lundi 18 avril 2011

WE DID IT !!! EUH … PARDON … ON S’EMBALLE: NOUS L’AVONS FAIT !!! Partie 2, le 17 et 18 avril 2011

 
“Le plus beau voyage, c’est celui qu’on n’a pas encore fait” …(Loïc Peyron)


Lundi 18 avril, Lac Gatun
Le réveil à 5h est à la fois difficile et dynamique: on est encore fatigués de la veille mais surexcités à l’idée de la journée qui s’annonce. Et encore, là, on ne sait pas tout. La fatigue de la veille a reçu le coup de grâce une fois arrimés à l’énorme bouée jaune au milieu du lac, suivant le conseil du pilote. Le lac est parsemé de bouées, du genre poids lourd, permettant d’arrimer un, deux ou trois bateaux. La notre supporte déjà une embarcation sur laquelle est fièrement inscrit “Sea Shepherd”, le Berger de la Mer, du nom de l’association de protection de la vie marine, thons, baleines et requins en particuliers, espèces décimées à nouveau par les armadas d’assassins qui pratiquent le génocide animal plus que la pêche: chaluts monstrueux équipés façon 3è guerre mondiale, Japonais, Norvégiens etc.. Le navire principal de Sea Shepherd, conduit par Paul Watson, un fada incroyable, est armé d’un rostre en acier pour éperonner les chaluts. En toute simplicité, puisque les lois ne veulent rien dire pour certains. Bref, comme nous faisons partie de l’association - mais à notre modeste échelle, nous n’empalons pas encore les pêcheurs que nous croisons- nous sommes tout content de rencontrer un équipage et de partager une bouée avec un bateau de l’association. Joie que ne partage visiblement pas l’équipage en question. En gros, on est accueilli par “Fichez le camp, on était là avant vous”. OK, mais alors lâchez la 2è bouée, faut pas pousser, deux bouées pour un bateau, y’a de l’abus. Le ton monte vite, nous on s’est amarrés par la volonté… euh, la notre, et on n‘en partira que quand on voudra! On est Français, nous, messieurs, et nos ancêtres n’ont pas fait la Révolution pour qu’on se laisse enquiquiner par trois malotrus!!! Non, mais. A bout de ressources, Jean-Jacques qui est furieux autant que Luc, décide de ne plus parler qu’en Français : après tout, pourquoi est-ce qu’on parlerait toujours en Anglais, ils n’ont qu’à apprendre le Français, eux aussi. Et Luké décide de ne plus leur parler du tout! Et de préparer l’apéro. Chaude ambiance sur le Lac Gatun, ça swingue. Surtout que nous apprenons qu’ils attendent un pilote pour passer le canal en début de soirée…  Une heure après, ils sont partis. On n’a toujours pas compris en quoi on les dérangeait!
Seasheperd Je sors alors l’arme fatale, un énorme plat de lasagne amoureusement cuisiné par mes petites mains il y a quelques jours et qui attendait au congélateur. Un petit Merlot et tout le monde au lit.
Donc, ce matin, 5h30, je suis armée de ma poêle et prépare un stock de pancakes. Confiture de mûres de Panama, café, lait, gâteau moelleux, tout est prévu pour une journée d’enfer qui va commencer sur les chapeaux de roues par l’arrivée du pilote à 6h15 précises !
6h30: nous voyons passer les pilotines qui déposent les pilotes sur les deux autres voiliers. Puis qui filent sous notre nez tout en nous faisant de grands signes (c’est gentil…) “On revient”. Oui. Mais quand?
A13-ptit déj
8h: Juste avant que Luké n’explose, une pilotine déboule et jette en vrac un grand, très grand (presque 2m) pilote, souriant malgré une mine encore toute  enchifounnée. Il a travaillé jusqu’à 3h du matin la nuit dernière pour les passages de nuit, et il a été tiré du lit il y a 30mn car il manquait un pilote. Pour nous bien sûr.  Nous avons donc presque deux heures de retard sur les autres voiliers. La traversée du lac est longue, plus de 4h. Commence alors l’organisation-pays: une alternance d’ordres, de contre-ordres, de non-ordres et de “No sé” qui amènent Luké au bord de la crise de nerf. Mais il gère… et rien n’apparait: seulement, moi je le connais, l’animal! Ce sera l’occasion de vérifier aussi que les moteurs tournent bien! On fonce.
Nous sommes sauvés, Moïse est avec nous. Un type qui a ouvert la Mer Rouge ne peut que nous guider jusqu’au Pacifique sans problème. Tout ce qu’on lui demande, c’est de ne pas vider les écluses au mauvais moment. Je vais le surveiller.
A11-Moise                                                                  Pancakes, sirop d’érable, jus… Le grand gaillard se réveille tout à fait!
A6-Lac Il guide le Capitaine pour que la Belle reste bien dans un chenal balisé: de part en part, apparaissent au dessus de l’eau des… cimes d’arbres, laissant présager que dessous, il y a encore une forêt! Le Lac Gatun est un grand lac artificiel, recouvrant parfois à peine des hectares de forêt. C’est aussi la réserve d’eau du Panama et était utilisé pour les écluses à perte avant qu’il n’y ait un système de récupération de cette eau ( partaient à la mer à chaque ouverture des portes des milliers de mètres cubes d’eau douce). Pour ce faire, tout un paysage a été noyé. Et les arbres se dressent encore là, juste sous la surface. Le chemin balisé n’est pas une fantaisie…
A7-cargoLes cargos passent…

A12-Cargo
A8-cargo

La monotonie du trajet se trouve tout à coup interrompue par une visite surprise. Le loft préparé à Portobello par la famille Hirondelle du Faubourg (nous faisons dans la particule) en cachette et sans permis, semble trouver preneur. Une magnifique “studette” –un petit studio-, bôme aménagée avec tout le confort moderne, nid neuf, entièrement abrité avec vue sur la mer, l’agence Aviaire n’a eu aucun mal à dénicher (oui, je sais, j’ai osé) un jeune couple à la recherche du logement idéal.
A3-hirondelle
A2-Hirondelles                                                                                                         Monsieur fait une pré-visite.
A4-hirondelle                                                                                            “Chériiiiiiiie, c’est vraiment sympa, viens voir…”   
A5-Hirondelles Il y a pourtant un truc qui cloche… “Ce fichu nid d’amour n’arrête pas de bouger, il s’éloigne de nos contrées”. Comme d’habitude, l’agence avait omis de signaler un point essentiel: il s’agit d’un nid de voyage monté sur voilier, pour jeunes couples désireux de voir du pays. Monsieur et Madame Hirondelle du Canal ne désirent pas changer de paysage chaque jour. Tant pis.
P1000142                            “AAAAAHHH … Noooooon !!!! Pas question de partir loin de mes parents ! On reste dans le vieux studio du Lac Gatun!!!!”
A1-Hirondelles                                                                                                                     Au revoir…
Bon, on s’occupe comme on peut… Le lac est un brin languissant pour ceux qui l’ont déjà traversé, et si il y a des crocodiles sur les berges, moi, je ne les vois pas ! “Regarde! Le tronc d’arbre, là-bas, au milieu des troncs couchés sur la berge, celui qui a des yeux, c’est un crocodile!”. Moui… je veux bien. Mais mon père, toujours admiratif de sa fille, ne m’avait pas surnommée “la taupe” quand j’étais gamine pour rien. Et même avec les jumelles, je ne vois que des troncs d’arbres. Sans yeux. Ah, c’est vrai, j’avais oublié: le Lac Gatun sert de base aux bateaux qui passent et aux crocodiles qui restent. Interdit de se baigner et quand un inconscient met un orteil dans l’eau, une voix surgit des haut-parleurs qui entourent le coin des bouées “On sort de là et fissa, crocodiles en vue”. Direct, simple, efficace.
Nous croisons un transport d’éoliennes! En kit. Le cargo est norvégien mais se nomme “L’étoile du Japon”. Association de malfaiteurs?
                                              A14-Cargo                                        A15-Cargo
Le capitaine surveille la route, l’équipage euh… se décontracte avant les dernières  écluses!
                                             A17-JJ et G                                          A16-JJ,M et M
La “Rumba de Panama” peut commencer… Les deux voiliers avec lesquels nous devons passer sont en avance de plus de deux heures. Et, pour arranger les choses, le passage prévu initialement à 13h est reporté … à midi (c’est bien les seuls à être en avance dans ce pays). Alors ??? Moïse est suspendu à son téléphone. Luké accroché à la barre.
B-2-début canal
                                                B-1-début canal                                          B-3 début canal
                                      Fin du Lac Gatun, début du canal, un cargo bouche l’entrée…
Les pilotines vont pousser à un bout et tirer de l’autre pour dégager le passage. Pataud, ces gros engins.
                                                      B-4 cargo et pilotines                                                    B-5 cargo et pilotines
Dans le style “Qui c’est qui sait ce qu’on fait?” et le genre “Personne, mais pas grave parce que ça change chaque minute”, nous avons été servis en ce qui concerne le passage des dernières écluses! Pendant TOUT le trajet à travers le Lac Gatun –23 milles et 4h de navigation- les consignes ont changé au moins 25 fois. Et je n'exagère pas. (C'est là que j'ai mis Luké sous Euphytose à fort dosage). Plusieurs versions, servies dans le désordre, et avec fonction "reverse":
1) Nous arrivons trop tard, ils sont passés sans nous, on doit attendre le lendemain.Oui, mais notre équipage travaille le lendemain, pas que ça à faire!
2) Nous arrivons trop tard, ils sont passés sans nous. On passe seuls. Gloup, seuls au milieu du canal ? Ben oui, faudra tous être à poste et aux toulines. Et avoir le bras long. Bon.
3) Ils nous attendent et on s'accroche en grappe comme la veille.
4) Ils nous attendent mais on suit derrière. Euh...Comment? "No sé" . “No sé'” (je ne sais pas) étant le second credo local avec "Manana" (demain).
La gagnante est : La version 4 !!!!
Nous arrivons à l'écluse, les autres attendaient sagement. Mais déjà attachés et à la porte de l’écluse. Trop tard pour nous ? On s'accroche ou non ? Même bagaï, enfin, même bordelou: un coup oui, un coup non. Un coup on s'accroche avec les autres,un coup on se débrouille seuls. Et ça dure…
Scoop : On se débrouille seuls !!! OK. Donc on est derrière les voiliers? Oui. Ah!!!!! J'appelle Papy et Mamy à Palavas avec mission de relayer à Fanette et Mounie (sœur et mère de Luké) qui sont devant l'écran avec Georges ( beau-frère!). Dès que j'ai raccroché, la consigne change. On passe devant les voiliers. Je retéléphone.
B-6 entrée écluseEntrée de l’écluse, suivez la flèche!

Et puisqu’on passe seuls, on se met au milieu ou on s'accroche d'un côté contre le mur ? Après 3 changements, on doit s'accrocher au mur. Les toulineurs, ceux qui envoient les cordages pour guider les bateaux et éviter qu'ils tapent sur les parois, sont perplexes et ont du mal à comprendre. Donc on se colle à la paroi, avec des pneus partout etc, pour la descente du 1er niveau.
                                               B-7 entrée écluse                                      B-8 entrée écluse
Mais c'est trop dur pour maintenir le cata avec le remous, ça bouge, ça tape, pas bon.  Au 2è, Moïse demande à ce qu'on soit à couple avec un joli  promène-couillons, qui se trouve être l'ancien bateau de contrebande d'Al Capone. Rempli d'Américains et de Français, et autres...Ouf, voilà qui est plus tranquille pour nous: c'est lui qui est contre la paroi! 
B9-ds écluse
Et on descend, on descend…Les portes s’ouvrent, plus qu’une écluse et on y est!
 C1-descente écluse
Donc, nous passons devant les voiliers cette fois et visons le “promène-couillon”, qui fera tampon avec le mur!
                                                   C5-dernière écluse                         C4-arrivée dernière écluse
La der !!! L’écluse ultime de Miraflores avant le Pacifique… Le Capitaine se décontracte et c’est lui qui appelle pour les dernières consignes côté France. Sous réserves de…NON! Là, c’est bon, on est accrochés comme des arapèdes sur un rocher au voisin. qui déjà a un air penché, et plus question de changer!!!
C6-tél france “Papy, tu m’entends??? Tu nous vois??? On est LA, oui, LA !!! Je ne t’entends pas !!!! Mais tu nous vois????”
ILS NOUS ONT VUS !!!
C2-Salut liners        
Au revoir, les Liners du Canal de Panama! Au revoir, le Canal!
           D3-ouverture                          D5-ouverture                       D7-ouverture
D8-ouverture Pacifique, nous voilà !!!! Ah ah ah !!!!!
La dernière écluse s'ouvre ? Champagne !
                                C9-champagne                                        D1-petits fours maison                                    C9-ochampagne3
Et petits fours maison…
L’équipage hulule, Jeanne se cache, les touristes Japonais du bateau d’Al Capone photographient ces “Crazy Frenchies”! Le Capitaine est tout ému ... moi aussi.... Le mythique Pont des Amériques, qui relie les deux Amériques depuis le creusement du Canal, se dresse face à nous. Snif…On y est…
D9-Pont des Amériques
Et Luké réalise un de ses rêves : passer sous le Pont des Amériques à la barre de son voilier…
Luke pont des Ameriques 

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