dimanche 2 janvier 2011

LES DENTS DE LA MER, dimanche 2 janvier 2011.

“Carpe diem “…  Cueille le jour…  ( Horace)

Départ en douceur de l’Archipel de Rosario, vers 10h du matin, après une bonne journée de “récupération post-réveillon de la St Sylvestre”… Le calcul est de naviguer plan-plan pendant un jour et une nuit, pour arriver au petit matin, enfin, à Titumate! Nous avons reçu un mail de Rafaël, juste avant de quitter Cartagena: toute la famille nous attend! Nous pressentons un séjour passionnant dans ce bout du monde adossé à la forêt tropicale humide du Darien, face aux vagues du golfe de Uraba. Le tout dans la province de Chocoa, près de la frontière du Panama. Un peu de géographie ne fait jamais de mal! Ce golfe est le point d’union entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud, et les Indiens l’appellent le “Nombril du Monde”. Se rendre au Nombril du monde, ça impressionne. Pourquoi se rendre à Titumate, que les Colombiens auxquels nous avons expliqué notre prochaine étape ne connaissent absolument pas? D’abord, il faut être volontaire pour connaitre et y aller: la route s’arrête plusieurs kilomètres avant le village, stoppée net par un grand Rio dont l’embouchure est aussi large que la baie. Et il faut emprunter une barge pour rejoindre le village niché de l’autre côté, tout au fond. Lieu fort peu touristique: pas d’hôtel, pas de restaurant, pas de magasin de souvenirs! Donc, la question, pourquoi Titumate? Tout simplement à cause de la rencontre avec Guillermo Toro, à Palavas les Flots! Guillermo est Colombien et kinésithérapeute. Moi j’étais à Palavas et j’avais une épaule en compote… La Colombie faisait partie de nos projets. Guillermo nous expliqua que son ami Rafaël Otero avait créé la “Fundacion Ninos del Darien”, pour aider à l’éducation des enfants et des jeunes de ce village car rien n’était prévu, en dehors de l’école. Sur Palavas, Guillermo et sa femme organisent régulièrement des collectes et des ventes de vêtements dont les bénéfices sont pour la Fondation. La sensibilisation à l’écologie et aux énergies naturelles font aussi partie des projets, ce qui nous intéresse énormément! Nous ne pouvions donc pas aller en Colombie et ne pas rencontrer Rafaël, à Titumate! Qui est médecin pédiatre, mais aussi “Serpentologue” (herpétologue pour les puristes), spécialisé dans la recherche sur les venins de serpents… De quoi nous mettre l’eau à la bouche, si je puis dire…

Nous voilà donc en route pour Titumate, bien plus facile à atteindre en bateau! La navigation se déroule sous un beau soleil dominical, un vent un peu léger au début. Et une pêche surprenante! La ligne du superbe moulinet électrique de Luké défile à toute allure. C’est un gros, dit-il, en remontant la bête. Pas si gros que ça…  mais d’une puissance incroyable: un requin bleu. Furieux, on le comprend. Et qui n’a aucune envie de monter sur la Belle. Nous n’y tenons pas non plus, tuer un requin pour le plaisir ne fait pas partie de nos fantasmes. mais Luké tient à récupérer son beau Rapala. Et Petit Bleu n’arrive pas à le lâcher. Damned. Il nous regarde d’un œil mauvais, le rictus aux lèvres (et le Rapala donc). Jeanne, qui en général suit de loin ce genre d’opération, là, passe à l’attaque! Son instinct de grande chasseuse l’avertit qu’il s’agit d’un prédateur à dominer. Quoique… elle ne s’approche pas vraiment. L’animal, très agité, est hissé sur la jupe, Luké ne sait pas par quel bout l’attraper –pas par la gueule!- pour retirer le Rapala. De grands coups de queue, quelques tentatives de coups de dents: il s’estourbit un peu lui-même et entre deux sauts de carpe, Luké récupère son Rapala juste au moment où le fil d’acier casse. Petit Bleu essaye de se faire Luké d’un coup de crocs dans le vide, au moment où il le repousse à la mer… Une teigne, ce bestiau! Ceci dit, si on se retrouvait avec un hameçon de 20cm planté dans la mâchoire, je  pense que notre bonne humeur en prendrait un coup. On a fait des photos du petit….

DSCN3825Tout le monde sur le pont, c’est un gros!

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  Ils n’en croient pas leurs yeux…

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Un beau Petit Bleu d’environ 1m20, et costaud!

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Et très agité…

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A la peau dure, il n’est blessé que superficiellement.

Et il est reparti faire sa vie de requin…

Le vent s’est levé en cours d'après-midi. A forci. La Belle s’est envolée avec une moyenne de 8 nœuds, et des pointes à plus de 9! Enfin!!!! Luké a pris un ris (et pas un riz) histoire de ne pas semer Mojito qui est moins à l’aise par grand vent. Pour une fois qu’on a le vent qu’il nous faut! Ce qui est dommage c’est que, quand l’un a le “bon vent” pour avancer vite et confortablement, l’autre non…

Pas de poisson, nous finissons le délicieux Curry de poulet concocté la veille, et en avant pour une nuit de surveillance. Jeanne et son Capitaine commencent pendant un petit moment…

DSCF5675Attachée, elle râle un peu mais à la barre, c’est bien!

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Et elle surveille, elle aussi.

Pendant que je regarde six nouveaux épisodes de “Prison Break” (c’est ma série pour les traversées!), le Capitaine dort, en gros de 7h à 2h du matin. Avec des épisodes de réveil en sursaut comme par exemple quand le cata se met à tourner comme une toupie géante, sur lui-même! Grosse frayeur. Le safran s’est cassé? Le pilote automatique a rendu l’âme? Non, j’ai poussé mon ordinateur pour mieux voir l’écran –épisode crucial: Lincoln va-t-il passer sur la chaise électrique ou non?- et déconnecté l’autre ordinateur, qui se trouvait à côté, et qui est relié au GPS. Résultat: la Belle avait perdu sinon le Nord, tout au moins le satellite. Et nous la route. Un petit tour et on a repris le droit chemin. Jusqu’à Titumate qui est apparu au petit matin, dans la brume.

DSCF5679Soit, on ne voit encore rien, mais là-bas, au fond, c’est la forêt tropicale!

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