“La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile” (Brillat-Savarin)
Nous avons été reçus comme des rois. Non, mieux que des rois! Comme de la famille. Chaque jour, Rafaël nous a préparé une découverte, une randonnée, et appris tout sur la faune, la flore, les coutumes et traditions de la région et de ses habitants. Et chaque jour Cecilia nous a régalé de plats typiques préparés par Dalida pendant que nous nous promenions. Découvertes culturelles, découvertes de la nature, et découvertes culinaires! Quoique les découvertes culinaires regroupent la culture et la nature en général.
Précision: Dalida ne chante pas, non, non… elle cuisine!
Par quoi commencer? Le jour de notre arrivée… Confortablement installés sous le kiosque, face à la mer, entourés de hamacs nonchalants si un coup de pompe subit se fait sentir, la boisson, les boissons sont servies en premier. Jus de corossol, jus de carambole ou jus de papaye. Un délice bien sûr. Service à l’assiette par les garçons qui sont adorables. Francisco, dit Chiqui, a environ 13 ans et participe aux travaux “à poigne”: râper le fromage à la main, porter les assiettes pleines etc. Danilo, son petit frère, dans les 10 ans, apporte les jus, aide au service. Et le plus jeune, Chupa, d’une autre famille, se prélasse un peu partout… Chiqui et Danilo vivent la nuit avec leur mère au village, une toute petite maison très “brut de parpaings” et contenant le strict minimum. Et vivent la journée avec le “Docteur”, comme ils l’appellent, et sa famille. Ils mangent et participent à tout, et aident donc aussi.
Premier repas Colombien: poisson entier frits accompagnée de riz au coco râpé et de yucca bouilli, bien arrosé de mayonnaise (une entorse à la tradition, ça!). Le poisson frais pêché et le riz coco, un délice. Le yuca, une racine de consistance proche de la pomme de terre et de goût très fin. On aime!
Le lendemain, après la sortie en forêt, nous avions “gran gou” comme on dit en Créole. Une dalle d’enfer, quoi, en “bon” Français! Cecilia annonce un repas Colombien dans la tradition de la côte Caraïbe. On se pourlèche à l’avance. Service impeccable assuré par les garçons, jolie table et bonne compagnie, on se régale est-il besoin de le préciser?
“Lentejas con queso”, lentilles au fromage local, le Queso Blanco, tranche de lard frite, beignets, riz blanc. Le tout arrosé de jus de carambole et de vin rouge! Les assiettes offrant de généreuses portions, après il ne reste plus qu’une solution:
Le lendemain… Nouvelle découverte gustative! D’abord une soupe de haricot rouges, servie en même temps que l’assiette de “custillous” –tranches de porc- frits bien croquants, accompagnés de banane cuite et riz blanc, le tout arrosé d’une sauce tomate froide pimentée. Soit, ça tient au corps, mais …Miaaaaaaaaaaaaaaaammmmmm……….
Jour suivant! Après la visite au village Indien, il fallait se remettre des émotions… Un cocotier bien garni se tenait timidement devant le kiosque. Chino (surnom de Dario… qui n’a pas son surnom?) grimpe et en avant pour la préparation de Pinas Coladas fraiches!
Après la cueillette, premier acte: sortir la noix son enveloppe.
Deuxième acte: quelqu’un se '”dévoue” pour boire l’eau de coco…
Troisième acte: après un passage en cuisine où Camillo officie, voici le résultat!
Tout ça n’était qu’un petit apéro en attendant LE repas. Aujourd’hui, spécialité de Medellin: “Arroz con coco negro”, riz au coco râpé, noir. Assez sucré, et pourtant se mariant très bien avec le poisson entier frit. Des “Patacones”, galettes de bananes frites, et salade de chou et de carottes râpés. Joli et bon!
Chiqui continue son apprentissage…
Encore des spécialités? Ouiiiiiii !!!!!! Allez, voilà une jolie assiette particulièrement délicieuse. Je n’accepterais aucun des commentaires franchouillards habituels sur la boule qui n’est pas à sa place: la saucisse est d’une telle naïveté qu’elle en rougirait un peu plus.
Croquants à souhaits, savoureux les “Bunuelos”, beignets parfaitement ronds au fromage local, le fameux Queso Blanco. En ringuette, des morceaux de yuca bouillis. Au garde à vous, une belle saucisse fumée grillée. Et à droite, une tentation diabolique, tellement tentante et diabolique que j’en mangerais tous les jours: une “Natilla de Arequipe”. Un vrai danger public! Un flan triple crème (300% de matière grasse au moins) à base de confiture de lait, la fameuse Arequipe, douceur nationale présente à chaque dessert qui se respecte en Colombie. C’est affreux, j’adoooooooooooore…
Et au milieu, “el jugo de guanabana”, pardon, le jus de corossol!
Et puis, brusquement, Rafaël et Cecilia ont sorti l’arme fatale, après un de ces “petit” repas. Tout un assortiment de “vins” fabrication locale made in Titumate. Des fermentations de fruits diverses, et alcoolisées.
Vin de Coco, vin de Papaye, vin d’Orange et le redoutable arrache-gosier: le vin de Gingembre!
Il fallait réagir! L’honneur de la France était en jeu! Nous décidâmes une contre-attaque nucléaire: un repas Français à bord de Belle de Lune. Je me charge de la quiche Lorraine, Charly d’une Thonade à tartiner en apéro, et Luké des blancs de poulet à la moutarde (de Dijon bien sûr).
Jusque là, tout va bien…
Le mal de mer a frappé Cecilia et Dalida… Ce qui n’empêche pas d’admirer le superbe bouquet offert!
C’est ainsi que nous avons découvert la cuisine traditionnelle Colombienne, de la montagne, de Medellin et de la côte Caraïbes. Découverte du yuca, peu employé dans les Antilles, de l’emploi de la noix de coco dans les préparations salées, en particulier le riz. Etonnement de retrouver dans les “Patacones”, les galettes de bananes, l’un des accompagnements préférés des Haïtiens qui l’appellent “Bananes tapées”. Et confirmation de ce que nous savions déjà: omniprésence de plats à base de friture et de beignets. La cuisine Colombienne, comme la cuisine Vénézuélienne fait la part belle à tout ce qui est frit. Et aux haricots rouges! Une nourriture roborative, simple, savoureuse, et peu épicée.
Nous aurions pu aller encore plus loin dans nos découvertes. Oser plus. Vaillamment goûter des mets inusités sous nos latitudes Européennes. Mais voilà, le courage a manqué. J’ai bien tenté de motiver les troupes mais là… personne n’a répondu: dans le fond du jardin, Rafaël a sorti d’un grand tas de compost végétal un “repas” hyper protéiné qui se déguste cru ou grillé, le voilà:
Un “Mojojoy” de belle taille. Oui, une larve de gros insecte appréciée pour sa délicatesse. Mon Lapin Crétin en a les yeux qui lui sortent de la tête.
Non, non, mon sourire n’est pas crispé. Mais bon, je ne me suis pas attardée. C’est très doux et chaud au toucher, ce truc qui se tortille, mais alors ça pince dur!
Belle de Lune nous attend sagement devant la porte… L’ancrage est superbe mais sportif et l’arrivée souvent délicate. Entre les vagues traitresses et les vagues sournoises… Mais alors le départ, après les agapes, héroïque! Il faut se jeter dans l’annexe entre deux vagues, l’eau déjà aux genoux, et après… à Dieu va: si on est chanceux, il n’y aura qu’une ou deux douches, sinon, on se retrouve trempés à l’os…
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