“Quiconque taquine un nid de guêpe doit savoir courir.” (Proverbe Africain)
Pour être baptisé, il faut une marraine… Dans mes souvenirs, normalement, une marraine est plutôt ravie d’être choisie. Mais aujourd’hui, c’est un peu différent: Le Diablo, fait comme un rat, saisit d’office dans le public sa marraine. Laquelle n’apparait pas toujours enchantée au premier abord!D’autres sont plus décontractées. Ou le Diablo plus chaleureux?Eeeeh oh, eh oh, ils repartent au boulot…au suivant!
Du côté des Anges Baptistes, le Diablo étant coincé sur l’estrade, il ne reste plus qu’à procéder à la cérémonie. Mais la bête se défend. Elle rugit, se tord de douleur, fouette le sol de rage impuissante devant ses Baptiseurs. Après quelques sauts démoniaques mais qui montrent bien que le gin n’enlève rien à la souplesse, il tombe enfin à genoux, tête basse et reçoit la bénédiction qui va faire de lui, si ce n’est un bon diable –tout ça ne va pas l’empêcher de retourner fouetter tout ce qui passe à tours de bras- en tout cas un diable qui est rentré, disons, dans l’ordre.
Certains Diablos s’avèrent plus coriaces que d’autres, et il faut user de toute son autorité d’Ange Baptiste pour arriver à quelque chose!
Mes notions d’Espagnol, quoique en très net progrès –si ce n’est de l’Espagnol courant, c’est du bon Espagnol trottinant- ne me permettent pas vraiment de saisir les paroles des anges au moment de l’onction. J’ai comme l’impression que ça n’a rien à voir avec les actions de grâce habituelles ni les prières du dimanche…
Les masques sont en papier mâché, avec des armatures pour les rigidifier et pour les poser sur les épaules. Le poids est souvent considérable.
Les accompagnateurs, parents et amis, récupèrent les lourds masques qui vont être utilisés pour d’autre fêtes dans les semaines qui suivent, avant d’être exposés dans une sorte de musée privé à Portobelo.
Quelques Diablos farceurs ont des idées interdites derrière la tête… Mais en général, ils se contentent de rêver…
Voire une danseuse de Congo, pour un autre !
Et celui-là, c’est moi qu’il vise! Aleeeeerte!!!!
Le Diablo Tabura n’en peut plus… Dur métier!
Et finalement, passé le plaisir de fouetter anonyme, nos Diablos s’en donnent à cœur joie et avec bien plus de vélocité une fois démasqués.
Voilà une vraie teigne: le Diablo Sucio par excellence. Que l’on pourrait traduire par “Sale Diable”… ou par Sale Bête! Celui-ci, qui n’est pas de Portobelo, n’avait rien de bon enfant. Parfois, les organisateurs –enfin, si on peut dire: les Anges, ou les chauffeurs de bus!- ont été obligés certaines années d’intervenir pour calmer des Diables qui réglaient des comptes à tour de bras. Et s’en prenaient aussi aux touristes, ce qui est une très mauvaise idée! Cette année, pas trop de mal. A part ce jeune Diable de mauvais poil qui en sautant de l’estrade a fouetté les Anges Baptistes d’un air rageur –ça ne se fait pas- et qui s’attaquait aux spectateurs bien sages sur le bord. Une dame voisine de Luké a eu le pied lacéré.
La fatigue, et l’abus de boissons diverses, commencent à se faire sentir. D’un côté, il y a ceux qui ont besoin d’une pause. De l’autre, ceux dont “l’ardeur” va croissante. Je m’aventure plus loin dans l’arène, à petits pas prudents, un œil sur le viseur de l’appareil photo, un autre sur les Diablos qui approchent, et les oreilles aux aguets quand à une éventuelle attaque sournoise par derrière. Luké , qui veille au grain, m’attrape régulièrement pour me tirer manu militari sur le bord.
Coup de blues…
Grosse fatigue…
Epuisement…
De même, on note une légère baisse de vigilance chez les Anges de troupe…
Pour un Diablo, la valeur n’attend pas non plus le nombre des années… Et les apprentis Diables travaillent durs aussi!
La meilleure façon de faire tenir les enfants plusieurs heures sans broncher? Invitez un Diablo chez vous!
Luké a besoin de ravitaillement lui aussi, mais plutôt dans le genre “qui tient au corps”. A l’aller , nous avons repéré les traditionnelles marchandes de brochettes et de poulet grillé qui ont installé les grills sur les trottoirs. Le poulet grillé accompagné de bananes frites est un pur délice, il faut bien l’avouer!
Le costume Carnaval se porte aéré cette année, genre caleçon troué-déchiré !
La nuit s’est installée. Depuis presque trois heures, les participants virevoltent, fouettent, courent… Boivent. Et les esprits commencent à vraiment s’échauffer. L’ambiance est encore bon enfant, il ne devrait pas y avoir de dérapage, mais pour nous, il est peut-être temps de rentrer …
Un petit futé a la bonne idée de transformer des bombes de gaz en torche, histoire de donner de l’éclairage. Mais le résultat tient plus du lance flammes… Les familles commencent à déserter avec les enfants. Restent les tambours, les Diablos, les Congos, les Anges et les spectateurs “en forme”.
Les Anges continuent leur boulot jusqu’au bout, et les derniers baptêmes ont lieu.
Laissons la nuit aux Diablos et aux Congos…
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