“Iuventus stultorum magister” …( La jeunesse est le professeur des fous ). Proverbe Latin.
A tout seigneur, tout honneur : tapis rouge pour Lonesome George, la tortue quand même, la plus célèbre au monde ! Découverte en 1971 sur l’ile Pinta, Georges est LA star de l’archipel. L’unique. Le seul représentant connu (et ils ont fouillé depuis, les naturalistes!) de l’espèce “Geochelone abingdoni nigra”. en toute simplicité.
Les tortues géantes, dont il existait au moins quinze populations distinctes, vivaient paisiblement par troupeaux de plusieurs centaines d’individus. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les marins les ont décimées, viande abondante sans se fatiguer à courir derrière le gibier, et introduction d’espèces comme les chèvres qui ont détruit la végétation nécessaire à l’habitat de ces tortues volumineuses. Une chance que Thomas de Berlanga n’ait découvert l’archipel qu’en 1535, si il était tombé dessus avant, des tortues, il n’y en aurait plus du tout!
George est comme un coq en pâte dans la réserve : tout est organisé sur son bien-être dans le but –avoué- de l’amener à procréer et ainsi continuer l’espèce … En comparant l’ADN de George ainsi que de six autres tortues de la même sous-espèce, décédées sur l’île voisine d’Isabela, l’une d’elles s’est avérée être une cousine de George, pas tout à faire pareille … mais pas tout à fait une autre. Les chercheurs ne reculant devant aucun sacrifice sont en train d’analyser l’ADN des quelque 1000 exemplaires de la sous-espèce G.Becki vivant en liberté sur l’île d’Isabella et enter de découvrir une femelle dont les deux parents seraient issus de l’île de Pinta ! quand on aime, on ne compte pas. Tâche ardue quand on connait la capacité des tortues à se fondre dans les décors… Et en attendant, pour qu’il ne perde pas la patte (et le reste) deux fringante jeunes filles lui tiennent compagnies, jouant de la carapace, la démarche la plus sexy possible. Hélas, Georges souffre semble-t-il d’une libido morose. Pourtant, d’après un article du “Times” de 2009, il “semblerait un peu plus animé”, et comme ils l’ont si bien écrit “a little bit more active”. Bref, il avait regardé les DEUX femelles avec UN œil concupiscent. Depuis, il se prépare.
Tout n’est pas perdu, on a encore du temps: en très bonne santé pour son âge supposé de 80 à 100 ans, son espérance de vie estimée entre 150 et 200 ans, il peut encore faire des flammes !
En 1831, Charles Darwin, jeune naturaliste de vingt-deux ans, embarque sur le “Beagle” pour un tour du monde cinq ans. C’est en particulier à partir de ses observations et des notes prises pendant le séjour dans l’archipel des Galapagos, qu’il sera amené à formuler sa fameuse théorie de l’origine des espèces…
La Fondation Darwin, un grand jardin serpentant dans la nature avec quelques enclos où l’on entre librement (bien fermer la porte derrière soi…), un Centre de Recherches, la sempiternelle boutique de souvenirs (qui n’a pas sa casquette avec une tortue brodée dessus? Moi. J’ai horreur des casquettes). Et le kiosque à glaces et Coca-Cola. C’est aussi l’accès à une petite plage charmante et des plus populaires, occupée aussi bien par les habitants de Puerto Ayora que par les iguanes marins.
Luké a le feeling avec les tortues, pas de doute. Il suffit qu’il tende la main et en retour, il reçoit un long regard langoureux, un regard qui vient du fond des temps. Oui, c’est un reptile, mais qu’est-ce qu’il est sympa ce reptile-là !
Elle a quand même un bec impressionnant, la fifille (j’ai vérifié, c’est une fille).
Parlant sexe. La méthode de sélection des sexes est infaillible chez les tortues. La période d’incubation est de 120 à 150 jours. Si les œufs sont incubés à 29°5, il en sortira des femelles. Si les œufs sont incubés à 28°, il en sortira des mâles! Simple, non ? Et à 30°? Des œufs mollets.
La nursery donne une idée du temps qu’il faut pour qu’une tortue deviennent adulte. Quand on sait le peu de temps qu’il faut pour les détruire. Je ne dirais pas que la nursery était égaillée de bébé tortues courant en tout sens, ce serait exagéré. Mais par rapport à leurs parents, elles s’agitaient pas mal, les petites. Enfin, elle bougeaient un peu, quoi.
L’autre grande vedette des Galapagos, c’est le fameux Amblyrhyachus Demarlii. En clair, l’Iguane Terrestre ! Une beauté dans sa laideur. Grand, jusqu’à un mètre de long, dodu (il passe sont temps à manger et à dormir, on sait bien que ce n’est pas bon pour la ligne) et, pour ceux que nous avons vu à Darwin, d’une magnifique couleur beige et dorée. Sans oublier sa magnifique crête dite “A la punk”, une mode qui a toujours court ici, c’est vrai que l’évolution, n’est-ce pas…. “Ces lézards cuits ont la chair très blanche. C’est un mets fort apprécié de ceux dont l’estomac plane au-dessus de tous les préjugés” (Darwin in “Voyage d’un naturaliste autour du monde”). Il n’y a donc pas que les Iguanes qui ne pensent qu’à manger.
“Pour terminer la description de l’histoire naturelle de ces iles, je dirai quelques mots sur le défaut de timidité des oiseaux”. toujours Darwin. S’en suit une longue description sur le plaisir qu’éprouvent les marins “Les matelots, errant dans les bois à la recherche des tortues, semblent se faire une fête de tuer les petits oiseaux”. Les descendant ne sont pas rancuniers et continuent à considérer l’homme comme une sorte de partie du paysage, que l’on peut parfois utiliser à des fins domestiques… Par exemple, pour recueillir de quoi rendre son nid plus douillet…
“Tiens, un nouveau revêtement a été livré à la fondation!”… “Mais c’est qu’il y en a tout un stock” … “ Eh, les potes, venez vite, soldes de printemps!”
Et au détour d’un branche, que vois-je ? Un moineau. Oui, un moineau mais LE moineau, celui qui a inspiré de pages et des pages à Darwin, le Geospiza Magnirostris lui-même! Bon, comme ça, ça ne dit pas grand chose. Mais j’ai bien étudié mon bouquin et c’est d’aprsè les becs des différents Geospizas, ave des groupes, des sous-groupes, peut-être même des groupuscules, qu’il a commencé à entrevoir sa théorie de l’évolution. Balèze non? Il a suffit d’un bec de piaf …
Et si lui “s’était procuré vingt-six espèces d’oiseaux terrestres” (et je ne veux pas savoir comment), moi, j’en ai au moins photographié deux !
Dont l’oiseau-moqueur, qui est d’une insolence certaine. Avec des soucis de famille comme un tout un chacun. J’ai assisté, à un mètre de mes pieds, à la désolante scène d’un ado mal élevé et de parents ayant visiblement baissé les ailes.
“Mais qui m’a fichu des parents pareils ? J’ai faiiiiiiiim, moi!!!!!! “
Autre rencontre glissante et frémissante, mais très rapide, un Tsammophis Temminckii du Chili. Charles en glisse un mot mais ne dit rien quand à son éventuelle venimosité. D’un autre côté, il a filé comme une flèche quand il nous a vus. On doit être à priori bien plus dangereux que lui.
Merci à Charles Darwin pour son aimable contribution à cet article. Sans son livre “Voyage d’un naturaliste autour du monde”, c’est sûr que j’aurais été bien embêtée !
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