vendredi 11 mars 2011

PORTOBELO, “LE PLUS BEL ENDROIT DU MONDE” … 2è partie. Le 10 mars 2011.

“Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer.” (Allessandro Baricco)

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Le week-end, la ville s’anime. Les tambours se déchainent et la sono aussi. Pendant deux jours, c’est fiesta. La place centrale se retrouve jonchée de détritus divers, tout se jette à terre. Mais le lundi matin, un service de nettoyage étonnant ramasse tout. Jusqu’à la semaine prochaine!

Le sol vibre sous nos pas. Une musique d’enfer, peu à peu assourdissante, résonne, de plus en plus forte à mesure que nous nous approchons du centre. Découverte…

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Luké en reste bouche bée ! Impossible d’échanger une parole. Le son vibre dans nos estomac, genre mal de mer. Il y a environ une dizaine de “discothèques ambulantes”, bien garées en ringuette sur la place, et toutes synchronisées. Déversant (coup de bol) la même musique. Le public reste à distance prudente pour danser, on ne sait pas encore les dégâts que peuvent générer autant de décibels absorbés d’un coup. A part une surdité brutale bien sûr.

Un peu plus loin, la marchande de batidos presse ses fruits dans un calme relatif.

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Et après un bon Batido Ananas-Maracudja, une “riche” portion d’Enyucao: savoureux étouffe-chrétien moitié farine de yucca, moitié matière très grasse, moitié sucre, moitié coco râpée et moitié épices. Je suis ferme: il y a au moins quatre moitiés pour faire un gâteau aussi lourd! Mais faut pas croire: c’est vraiment très bon… On ne résiste jamais quand il y en a ! Au bout de la rue, parfois, une petite fête familiale se prépare. Un anniversaire ou un baptême. Avec ça, une ambiance sonore est de rigueur. Et les Portobelo’s ne font pas les choses à moitié!

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Le petit restaurant “Chez Artys” a refait son intérieur avec un Cristo Negro tout neuf. Dommage que les toilettes (à 25 cents pour les non-clients…) gâchent un peu la vue sur l’église San Felipe!

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Pour le restaurant, ne pas se fier à la carte peinte sur le mur. Deux repas pris dans l’établissement à une semaine d’intervalle, et la même proposition de la serveuse -enfin, d’une nonchalante mais très souriante jeune femme- qui passe de temps en temps au milieu des quelques tables (quand vraiment, elle ne peut faire autrement): c’est poulpe ou poisson! Quel poisson? Du poisson frais. Ah, c’est déjà bien. Accompagné de riz-coco et crudités. Le poulpe est parait-il délicieux (dixit Luké, spécialiste du poulpe), en sauce relevée. Pour moi, une assiette de riz-coco-crudités sera parfaite. Le poisson est bien frais, certes, mais en se déshabillant, il a oublié de déposer toutes ses arêtes…

Les épiceries-supérettes des Chinois sont complétées par le passage de vendeurs ambulants, fruits et légumes frais. Il suffit d’être là au bon moment.

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Ananas fondants, mangues juteuses, oranges pulpeuses, tomates rougissantes et melons presque de Cavaillon!

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Tout ça fait de beaux hamacs de fruits… et le plein de vitamines.

Et si vraiment, il faut partir “en ville”, à Colon ou Panama pour faire des courses (le yaourt nature n’existe pas à Portobelo, et j’ai une crise de flemme trop importante pour en faire…), le bus s’attend à 5h45 au bord de la route. Et le taxi… à 5h30. Tôt le matin quoiqu’il en soit. Nous avons ainsi fait connaissance avec les coqs du village, des vrais, des beaux, des sonores!

DSCN4492Le ponton municipal, à la sortie de Portobelo, arrêt du bus et du taxi.

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Deux potes, de bon matin, pour un concours du plus beau cocorico…

DSCN5193     5h30, nous attendons Edwin le taxi… Départ pour la traversée de l’isthme et la journée à Panama City…

                                                                   

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Retour en fin d’après-midi, lessivés.

Ah… un dernier petit “coup de cœur” pour mes “vautours à côte de mailles” ! Les Gallos Negros font partie du paysage et arpentent les rues comme tout un chacun. Je les soupçonne immangeables car il ne sont pas craintifs, donc pas chassés. Bon, ils n’iront pas jusqu’à se faire gratter le crâne, mais ils ne s’envolent pas quand on s’approche!

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Portobelo, ce n’est pas le paradis, loin s’en faut, mais c’est un des villages les plus agréables où nous nous soyons arrêtés. Et où nous avons “pris racines” pour quelques semaines. Depuis presque deux mois que nous sommes ancrés dans la baie, nous avons pu découvrir et partager un peu la vie des Panaméens “du pays”. Du pays profond ! Pas de la ville… Une découverte de chaque jour. Des gens chaleureux, aimables, souriants. Mais aussi fatalistes, parfois résignés. Nous les avons croisés épuisés dans le bus du soir ou joyeux pendant les fêtes. Certains accumulant boulots (salaire minimum environ 400$) et petits job pour que les enfants fassent des études et connaissent autre chose que leur vie difficile. D’autres ont baissé les bras et s’en tiennent au minimum, malheureusement parfois aussi au rhum et à la bière. Les jeunes vont à l’école et semblent volontaires: on en voit souvent le samedi à la maison “Internet”, où la propriétaire a installé une pièce avec quatre ordinateurs et la connexion. Mais c’est 1,25$ l’heure et tout le monde ne peut se l’offrir. Bien sûr, la bibliothèque, à 1,50 $ de l’heure est fermée le week-end. Et le soir. De toutes façons, l’électricité est souvent coupée. L’eau aussi. Portobelo, c’est le bout du pays… Dans ce village, descendants des esclaves, descendants des Espagnols, Indiens Emberas ayant quitté  leur réserve, Chinois immigrés ou enfants de Chinois immigrés, tout le monde vit ensemble mais sans vraiment se mélanger. Les Emberas ont leur quartier, les chinois rentrent régulièrement en Chine, peut-être pour se marier? Ils sont souvent interpellés dans leur magasins par le terme générique “Chino !”, ce qui nous fait un drôle d’effet, à nous! Ils seront toujours étrangers. Peu de mariages entre communautés, à première vue. Mais la vie coule doucement, au rythme des tambours, des fêtes et des cloches de l’église. Trop doucement peut-être. Cette belle bourgade aux souvenirs de batailles enragées contre pirates et corsaires mérite mieux que la langueur qui semble l’engluer et l’empêcher de devenir un lieu de tourisme à la hauteur des témoignages du passé qui y dorment: ruines des forts, maisons anciennes bien que délabrées, rues encore pavées…

 

 

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Place de la douane, fresque murale des Congos et des Diablos, signée Roy et José.

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