“Genciv té la avan dan.” (Les gencives étaient là avant les dents: Il faut respecter ses aînés). Proverbe Créole.
Le voyage, la mer, les dauphins, quelles merveilles … Sans aucun doute ! Mais tout ça ne serait que peu si au détour de lieux tous plus enchanteurs les uns que les autres (oui, je sais, je deviens lyrique … pas tous enchanteurs! Mais on ne garde que les bons !), ne se présentaient les belles rencontres. Coco de Portobelo en fait partie. Non, elle n’est pas la descendante des Comtes de Portobelo. Mais elle pourrait ! Colette, dite Coco, a découvert Panama et les iles San Blas il y a plusieurs années, passé trois ans avec les Kunas “en famille”, naviguant sur son voilier avec Michel. Et puis, dans la foulée, ils se sont installés à Portobelo. Lui est guide, et elle, créatrice de bijoux en Tagua.
Alors, la Tagua… Appelée aussi “Ivoire végétal”. Je ne connaissais pas du tout avant de rencontrer Coco. Et pourtant ! Au siècle dernier, les boutons, par exemple, étaient, avant l’avènement- de l’Ere Toutenplastic, fabriqués à partir de la Tagua. Des bijoux aussi. Et puis, la production est devenue confidentielle, les boutons en Tagua ne sont plus commandés que par quelques grandes maisons de coutures. Et les bijoux fabriqués par quelques artistes du bout du monde.
Tout ceci ne nous dit pas que la tagua, et bien, c’est tout simplement (si j’ose dire, car de plus en plus difficile à trouver en forêt) le fruit d’un palmier. Le Phytelephas Seemannii. De son petit nom Latin. Ce palmier porte ses fruits au pied de l’arbre, dans de grosses boules de la grosseur d’un ballon. Ballons constitués de cinq à six gousses épineuses. Et dans ces gousses des graines, lesquelles, sous une peau marron, cachent un cœur d’un blanc ivoire. Cœur tendre qui en séchant deviendra dur (normal pour un cœur…), comme de l’ivoire.
Photo extraite du blog de Michel Lecumberry.
A côté de sa production personnelle de bijoux fantaisie, Coco commande à un Indien Wounaan, des “Tigrons” '(prononcer Tigrrrronnnn), les fameux ocelots de la forêt, sculptés dans des graines de Taguas. Les Wounaan sculptent ces animaux en leur donnant les couleurs de la nature.
Mon “Tigron” en Tagua, offert par mon Luké.
Lors d’une visite chez Coco, les Taguas étaient mises à sécher sur des planches, avant découpe à la machine et assemblage.
D’abord, coupées en deux pour un premier séchage,
Puis débitées en tranches dans lesquelles seront découpés les éléments à assembler en colliers ou pendentifs.
Coco vit sur les remparts du fort, enfin, de l’autre côté des remparts! Une jolie petite maison du village, avec jardin, terrasse et … trois chiennes, un chien (cacochyme) et deux chattes dont une “juvénile” de six mois très farceuse. Bref, une sorte de SPA locale, car toutes ces bêtes ont souffert un début de vie difficile. Comme souvent dans les endroits défavorisés, les animaux ne sont pas spécialement maltraités, mais pas bien traités non plus. Pas traités du tout en fait. Ils se débrouillent comme ils peuvent, assaillis par la vermine, et mangeant ce qu'ils peuvent, où ils peuvent. En liberté, certes, mais souvent plus en “abandonné" qu’en '”liberté”. Alors, Coco ne peut pas résister . Et le cheptel s’agrandit. Car si le projet est de trouver une famille adoptive après “remise sur pattes”, la réalité est toute autre… Et Cachou, Kiki, Salsa, Agri ainsi que Mimine et Sofia la terrible ont trouvé la maison de leurs rêves.
L’arrivée côté rue est quelconque, et poussiéreuse.
Mais côté remparts, c’est superbe…
La maison bleue accrochée aux remparts…
Il faut traverser le petit ruisseau.
Et on arrive par la terrasse chez Coco…
où un artiste peintre local a œuvré!
Mimine a-t-elle servi de modèle pour les “Tigrons”? Ou un ancêtre peut-être?
Coco teint les Taguas, positionne, calcule, rêve… Et apparaissent des colliers, des pendentifs, des bracelets, des colifichets divers pour agrémenter sacs, téléphones et tout ce qu’on peut souhaiter. Amusants mélanges de graines de couleurs, d’écorces de cocos, de morceaux de bois divers. Ou sérieuses taguas très nature, d’une simplicité qui cache le travail fin et précis que le pendentif a nécessité pour obtenir sa forme élancée.
Comme le cadeau d’anniversaire de Luké par exemple: tour en coco évidé et centre en tagua nature !
Accueillante et chaleureuse, Coco a toujours sa porte ouverte. Quand elle ne succombe pas sous les commandes de bijoux! Les touristes peuvent aussi les découvrir en passant devant la douane où un petit stand est ouvert les jours de visite: le touriste ne se promène pas seul, il arrive en troupeau et à jours fixes, groupé en petits bus climatisés aux vitres teintées. Le veinard (quand on connait les bus du coin!). Pourquoi des vitres teintées? Euh… pour ne pas qu’on les reconnaisse ?
Grâce à Coco, j’ai aussi découvert au cours de journées endiablées Panama City et Colon. Bus, taxis, centre commerciaux, rues piétonnes et magasins d’artisanats!
Et pu enfin déguster un de ces curieux et magnifiques gâteaux qui trônent dans toutes les pâtisseries d’Amérique Centrale et du Sud, le “Gâteau d’Anniversaire”. Un soir, nous étions invités chez elle… Nous serions six. Ah, ah, la belle affaire! C’est le moment où jamais d’essayer ces drôles de gâteaux que j’ai cru, au début, faux: un air de pâtisserie en plastique pour dinettes géante.
C’est quand même quelque chose, non?
A chaque visite, ces gourmandises multicolores me faisaient de l’œil. Mais ma prudence naturelle me susurrait que l’habit ne fait pas le moine et que sous des apparences onctueuses quoique pétaradantes, ces phénomènes devaient plus tenir de l’étouffoir de première main que du biscuit léger de Savoie. Et bien, non, me dit Coco, un après-midi de papotage devant un café. Ils sont très bons. Parfumés à l’amande, à l’orange ou autre… L’affaire était entendue. Il ne restait plus qu’à trouver l’occasion pour faire la larronne. Donc, ce jour-là, raid sur Sabanitas et le Rio de Oro, notre pâtisserie préférée.
Mais lequel choisir? Le vert à losanges ? Le jaune à pompons ? Le bleu à plumets ? Trop de choses… Allez, pour une dame: le rose à arcades !
Mais voilà que la vendeuse nous pose des questions. Que veut-elle? Ah, l’inscription ? Oh, “pour Coco”, ce sera parfait. Et d’une main ferme et agile, elle écrit en belles lettres de crème rose “Feliz compleano, Coco”. Ben oui, ce sont des gâteaux d’anniversaire, donc on écrit “Joyeux anniversaire”. Point. Et que personne ne moufte. Donc, on n‘a pas moufté. Mais on a bien rit. Surtout le soir en déballant le gâteau. Coco n’est pas née en février, mais pas grave: il ne faut pas perdre une occasion de se régaler!
Il faut d’abord imaginer un voyage dans un bus bondé… Le carton renforcé est prévu pour!
Beau, n’est-ce pas? Kitch, oui, mais impressionnant!
Et très bon, en effet: à la mangue, souple, tendre …
Nous avons fait, ce soir-là, une découverte œnologique qui restera dans les annales, mais peut-être pas comme elle aurait du y être : un vin blanc Chinois. Ne souhaitant pas gâcher les rapports de la France avec la Chine, je dirais simplement : le canard laqué, oui, le vin blanc … non.
Coco est de Toulouse, dont elle a gardé le bel accent chantant. Bien plus chantant que celui de Montpellier, je peux l’assurer ! J’espère bien que nous nous reverrons, à Tahiti, à Toulouse ou …à Portobelo: ce gros village nous a séduit par bien des côtés!
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