“Aquila non capit muscas” ( L'aigle ne prend pas les mouches )
Flash back … Côte Caraïbe du futur Panama, à l’emplacement du futur Portobelo… Saison des pluies. Des trombes s’abattent sur la baie. Un jeune Indien, arc en main, est parti à la chasse de bon matin. Il est jeune, il musarde le long de la côte. Soudain, ses yeux perçants distinguent un évènement incroyable : peu à peu des navires étrangers, des monstres munis de voiles, émergent du rideau de pluie et se dirigent vers la baie, au fond de laquelle se trouve son village. Les voiles sont déchirées, le gréement en petite forme. Sur le pont, les hommes ne bougent pas, scrutant l’entrée de la baie avec inquiétude : le moindre récif de corail peut éventrer les coques vermoulues. Triste équipage. Et pourtant, au calendrier Chrétien de notre Occident, nous sommes fin octobre 1502 et “La Capitana”, la “Viscayna”, la “Bermuda” et la “Gallega”constituent la quatrième et dernière expédition de Christophe Colomb pour tenter de trouver la Route des Indes et, peut-être, de rencontrer enfin le Grand Khan. Il est malade, fiévreux et c’est son fils Fernando qui tient scrupuleusement le livre de bord.
Flash back … Côte Caraïbe du futur Panama, à l’emplacement du futur Portobelo… Saison des pluies. Des trombes s’abattent sur la baie. Un jeune Indien, arc en main, est parti à la chasse de bon matin. Il est jeune, il musarde le long de la côte. Soudain, ses yeux perçants distinguent un évènement incroyable : peu à peu des navires étrangers, des monstres munis de voiles, émergent du rideau de pluie et se dirigent vers la baie, au fond de laquelle se trouve son village. Les voiles sont déchirées, le gréement en petite forme. Sur le pont, les hommes ne bougent pas, scrutant l’entrée de la baie avec inquiétude : le moindre récif de corail peut éventrer les coques vermoulues. Triste équipage. Et pourtant, au calendrier Chrétien de notre Occident, nous sommes fin octobre 1502 et “La Capitana”, la “Viscayna”, la “Bermuda” et la “Gallega”constituent la quatrième et dernière expédition de Christophe Colomb pour tenter de trouver la Route des Indes et, peut-être, de rencontrer enfin le Grand Khan. Il est malade, fiévreux et c’est son fils Fernando qui tient scrupuleusement le livre de bord.
Depuis trois jours et trois nuits, les caravelles sont ballottées par les éléments, les hommes épuisés perdent l’espoir de rencontrer la terre tout en craignant une arrivée de nuit, dans la tourmente, sur une côte inconnue parsemée de pièges. Soudain, un guetteur voit une ombre, entend le bruits des vagues se cassant sur un récif. L’angoisse est à son comble quand peu à peu, la pointe du jour perce à travers la pluie et écarte doucement les restes de la nuit. Une baie s’offre à leurs yeux. Et la chance enfin leur ouvre les bras: ils ne seront pas mis en pièces par le récif de corail à l’entrée de la baie, et éviteront l’échouage sur la côte.
Ce qui n’a pas été le cas de tout le monde.
Dans un jour enfin clair et serein, les caravelles ancrent. Les Indiens, n’ayant hélas aucun sens prémonitoire, arrivent alors sur leurs pirogues pour offrir des fruits frais à ces étranges créatures couvertes de poils et dans un état lamentable. En gros l’arrivée des caravelles de Christophe Colomb a bien du se passer ainsi : “ Ma quel bel puerto” etc… !
Ensuite, comme d’habitude … Extermination ou peu s’en faut des populations locales qui s’enfoncent dans la forêt, spoliation des territoires, guerres entre Espagnols, Français et Anglais pour s’arracher ce nouveau morceau de Nouveau Monde. Et si ce n’est Colomb, ce fut son frère (non, pas Bartolomé qui faisait partie de cette expédition) en tout cas, ce furent les siens. Passons directement (petits veinards) sans nous étendre, à ce qui fait aujourd’hui la particularité de Portobelo: ses nombreux forts, remparts et protection qui datent du XVIIIè siècle, bien plus tard.
Le Fort San Jeronimo, chargé de la défense du port, s’aperçoit dès que l’on aborde Portobelo en annexe : il ceint le fond de la baie, côté village. Ses fortifications ont toujours bel aspect et les maisons se sont accrochées le long de son esplanade bucolique.
Entrée des remparts.
L’esplanade et les canons, toujours pointés sur l’assaillant !
En ressortant des remparts, la Aduana. A l’origine, la maison du Gouverneur. A présent, l’édifice civil le plus ancien du pays. Incendié, détruit, reconstruit, laissé à l’abandon et enfin réhabilité en 1998, le bâtiment n’a plus fonction de douane mais est utilisé pour des expositions ou autres manifestations.
A l’époque, l’endroit est plutôt mal famé. Les Espagnols se sont installés un peu plus loin sur la côte, au lieu dit Nombre de Dios. Au nom de Dieu peut-être, mais pas à l’abri de la convoitise des Anglais et du pirate Francis Drake qui brulera complètement le petit village en le dévalisant de tout l’or prêt à partir pour l’Espagne… Les Espagnols se replieront sur Portobelo, au fond de sa baie, plus facile à défendre. Les pirates, ou selon l’angle de vue, les corsaires voire les flibustiers, cherchent par tous les moyens à piller et les Espagnols à se protéger. Les premiers sont nettement plus au point que les seconds. Après Drake, c’est Morgan qui va s’y atteler. Alors, les Espagnols se lancent dans la construction forcenée (ben, oui, désolée…) de forts. Sans grand succès parait-il. Il en reste de belles ruines et un joli village, classés au Patrimoine Mondial, c’est déjà ça !
La Guinea, devenue un ruisselet, est souvent utilisée de '”tout à l’égout”, hélas.
Encore un ? Allez, passons de l’autre côté de la baie, le Fuerte San Fernado domine la Belle et ses voisins.
Construit vers 1760, après l’attaque par le pirate Vernon qui avait détruit le fort précédent, un vieux truc qui datait visiblement. Ce fort est conçu sur deux niveaux: une garnison “basse” et une “haute” avec la “maison forte”. On commence par la basse, bien sûr, qui est juste au-dessus de la plage.
Quelques pans de mur, une minuscule maison enserrée dans un enclos, le corps de garde (j’imagine!) n’a pas résisté aux “affronts du temps qui passe”… et surtout aux constructeurs sauvages qui ont eu besoin de pierre solides pour réaliser leurs propres maisons ! Sur le rempart, la guérite du garde surveille les voiliers.
Passant au milieu des ruines, nous prenons le chemin de la Bateria Alta. La grimpette est un peu rude sous le soleil déjà fort.
Surtout au début. Le chemin tient plus du lit de torrent à sec que de route militaire. Mais que ne ferait-on pas pour diffuser (et découvrir d’abord!) la culture ! Luké s’élance, bâton en main –enfin, un morceau de fer à béton semble-t-il-, et sourire aux lèvres.
Le chemin prend forme plus abordable, et Jeanne court dans tous les sens. Enfin, trottine, faut pas pousser.
Et voilà. vue sur la Baterria Baja, et sa rangée de canons bien alignée. Une chance que personne n’ait pensé à utiliser des canons pour décorer les jardins, car il n’y en aurait plus. La garnison supérieure était destinés à surveiller les forts, protéger les hauteurs et à stocker la poudre. Elle a de beaux restes, réhabilités avecf panneaux didactiques bien que parfois interrogatifs.
Citerne et purificateur.
L’ouverture est assez large, sans protection, on n’a pas intérêt à visiter le fort la nuit. Il est vrai que ce serait une idée biscornue, mais il y en a, des tordus sur terre.
Donc, sont-ce des latrines ou un four pour fabriquer de la poudre ? Quel effet cela fait-il d’être assis sur une poudrière en cas de doute ?
En haut comme en bas, l’artillerie est lourde.
Par la meurtrière, d’un côté de la guérite de la sentinelle, Belle de Lune. Et de l’autre, Portobelo. (Photos artistiques à effets spéciaux !)
La vie se faisait à première vue dans la garnison haute. Four à pain, cuisine, pièces nombreuses, le tout est en ruines, il n’en reste parfois que quelques pierres. Mais suffisamment pour que les historiens puissent les étiqueter ! Il reste surtout la nature, qui enserre les lieux de toute sa hauteur.
Retour à Portobelo. Les rues pavées donnent un petit air XVIIIè siècle à la ballade. L’église San Felipe (1814) abrite le célébrissime Cristo Negro, une statue du Christ à laquelle les Panaméens vouent une dévotion particulière.
Le Cristo Negro, appelé souvent “Cristo Nazareno”.
Vêtu de robes en velours brodées de paillettes, de perles et de dentelles, il change de tenue deux fois par an: tenue violette pour la Semaine sainte et grenat pour le 21 octobre, jour de sa fête. Potobelo se rempli de pèlerins venus de tout le pays… certains parcourant les derniers kilomètres à genoux ! Et l’église devient dortoir, cantine, lieu de vie pour les familles. Retour à la véritable destination d’une église, d’un refuge ? Cette statue est arrivée par hasard à Portobelo vers 1650, selon les versions suite à une perte de caisses un jour de tempête par un galion Espagnol ou un échange de colis car il était destiné à une autre ville. Bref, les habitants l’ont installée en grande pompe (et en habit doré) dans leur église. Point.
Riche d’une histoire passionnante, émaillée d’attaques de pirates, d’histoires avec un petit “h”, de destructions et de reconstructions, Portobelo mérite mieux que l’oubli dont elle fait l’objet de la part de son pays. D’un bourg assoupi, elle tend semblerait-il à devenir un village qui se dégrade de plus en plus. Malgré quelques sursauts sporadiques de réhabilitation d’un bâtiment ou de nettoyage d’un fort, le fait que la cité apparaisse sans “moteur” municipal, insufflant une dynamique et une volonté d’aller de l’avant, la laisse doucement sombrer dans l’indifférence et unhe torpeur dont elle ne sort, dans le bruit et la fureur, que deux ou trois fois au cours de l’année: pour les fêtes des Congos, des Diablos, et celle du “Cristo Nazareno”….
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