“Avec du temps et de la patience, les feuilles du mûrier se transforment en robe de soie.” (Proverbe Chinois)
La traversée entre Nargana et le continent –traversée est un bien grand mot vu la distance- se fait un peu au moteur, puis à la rame et enfin à pieds! Le Rio dépose tellement de sédiments que les annexes ont le fond posé au sol… Alors, ces messieurs halent… En tant que préposée officielle pour les photos, je reste à bord pour mitrailler les héros.
Un petit coup de rame entre les arbres morts et les branches fourbes pointant un peu partout sur le chemin. Et la promenade commence….
Seul le cri de quelques oiseaux trouble le silence. Enfin, sauf nous avec notre moteur quand le pagayeur est fatigué! On sent une vie intense, là, juste derrière les palétuviers ou sur les branches des mangles (et des autres aussi!), ça frémit, ça chuchote, ça piou-pioute… Mais en toute discrétion. Pour en voir un, il faut un vrai coup de chance, ou alors tomber sur l’exhibitionniste du clan. Pour l’instant, je ne vois que du vert…
Et du beau! On s’enfonce doucement dans les méandres du fleuve. Quand, après un tournant, deux pirogues surgissent, enfin, apparaissent, remplies de bidons et tirées sur le bord. Ce seront les premières d’une bonne dizaine, que nous croiserons: des habitants de Nargana et de Corazon qui viennent chercher de l’eau douce et potable, les femmes laver les linge et les hommes s’occuper des petits jardins et cocoteraies dans les bois. Les Kunas ne se sont établis sur les iles que récemment, il y a un siècle environ. Ils vivaient à l’embouchure des fleuves ou plus haut dans la forêt. Ils ont du garder leurs habitudes des cultures sur le continent. Et puis surtout, sur les iles sèches, sans source, pour cultiver, à part les cocotiers, ce n’est pas l’idéal!
“Panama Lukes” –même si non coiffé d’un Panama- rame, rame… et décide d’une pause-rafraichissement! C’est qu’il fait chaud même sous les bambous.
Et un petit tour en forêt. En bord de forêt. Nous n’avons pas le matériel pour s’aventurer bien loin. La végétation équatorienne est touffue, dense et très habitée… Sans guide, déconseillé. On va se contenter de quelques pas sous les pa, les pa pa , les palétuviers roses…Euh, non, erreur: sous les bambous surtout!
Plus de chance au retour: un “plumeux” prend l’air,perché sur un bois mort… Et un deuxième. C’est l’heure de la sortie? A première vue, mais sans garantie de la société d’ornithologie, un genre de héron?
Sur le bord du fleuve, un petit cimetière apparait. Celui d’un village Espagnol? Les croix catholiques semblent l’indiquer. Les cimetières Kunas sont très particulier, les tombes sont creusées sous des huttes sans murs, ouvertes. Ici, cela a tout du petit cimetière privé.
Privé mais pas abandonné. Une chaise attend un visiteur, des fleurs artificielles se décolorent doucement, le tour des tombes est nettoyé des branches mortes. Il y a de la visite…
Autre genre de visite: si la pince est de cette taille, comment était le propriétaire?
Nous croisons de plus en plus de pirogues, chargées de femmes et enfants qui vont jusqu’à une plagette pour laver le linge. Et des pirogues chargées de bidons pour ramener de l’eau potable à Nargana ou aux iles environnantes. Luke propose à un “ulu” bien chargé d’enfants, de bidons et “pagayé” par deux jeunes mamans de les tracter avec un coup de moteur jusqu’à leur destination. Proposition acceptée avec enthousiasme, leur source est assez loin, et remonter le fleuve bien fatiguant. Chacun a son coin, plus ou moins, sa source, semble-t-il.
Pirogue, en langue Kuna: ULU
Retour vers la sortie. Magnifique balade dans la verdure et le calme de la forêt. La solitude, pas vraiment, c’est un peu les Champs Elysées du coin, le Rio Diablo et ses multiples source d’eau douce. On se croise, on se salue “Nuedi!…”Nuedi!”…
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