“Les pattes du canard sont courtes il est vrai, mais les allonger ne lui apporterait rien.” (Tchang-Tseu)
Un saut de puce… A peine quelques heures de navigation et l’ancre s’accroche au milieu d’un lagon digne de la Polynésie (si, si!). Bien protégée par plusieurs iles, la Belle se balance mollement: l’atmosphère est à la contemplation!
Lever de soleil (mais oui, je peux me lever avant l’aube… ).
Lever de lune: plus simple!
Nous avons pris le “Forfait Détente et Relaxation”: initiation à la sieste en hamac, lecture matin ET après-midi, cuisine diététique à base de poisson grillé et de riz (et quelques gâteaux quand même) pour une remise en forme en douceur. Indispensable après la vie trépidante de Nargana, ses “soirées gastronomiques” et les virées sportives dans les Rios peuplés de sauvages Tigrons. Il faut bien l’avouer, on est fatigués! Et au milieu de ces ilettes inhabitées pour la plupart, on va se reposer, se promener si on veut, quand on veut, se baigner si on peut (l’eau est fraiche, à peine 26°, après les 30° de Grenade, ça fait frémir), et pour certain, pêcher!
Déjà, pendant le petit trajet, ce superbe Spanish Mackrel avait été séduit par le Rapala maison de Luké, tout en frisotis de papier alu!
Le temps passe, le temps passe, et nous n’avons pas encore envoyé tous nos bons vœux de par le monde! La tradition franchouillarde permet de souhaiter une bonne année jusqu’à la fin du mois de janvier. Mais pousser jusqu’au Carnaval, c’est limite. Surtout que cette année, il tombe en Mars. L’équipage au complet se creuse les méninges pour pondre une idée extraordinaire, comme d’habitude (on n’est jamais si bien servi que par soi-même) mais pas trop compliquée: on n‘a pas que ça à faire! Et puis, la simplicité, y’a que ça de vrai. Les propositions se succèdent. Bien que Jeanne ne se foule pas trop, mais bon, on lui pardonne. Finalement, l’idée retenue sera la mienne (hé hé): nos traces de pas-pattes à tous trois dans le sable, dirigées vers les flots, et un petit texte très court. Luké avait de belles idées mais alors… quel boulot…donc: éliminées! Il se range à ma trouvaille. En route pour la plage au petit jour, quand le sable est à peine doré et l’eau claire sous les premiers rayons du soleil.
Essai 1: manque un pied, Jeanne a les griffues pattes du Diable!
Essai 2: Jeanne a enfin “pattes canines” mais pour la direction des pas, on parait en désaccord…
Essai 3: un rien confus…et puis mmmmmmmince! La vague!
Je passe sur les essais 4, 5, 6 etc… Jeanne nous lorgnait d’un drôle d’œil, se demandant pourquoi au lieu de la laisser fureter dans les cocotiers on la soulevait, la posait délicatement entre nous, un peu trop près de l’eau à son goût, et chacun appuyait (mais pas trop!) sur ses pattes. Et on recommençait. Elle a pourtant l’habitude de nos bizarreries mais là, elle a bu le calice jusqu’à la lie sans broncher. Vaguement inquiète. Enfin, LA photo a été prise, et voilà:
Les autres matins, n’ayant plus de carte de vœux à faire (ou alors, prendre de l’avance pour l’an prochain?) J’ai eu des illuminations… des idées…
Jeanne n’a pas voulu participer, je crois qu’elle craque… Le matin, près de la plage, tout le monde s’affaire. nous voyons passer des bébés barracudas, nageotant dans 30cm d’eau. Pas le temps de les photographier! Par contre, dans cette belle eau transparente, les étoiles de mer sont magnifiques. Ce sont de sales bêtes qui bouffent tout, mais qu’est-ce qu’elles sont belles. Et grosses!
Les raisinniers bord de mer sont surchargés de fruits verts, ce n’est pas la saison. Dommage, le rapport gustatif est assez lointain avec le raisin, mais pourtant rafraichissant comme petit fruit. Et il en pousse tout au long de la plage.
Demain, pour la promenade de Melle Jeanne, nous irons de l’autre côté de l’île qui se trouve là-bas,au fond et à droite, il parait que c’est superbe!
Si la petite “Ile des Photos” est déserte, cette plus grande ile que nous découvrons est habitée. Parfois. Et pas en ce moment. La cocoteraie est superbe, entretenue comme un golf de luxe! La hutte servirait surtout aux voiliers qui viennent se faire de petits barbecues parait-il. C’est le “makrelaj” du côté de la “Baie des Français”. Car, là, nous sommes dans la “Baie des Américains”. Et oui, la xénophobie de base sévit aussi sur la mer. Il n’y a pas de raison. Les imbéciles sont certainement la tribu la mieux répartie de par le monde, et le monde des voileux a son compte, lui aussi. Nous y participons, d’ailleurs… parce qu’on s’est ancrés dans la '”Baie des Français” en suivant les conseils de je ne sais plus qui! Il y a aussi la Baie des Hollandais, des Allemands… Je plaisante mais ça ne m’étonnerait pas. Donc, nous sommes là, présentement chez les Américains. Les mauvaises langues de chez nous susurrent qu’ils aménagent la plage, se servent de la hutte etc. Je n’en sais rien. Mais je vais pouvoir photographier l’intérieur d’une hutte Kuna, ce que je n’avais pas pu faire en rendant visite aux familles à Isla Verde.
Basse de plafond comme d’habitude, cette hutte: elles sont à la hauteur des habitants et on se met facilement la palme dans l’œil en s’approchant. Pour soutenir ce toit de palmes, quatre poteaux d’angle et deux poteaux intérieurs sont plantés. Les poutres horizontales sont fixées sur ces poteaux. Normalement, comme nous avons vu à Nargana, il y a des parois extérieures en bambou. Pas pour cette hutte. Une habitation de week-end? Pour hommes seuls?
Chez les Kunas, l’organisation familiale est matriarcale: les gendres viennent vivre chez les parents de la mariée et participer à la vie et au travail de la famille. D’où l’intérêt d’avoir des filles qui apportent de la main d’œuvre si on veut être à l’aise! Et si on n’a pas de fille, la tradition permet d’élever un des garçon comme une fille! histoire de ne pas se retrouver tout bête et seuls au moment de la retraite, et d’avoir au moins un enfant à la maison avec un conjoint… Pour se marier, c’est aussi simple que de pour divorcer: l’homme arrive avec ses affaires et s’installe chez “la future”. Et si nécessaire, repart avec son barda.
Autour de la hutte, la cocoteraie est nickel. Trop même? Le puits d’eau saumâtre est situé à quelques mètres, comme toujours. Nous visitons la petite entreprise pays.
Ah, oui, c’est bien un puits affleurant!
Nous surprenons un peu de laisser aller en nous éloignant de la plage: des palmes desséchées trainent de ci, de là… Mais pas de sous bois touffu comme on a pu le voir ailleurs. La grande chance des cultivateurs: une sorte de mousse à la consistance d’une génoise (quoique je n’ai jamais marché sur une génoise mais c’est comme ça que je le sens) tapisse le sol, bien souple aux pieds, gardant l’humidité et qui ne pousse pas! De loin, tout ça a une allure de joli gazon…Ou alors, plus loin, le sol est constitué de sable durci, et rien n’y pousse.
De l’autre côté de l’ile, vers le large et les récifs, nous constatons le même danger que dans les autres iles: la montée des eaux. La mer grignote lentement mais surement les iles des San Blas, comme d’autres ailleurs. Combien d’années résisteront-elles encore?
Cocotier tombé à l’eau: le plumet là-bas, au fond…
Question faune, c’est assez réduit. Pas de croco (c’est bien), pas de Tigron, quelques lézards et …de beaux merles chanteurs!
Enfin, merle… je ne suis pas spécialiste du merle, mais on dirait bien?
Et voilà…!
Ah, non, ce n’est pas fini! J’allais oublier la “Panne du Jour” qui va être la panne d’un bon moment parce qu’avant de pouvoir réparer ça, on n’est pas rendus….
Ce petit truc tout rond, c’est le moteur du guindeau électrique. Le truc qui permet à l’ancre de remonter sans efforts. On appuie sur le bouton “down” pour la descendre et “up” pour la remonter, la manette est à côté de la roue. Un jeu d’enfants. Le moteur a brûlé. Et c’est la tuile parce qu’un moteur de guindeau, ça ne court pas les iles surtout aux San Blas. Ce qui veut dire que Luké va devoir remonter l’ancre à la main. On va s’organiser pour le faire à deux, moi aux moteurs, avançant peu à peu vers l’ancre, et Luké sortant mètre par mètre les 70m de chaine et l’ancre au bout, en général bien plantée, c’est ce qu’on lui demande. Environ 400kg pour le tout. Si après ça, je n’ai pas un nouveau Schwarzenegger à bord!
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