au suivant

Chez Benjamin

Sono et bonne humeur

Charly et le planteur de Maria


Après-midi discothèque sous la paillotte commune –comme sur Isla Iguana, une construction constituée d’un sol cimenté, de pilier en fer et d’un toit de tôle prévu pour toutes les activités communautaires, festivités ou regroupements. Ou tout simplement pour se retrouver et discuter le soir ! Pour le moment, la musique est à fond. La piste est bondée, chacun danse sur les 20cm2 chèrement acquis qu’il a pu se dégager. Nous, on se met à l’ombre, moi allongée sur une barque, à sec et à l’ombre, Luké sous un cocotier, les autres un peu partout et on somnole comme on peut. Entre la chaleur et le planteur… Ceux qui n’ont pas pu entrer sous la paillotte, ou qui ont trop chaud, sont dans l’eau, armés de bouteilles. L’alcool coule à flots, c’est une évidence et ce la semble faire partie intégrante de la moindre fête ici. Mais je suis encore étonnée de l’ambiance qui est toujours restée familiale, de la bonne humeur générale jamais altérée, des hommes bien « burrachos » (bourrés !) et parfois un peu trop « carinosos » (collants, disons !) mais jamais agressifs L’Amérique du sud aurait-elle le privilège d’avoir l’ivresse sociable ?
Tout à coup, tout s’agite autour de nous. J’ai peut-être raté un épisode dans ma barque. C’est le retour et la course des Lanchas ! Ah bon ? C’est à celle qui partira le plus vite et si on veut trouver une place sur l’une d’entre elle, il faut d’abord sauter dans un pinero qui peut nous y déposer. Euh…laquelle ? Le temps de réfléchir, le pinero qui a embarqué une partie de notre groupe et qui se trouve devant moi a mis les moteurs (ils en ont toujours deux, et des gros) et commence à partir. Je cours, m’agrippe au plat-bord…sous les cris d’encouragement de la foule en délire (j’exagère un peu mais quand même…) et me hisse, non, on me hisse, me tire, enfin, me projette tête en avant dans l’embarcation. Je comprends pourquoi on ne s’est pas mis sur son 31. Je suis trempée et ravie.
La course des Lanchas est lancée, la notre est… dernière ! Nous avons deux bébés à bord et une petite fille, peut-être le capitaine ne veut-il prendre aucun risque. De plus, ils ont oublié de vider la cale remplie d’eau de mer pour conserver les poissons. Un matelot plonge avec masque et tuba (et un seau) pour vider la cale. Voilà qui ne nous avance pas. Et puis, la bouteille d’anis commence à tourner. Nous ne sommes que 6 Français sur cette Lancha, les autres sont montés sur une autre. Avec les parents des petits, le capitaine et l’équipage, pas plus de 15 adultes. Donc, on discute un peu avec nos trois mots d’Espagnol, et malgré mon peu de goût pour l’anis, je ne peux pas refuser la rasade offerte ! Et bien, je ne sais pas si c’est la fatigue, mais je ne trouve pas ça mauvais du tout. Bon, je n’y reviendrais pas plusieurs fois comme beaucoup autour de moi (sans citer qui que ce soit !), mais enfin…
Retour à Isla Iguana

D’autres ont visiblement abusé. Vers 16h, nous attendons sous la paillotte d’Isla Iguana où tout le monde est retourné, le départ de la fameuse course de Lanchetas, les petits bolides qui volent sur l’eau, dressés sur l’hélice.
Il a été demandé à certains voiliers de se déplacer car ils étaient sur le parcours de la course. Parcours bien hermétique pour nous. Pas de bouée mais des points à rallier –la pointe de l’île, tel bateau à contourner- et retour sur la plage. L’animateur parle à toute vapeur dans son micro de capitaines, d’alcool et danger. Capitaines ? Burrachos ? Ben oui. La course est reportée parce que beaucoup –soyons francs, tous !- de pilotes de Lanchetas sont très très très gais. Et plus si affinités. Ce doit être grandiose vu la tolérance vis-à-vis de l’alcool dans le pays. Alors, la course est reportée. Mais quand ? Oh, demain, ou après-demain. On verra. Pour le moment la fête continue, la buvette ne s’est pas rouverte, je crois qu’elle n’a pas fermé. Et la sono se donne à fond !
Mon Capitaine aime bien le planteur lui aussi...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire