mardi 15 mars 2011

ON A RETROUVE RANTANPLAN !!! Portobelo, le 15 mars 2011.

“ Zafè kabrit' pa zafè mouton.” (Les affaires de la chèvre ne sont pas celles du mouton: Que chacun s'occupe de ses affaires !)
                                                                                                                                 Proverbe Créole
 
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Bien ancré au calme de l’autre côté de la baie, pas de village. Mais un joli domaine bien entretenu, planté de longs cocotiers échevelés. Une maison jaune et un petit quai. Ce petit bout de paradis appartient à un riche Panaméen qui n’en profite que rarement. Un gardien entretient proprement les lieux, et vit dans une petite maison avec son chien. Et hélas aussi avec une bouteille de rhum. Adrien est rarement sobre, pas souvent là, mais toujours amical et accueillant. Nous sympathisons rapidement et Jeanne a ses entrées pour sa petite promenade vespérale.
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DSCN4671  Nous y voilà.
A peine avons-nous posé pied à terre qu’un grand machin mou et dégingandé arrive au triple galop, prend son envol en roulé-boulé et nous saute au cou, frétillant de sa longue queue en fouet. C’est donc un chien. Du genre texture indéterminée mais affection ravageuse. Et une noix (de coco) à la place du cerveau. Un mâle donc. Jeanne commence par avoir très peur des grosses pattes qui s’abattent un peu n’importe où, puis reprend vite la situation en main et d’un grognement doublé d’injures aigres et d’un saut menaçant à la gorge de l’insolent, elle le mate. Nous avons bien retrouvé Rantanplan, le vrai, le pur, l’allègre compagnon de Lucky Luke.
rantanplan2En plein vol, flou mais bon, on fait ce qu’on peut…
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Jeanne râle, c’est qu’il est énervant, ce freluquet.
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Il faut le tenir à distance, sinon ecchymoses garanties.
DSCN4630 Mise au point: “Tu te calmes, petit, ou je me fâche!”.
Rantanplan se tient donc à distance respectueuse. Sauf quand il se laisse aller à sa joie naturelle, ce qui arrive souvent, mais nous pouvons quand même commencer la promenade. Tout en surveillant les arrières, avec replis stratégique quand s’annonce une envolée au son d’un grand galop. Il évite Jeanne au dernier moment, et prend l’air contrit quand elle l’engueule vertement. Luké part à la chasse aux noix de coco.
DSCN4632 Chaque soir, il en dépiaute deux, nous buvons l’eau –la meilleure boisson que je connaisse, sans plaisanter- et gardons la pulpe pour l’apéro. Rantanplan, qui a le foie bien accroché et les côtes un peu apparentes, attend la sienne sagement. Ou presque.
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Ce domaine a été construit à l’emplacement d’un des anciens forts, sur les ruines de ce qui semble avoir été une belle demeure: celle du commandant de la garnison peut-être ?
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Le long du bord de mer, un reste de terrasse agrémenté de quelques balustres survivantes et les ruines des murailles laissent imaginer l’imposante construction. Après de multiples attaques de pirates divers, dont en particulier Francis Drake qui mettra la région à sac, les Espagnols avaient essayé de construire solide !
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“Pi’wate à babo’w !”
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Quelques piliers de bonne facture vont servir d’enclume pour ouvrir les noix de coco. Un essai aussi pour voir si les singes hurleurs qui nous réveillent le matin, aiment la noix de coco. Mais on comprendra vite que ce ne sont pas les singes hurleurs qui les boulottent...
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eau de coco
DSCN4675 Offrande ratée aux singes hurleurs, opportunité réussie pour Rantanplan.

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L’eau de coco a un goût très doux, très pur, légèrement “cocotisé”. Mais à peine. Sauf quand la noix murit et qu’apparait cette boule dont j’ignore la composition (questions aux éventuels connaisseurs: je suis preneuse de renseignements!), très gras en tout cas, de la végétaline ???. Le goût de l’eau se fait plus prononcé, la boule grossit jusqu’à occuper tout l’espace à l’intérieur de la noix ou presque. L’eau se raréfie et épaissit. Et finalement, devient imbuvable car légèrement aigre. En bons reporters, nous avons testé!  Moralité: ne boire que des noix vertes !
DSCN4658En suivant le chemin du bord de mer, on passe d’une propriété à l’autre. Les voisins ont planté une petite bananeraie. Au milieu se dresse une maison traditionnelle Embera, mais nous n’y avons jamais vu personne.
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Une fois la récolte de noix de coco faite, Jeanne en a plein les pattes –de son pote Rantanplan surtout-, elle retourne parfois seule jusqu’à l’annexe et … saute à l’intérieur ! Nous retournons alors sagement au cata.
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Nous avons eu la riche idée au début d’offrir une bouteille de vieux rhum –de l’Abuelo ambré, moins “triglycérine” que le rhum blanc de base- à Adrien. Disons que pour une fois, il a bu quelque chose de pas trop décapant. Luké lui a donné nos batteries qui ne tenaient plus sur le cata mais qui lui ont enfin assuré un petit éclairage pour le soir. Il était ravi. Et nous abreuvait de noix de coco toutes prêtes ! La collection devenant envahissante, j’en ai profité pour préparer du “Rhum Coco à la Noix”. Simplissime. Percer la noix, boire l’eau, remplacer par du rhum. Bien boucher. Attendre un mois avant de goûter. Ah, j’oubliais : bien planquer la noix dans des lieux improbables pour éviter toute déperdition avant la limite de consommation ! En ce qui concerne Adrian, la mauvaise idée fut de lui avancer 100$ pour qu’il nous achète de l’essence et la livre au bateau… Il ne boit pas encore l’essence, mais les 100$ ont fondu le temps d’un week-end où sa famille est venue ! Bien embêté, le bougre. Il faisait un grand détour avec sa barque pour ne pas passer devant nous car chaque jour, il était censé nous rapporter les bidons pleins. Au bout de quelques jours, Luké insiste pour récupérer la mise. Bon, on y arrivera doucement, dollar par dollar !
DSCN4672 Un après-midi, j’ai aperçu un singe hurleur qui filait comme une flèche, en grimpant à un bananier. Et pffiou, disparu. Nous arrivions en silence, à petits pas avec Jeanne, et le grand dadais est arrivé au triple galop. Le singe n’a pas demandé son reste. Et zut. Les apercevoir est très difficile. Par contre les entendre, pas de problème ! Le singe hurleur hurle en groupe, jamais seul. Soudain, une sorte de feulement, de grondement gigantesque monte de la forêt et se déverse sur la baie. On imagine des gorilles tropicaux aux poitrails larges et puissants. Et bien, non. Ce sont de petits singes, pas plus hauts que trois pommes –dans les 50cm- doté de poumons de compétition. Et des cordes vocales qui vont ensembles. Ils travaillent pour la météo locale et sont imbattables dans les prévisions : quand le grondement des singes dévale la pente, c’est que l’averse n’est pas loin ! Ils ont horreur de la pluie et le font savoir ave vigueur …

DSCN4636 Hasta luego, Rantanplan …

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